R.d. a écrit :
Je vous laisse à vos moules normatifs, et autres petites choses qui "sonnent à vos oreilles".
Dites-vous juste que dire ceci :
R.d. a écrit :
L'enseignant dispose d'une autorité morale qui va bien au-delà de ses compétences et de ses connaissances, de laquelle il toise le Français moyen.
peut être pris pour une insulte ou juste une marque de mépris pour les enseignants. Je ne suis pas enseignant, mais je me mets à leur place : vous venez me dire que je suis méprisant avec le Français moyen, que je le toise. Et je suis obligé de bien le prendre, puisque toute réaction contraire est juste un "moule normatif".
Surtout que franchement, je doute que les enseignants aient aujourd'hui l'impression d'avoir une autorité morale. Ils aimeraient probablement bien ; peut-être qu'ils pensent même avoir les compétences requises pour disposer de cette autorité morale. Mais ils ne doivent pas beaucoup se faire d'illusions, la société leur renvoie tous les jours la mauvaise image qu'elle a de ces fainénants, va t'en grève, surpayés, inamovibles et à cheval sur leurs privilèges. Alors l'autorité morale des enseignants, en France en 2009, vraiment...
Pour revenir au sujet, je trouve l'idée d'une évaluation des enseignants pas bête. Du moins la question mérite d'être posée.
Le principal argument des anti est celui-ci : les élèves vont bien noter les profs peu exigeants, qui sont sympas et donnent de bonnes notes, et mal noter ceux qui font beaucoup travailler et qui notent durement.
Ce serait sûrement vrai si les étudiants donnent une note sur 20 à leur prof, sans appréciation. Mais, qu'il me rectifie si j'ai faux, ce n'est pas le système que semble préconiser Tonnerre. Apparemment, les étudiants doivent écrire ce qu'ils pensent de tel ou tel aspect du cours, ils doivent formuler clairement des critiques. Si je n’aime pas un prof qui m’a mis une mauvaise note, je peux lui donner 0/20, mais si je dois formuler une évaluation, je ne vais pas écrire ça; alors, je peux inventer des conneries, mais globalement je vais essayer de trouver la chose qui me déplait vraiment chez cet enseignant. Et même dans la critique d’un malveillant, il peut y avoir quelque chose d’à peu près juste.
Enfin, j’ai l’impression que c’est sous-estimer la pertinence du jugement des étudiants et leur intelligence. Je crois que même à 18 ans, j’arrivais à estimer un enseignant pour la qualité de ses cours. Un prof qui copine avec ses élèves, qui est trop sympa et qui donne des bonnes notes, c’est un faible, et il est rarement bien vu par les étudiants, qui vont en revanche être transis d’admiration pour un prof inaccessible, exigeant, mais génial. Ceci dit, je n’ai jamais eu à donner de cours à des étudiants de première année, et mon souvenir personnel, outre qu’il n’est pas représentatif, est peut-être déformé. Alors, vous avez peut-être raison de dire que les étudiants ne pensent qu’à avoir de bonnes notes, je n’en sais rien.
En revanche, je ne cautionne pas l’argument des pro-évalutation, selon lequel les anti ne sont que des conservateurs engoncés dans leur privilège et hostiles à tout changement. Je ne pense pas que tous ceux qui se sont prononcés contre les évaluations soient des enseignants-chercheurs : on peut soutenir cette opinion de bonne foi. Il est trop facile de pointer le conservatisme, surtout que le changement n’est pas bon en soi : il n’est bon que s’il apporte un progrès ; la question est de savoir si l’évaluation des profs par les étudiants est ou non un progrès.