Ce que j'en pense, c'est qu'à partir d'un fait historique notable - une description réaliste du camp de Dachau parue en France dès mars 1934, il n'y a derrière aucune analyse historique solide, juste une rafale de clichés alignée, d'ailleurs, en tête d'article et non pas en conclusion d'une démarche d'étude des faits :
Citer :
En introduction à cet article, nous informions de l’existence d’autres textes qui auraient sensibilisé l’opinion publique mondiale si globalement, le grand patronat, les droites des divers pays et l’Eglise catholique n’avaient pas soutenu et protégé alors le fascisme comme allié face au syndicalisme et aux partis de gauche.
Ce genre d'affirmations lapidaires, de généralisations et d'approximations demande pour le moins à être étayé, précisé, approfondi. Ce n'est pas une contre-vérité. Un peu partout, en 1934, les courants politiques de droite redoutent avant tout le "bolchevisme" jusqu'à vouer davantage de sympathie aux régimes totalitaires de droite. Encore faudrait-il être plus précis.
D'un côté, l'article dont vous donnez le lien affirme, donc, que l'Eglise catholique soutient et protège "le fascisme" (sous-entendu ici le nazisme), de l'autre, en intro à l'article de mars 34, on nous révèle qu'il est paru dans une revue catholique. Ne pas commenter ce fait n'indique pas une démarche très rigoureuse (litote).
Quel a été l'écho de ce genre d'article ? Comment a évolué (ou pas) l'opinion publique française face au nazisme à ses débuts en présence, d'une part, d'informations de ce genre, de l'autre, de la Nuit des longs couteaux qui arrive trois mois plus tard et dont la presse européenne (et française en particulier) donnera des descriptions particulièrement choquées ? D'autant plus que parmi les victimes, figurera Klausener, le président de l'Action catholique, figure de proue de l'opposition catholique allemande au nouveau régime. C'est à mon avis la question que posent ces articles. (Mais il faudrait peut-être déplacer ce fil dans Entre deux guerres).
Par ailleurs, par parenthèse, Dachau était bien un camp de concentration et non d'extermination. Les prisonniers juifs ont été minoritaires, c'était plus un camp destiné aux opposants, comme Buchenwald, et bien que les conditions d'internement y aient été épouvantables, il ne s'agissait pas d'un point de vue organisationnel d'une usine-à-tuer comme Birkenau.