Il y a une confusion sur le sens réel du nom de certains peuples, et cela depuis l’antiquité.
Prenons le cas des ibères :
Aucun peuple ne s’est nommé lui-même ibère. Ibères occidentaux ou ibères orientaux, ce type d’appelation fait partie de la nomenclature des anciens grecs. Ils portent la responsabilité de ce genre de nominatif que n’ont jamais confirmé de source sûre les autochtones.Dans le sottisier moderne, on nous dit que les ibères remontent pour le moins au néolithique...et on leur impute la culture « impresso-cardiale ».
Ce mot a toutes les chances de provenir d’une désignation commode pour les marchands grecs et d’avoir désigné différentes populations. Il pourrait dériver d’ « hyper » et signifier «la région de l’extrémité »...comme d’ailleurs
l’Ibérie caucasienne qui situait pour les anciens grecs la limite de l’Europe. De même, une forte confusion a régné dès l’antiquité sur le sens exact du nom celte.A la différence que ce mot désigne un peuple précis quand il apparaît chez un auteur grec, et que Jules César nous confirme qu’une population se nomme ainsi elle même.
Alors pour revenir a ma question initiale dans ce fil : Qui furent les laténiens ?
Les celtes se confondent-ils avec la culture laténienne ? A l’évidence non, si l’on tiens compte des celtibères et des celtes de la gaule cisalpine.
Mais la confusion s’est encore aggravée durant ces dernières années avec une nouvelle argumentation voulant voir une division artificielle entre celtes et germains.Les arguments sont du style : « la division fut créé par les romains à des fins politique...la création de cette division psychologique leur a permis de régner les uns sur les autres... » .Bref de la prose dénuée de fondements concrets.
J’en viens a la source majeure de ces spéculations :
« Par Toutatis ! Que reste-t-il de la Gaule ? » de Christian Goudineau ( Editions du Seuil, 03-2002 ).
P.89, l’auteur livre ses arguments pour renier la description de Jules César. Pour lui, il y a contradiction avec les informations émanant des grecs. Pour moi, ce ne sont pas de bons arguments : Il y avait déja une confusion entre les galates et les celtes ( Beaucoup croient qu’il s’agit du même mot ). Les connaissances géographiques des grecs étaient très limitées concernant l’Europe centrale. Les celtes sont signalés au départ aux abords de la source du Danube et non pas jusqu’en Hongrie ! Son allusion aux écrits de Denys d’Halicarnasse n’est pas plus probante : Cet écrivain, comme la plupart des grecs, n’ont connu les gaulois qu’a partir du sud et de la région de Massalia. Donc nous sommes bien en concordance avec les celtes de Jules César.
Le reste de l’argumentation est à l’avenant. Il souligne les confusions...mais prétend les balayer avec des affirmations qu’il ne démontre pas :
-« César a créé un ensemble...qui n’existait à nul point de vue, ni géographique, ni politique, ni ethnographique ».
Ou encore :
-« Dans l’antiquité...on disait non pas la gaule mais les gaules ».
Il me semble pourtant que Jules César lui-même nous désigne au départ 3 gaules différentes, dont l’une est la celtique ; et que la « gaule » est pour Jules César une manière de désigner une région géographique pour laquelle il n’existe pas encore d’autre nom chez les romains.
P.91, il ajoute encore que les rois de France avaient fait de l’oeuvre de César leur livre de chevet : Pourtant la France n’avait nul besoin de légitimer ainsi des revendications depuis l’époque des francs. Et ainsi, Christian Goudineau réécrit l’histoire en spéculant sur la cause supposée des origines de l’antagonisme franco-allemand.
Mais cependant, il existe encore une vérité qui se refuse à disparaître : Le témoignage de la toponymie française : Les anciennes divisions territoriales ( et surtout linguistiques ) sur les rives de la Garonne et celles de la Seine et de la Marne se vérifient encore ( Je ne l’ai pas terminé et ne dispose pas de la toponymie nécessaire pour le cours du Rhin ) : Je n’en montre qu’un aperçu ( Nombre de toponymes aux 1000 km2 ).. Les bonnes volontés sont requises, car le travail est immense. L’évolution de la toponymie n’a donc pas complètement effacé les traces du passé et
celui-ci est conforme aux divisions ethnographiques de Jules César..
De gauche à droite : suffixes en -ral,rel,ril,ro(l);suffixes en -ga(s),guès,go(s);toponymes en -court.
Ces trois territoires sont loin d’épuiser le contenu de la toponymie française. Mon inventaire est approximatif et améliorable : Néanmoins il semble suffisament cohérent pour révéler des territoires complémentaires qui ne peuvent être expliqués par la seule évolution de la langue française. Et de plus,
la probité de Jules César concernant sa description géographique de la Gaule ne semble plus pouvoir être mise en cause.Pour conclure, il me semblerait que les celtes ( Je ne parle pas ici de langues « celtiques », cette famille de langues me paraîssant mal nommée )
auraient donc été les habitants d’une grande partie de la future France...dont les prémices territoriaux se dessineraient dès le néolithique chasséen. Leur culture fut partiellement influencé par le laténien comme par bien d’autres cultures auparavant. En ce cas, ni les champs d’urnes, ni les hallstattiens, ni les laténiens ne seraient particulièrement représentatifs des celtes.
Les galates ( ou galli ), quant à eux
désigneraient leurs voisins d’Europe-centrale, de Belgique et d’une partie de la Grande-Bretagne. Il reste, concernant le laténien, à tenir compte d’une double origine culturelle : origine hallstatienne à l’ouest et culture d’origine steppique à l’est : Les conquérants de la grande plaine hongroise et de la transylvanie apportèrent avec eux les vêtements, armes et style animalier des steppes ou des éléments d’origine caucasienne.
Ainsi, le point de vue de Diodore de Sicile est peut-être justifié : « les peuples qui vivent dans l’arrière pays de Massalia, sur les pentes des alpes et de ce côté-ci des Pyrénées sont appelé keltoi, tandis que ceux qui sont établis au delà de ce pays des celtes dans les parties qui s’étendent au nord....et tous les peuples qui viennent ensuite, jusqu’au pays des scythes sont dits Galatai ;
les romains cependant, regroupent toutes ces nations sous un seul nom, les appelant tous galatai ». Ce qui ne contredit nullement le point de vue de Jules César : Celtes et galates ont pû être mêlés entre eux sur des portions de territoire