Le sujet sur la mort de Mahomet a dévié sur le pélerinage.
Je pense qu'il peut se poursuivre ici. La question de Kamzz mérite un plus long développement.
ABD77 a écrit :
Les ulémas sont unanimes à considérer la visite de la tombe du Prophète comme une œuvre pieuse, mais ça n'a rien à voir avec le pèlerinage. Le pèlerinage ne passe jamais par Médine... les pelerins y vont généralement après le pèlerinage pour visiter la Mosquée et la tombe du Prophète, mais ça ne fait pas du tout partie du pèlerinage:
http://www.doctrine-malikite.fr/Le-pele ... h_a42.html
Kamzz a écrit :
A ce propos, c'est quoi l'itinéraire très précis du pèlerinage?
Il commence ou?
Le pèlerinage version maintenant, avec taxi jusqu'à l'aéroport, puis l'avion jusqu'en Arabie, puis un car avec air conditionné jusqu'à l'hôtel avec air conditionné, puis ensuite le lendemain (puisque le voyage a été rude) un autre car pour la destination finale et enfin les derniers centaines de mètre à pied... a t'il le même sens que le pèlerinage d'antan ou tout ou presque se faisait à pied avec le contact avec tout un tas de gens y compris des non musulmans.
Massinissa a écrit :
Le sens du Pélerinage reste le même quelque soit les époques, les conditions sur place aussi. Pour le trajet vous avez raison mais cela ne veut pas dire que le pèlerinage n'est pas difficile notamment durant la période où le pèlerin dort très peu.
Kamzz a écrit :
L'important dans le pèlerinage n'est ce pas le trajet, donc la rencontre des autres, plus le lieu de vénération en lui-même, et ce quelque soit ce lieu? Le facteur temps y a aussi un rôle, d'antan le pèlerinage durait des mois de nos jours quelques jours.
Durand78 a écrit :
"Le sens du Pélerinage reste le même quelque soit les époques
Faut-il comprendre cette phrase de cette façon ?
"Le sens du Pélérinage est donné par le Saint Coran. Le Saint Coran est toujours le même quelque soit les époques et il donne la parole de Dieu qui ne varie pas. Alors le sens du Pélérinage reste le même quelque soit les époques"
Je suis d'accord avec ce qui a été dit sur le plan juridique : le pélerinage qui respecte toutes les prescriptions est valide, peu importe que le pélerin ait fait le voyage à pied ou en avion.
En revanche, l'importance sociale du pélerinage a été profondément modifiée par la modernité. L'explorateur Richard Burton nous avait décrit son pélerinage à la Mecque au XIXe siècle. Le voyage est périlleux, malgré un service de bateaux réguliers sur la Mer Rouge.
En effet, il faut se battre sur le bateau pour s'y faire une place.
À l'arrivée en Arabie, les pélerins sont assaillis et rançonnés par des pillards, au sujet desquels Burton se demande s'ils ne sont pas Wahhabites. Au cours de son pélerinage, l'Anglais croise des voyageurs misérables qui sont partis sans disposer des ressources pour le chemin du retour, et doivent mendier ou travailler à chaque étape. Certains même commencent avant même d'arriver à la Mecque, ce qui lui permet d'embaucher un serviteur à bon compte.
Jusqu'au XIXe siècle, le pélerinage constituait donc l'aventure d'une vie, et ceux qui en revenaient accolaient à leur nom le titre de Hadjj et gagnaient une très forte considération sociale. Mais le voyage était périlleux et on n'en revenait pas toujours. À tel point que certains Sultans ou Califes n'hésitaient pas à se débarrasser de leurs adversaires politiques en les obligeant à partir en pélerinage, punition d'autant plus efficace que la victime ne pouvait pas décemment se plaindre ou refuser.
Lorsque l'Arabie s'est modernisée et "saoudisée"
, l'avion et l'aménagement des lieux saints ont radicalement transformé l'institution qui est devenu un phénomène de masse. Une grande proportion des Musulmans du monde l'a fait et le fera au moins une fois dans sa vie, le plus souvent dans ses vieux jours. En permettant aux Wahhabites de tenter d'"évangéliser"
les pélerins et en donnant corps au concept de communauté des croyants, qui n'était jusque là que théorique, ce changement radical contribue à l'émergence du fondamentalisme,