Cuchlainn a écrit :
Ce n'est pas exactement comme cela que le problème se pose. Dans quel but une entreprise va-t-elle faire effectuer des recherches sur sa propre histoire ?
Le plus simple serait de demander à un historien d'entreprise... :-)
Citer :
Le mécénat véritable se raréfiant, ce sera avec l'espoir d'un retour sur investissement, donc, d'une belle valorisation de la "culture d'entreprise". Par conséquent, le deal sera très simple : si l'historien n'écrit pas des choses qui conviennent à ladite culture d'entreprise, il ne sera pas payé. Que voulez-vous alors qu'il fasse ? Ou bien il refuse, ou bien il rédige ce qu'on lui a commandé, un document de communication.
Voila un bel enchaînement logique, que je ne réfuterai pas point par point : je ne suis pas historien d'entreprise. Mais tout ça me paraît bien binaire.
S'il s'agit simplement de faire de la Comm' il est inutile de faire appel à un historien : un journaliste d'entreprise suffira. (L'éthique des journalistes d'entreprise m'inquiète davantage que celle des historiens intervenant de l'extérieur.)
Je pense qu'on ne peut pas construire une véritable culture d'entreprise sur le mensonge. N'allez pas imaginer les salariés plus stupides qu'ils ne sont.
Qui vous dit que l'entreprise attend toujours un R.O.I. ? (Et d'ailleurs, comment le mesurer ?) L'entreprise peut s'intéresser à son passé pour des raisons culturelles et patrimoniales, par exemple... Ou même institutionnelles, comme dans le cas de Peugeot à Sochaux ou de Michelin à Clermont-Ferrand : rappeler quelle place on occupe, de fait, dans l'histoire (et donc dans l'avenir) d'une région.
Je vous laisse
un lien vers le site du laboratoire RECITS (REcherche sur les Choix Industriels Technologiques et Scientifiques) de l'UTBM (Université Technique de Belfort-Montbéliard.) dont les problématiques de recherches vont de la 2ème GM à la guerre économique actuelle (c'est de la géopolitique, en fait) et méritent un coup d'oeil. Je trouve l'ensemble très cohérent.
Avec des angles d'attaque intéressants, comme en 2005 cette idée d'avoir axé toute une thématique (historique et géopolitique) autour de la notion de "secret", en collaboration avec d'autres laboratoires. (Celui d'économie, entre autres.) En gros, on commence par Enigma, et on termine par un forum national sur l'intelligence économique, avec participation de... heu... Paul Marion ou zilberzahn, chéplu. En tous cas un ancien patron de la DGSE.
J'ai eu l'occasion d'y rencontrer
Robert Belot, dont la qualité d'historien ne peut être suspectée, qui a beaucoup travaillé sur la Résistance, (
La Résistance sans de Gaulle: politique et gaullisme de guerre) mais ne trouve pas choquant d'effectuer aussi des travaux de recherche sur l'histoire des entreprises. Il a ainsi publié en coopération une
histoire d'AlSTOM(Belfort) et une
histoire de Peugeot à Sochaux-Montbéliard.
Je ne pense pas que ce soient des ouvrages de commande, mais je sais que ce laboratoire travaille parfois sur contrat avec des entreprises, sans se sentir prisonnier du raisonnement binaire que vous proposez.