ponceludone a écrit :
Faget a écrit :
... j'en suis arrivé à considérer Jean Monnet comme un agent américain. Certes pas un vulgaire agent rétribué, mais un agent d'influence, le missi dominici en quelque sorte, de la stratégie du Département d'Etat.
Un agent américain, c'est très réducteur; pendant la SGM c'est la France et la victoire sur le nazisme qui sont les uniques préoccupations de Monnet. A Alger, il avait carte blanche pour calmer le jeu stupide entre Giraud et De Gaulle. Une fois ce travail réalisé, Monnet a influencé Eisenhower pour que celui-ci suggère à Roosevelt de reconnaitre De Gaulle et le CFLN (Hervé Alphand, L'Étonnement d'être, journal 1939-1973; cité par Fransen).
Selon Lacouture, Jean Monnet a oeuvré dans l'entourage de Giraud pour rapprocher ses positions de celles de De Gaulle. (Un républicain comme Monnet s'accommodait mal de la vision quasi-vichyste de Giraud.)
Ce n'était donc pas "l'agent de Roosevelt" vu par De Gaulle. (Avec sa bonhommie habituelle...)
Il est vrai qu'il aurait aimé, en juin 40, "l'attacher à son char", mais sa démarche a paru trop personnelle à Monnet. Après cela, qu'il travaille au succès du Victory Program dans l'entourage de Roosevelt suffisait à le classer dans l'esprit du général.
Dans la formule "missi dominici" du Département d'Etat, il faut tenir compte du fait que Summer Wells, au cours de la guerre, a considérablement évolué dans sa vision de De Gaulle, et n'était pas totalement en phase avec Roosevelt, qui a d'ailleurs fini en 44 par être pratiquement seul de son avis. (Summer Wells revenait de loin : en 1940, lorsque la France Libre a pris le contrôle - validé massivement par référendum - de Saint Pierre et Miquelon, il s'était étranglé contre cette décision "unilatérale" au point de vilipender les "so-called Free French", ce qui avait provoqué l'ironie de certains journaux américains lui demandant s'il n'avait pas de sujet plus important à traiter, et évoquant le "so-called Département d'Etat.")