Vestitudo a écrit :
Si l'on ne veut pas tomber dans la caricature il faut admettre que le christianisme est à la fois cause et conséquence des changements de son temps. Il ne sort pas de nulle part ! Les valeurs que l'on prête au christianisme au IVe sont déjà passées au prisme de l'hellénisme. Le christianisme aussi se nourrit, par exemple, du stoïcisme ; et ce courant de pensée-ci, qui a connu un développement à une époque plus haute, exigeait lui aussi que l'on traite mieux ses esclaves, et que plus globalement on se prête individuellement à une rigueur morale stricte.
La différence qu'induit le christianisme, mais c'est une construction progressive, c'est peut-être plutôt son caractère globalisant : ce qui était avant une morale que chacun estimait ou non devoir respecter devient une condition nécessaire au salut collectif. Il faudrait arrêter de voir les premiers chrétiens comme un Woodstock avant l'heure ; s'ils blâmaient les jeux, par exemple, c'était au nom d'une dignité : ils reprochaient tout autant au théâtre de distraire les esprits. La violence, ce n'était pas le problème. Pour la suite des évènements je donnerais raison à Polycarpe de M.
Paul Veyne a pas mal écrit à ce sujet. En athée indécrottable il y met parfois de la bonne, parfois de la très mauvaise foi - mais c'est toujours instructif.
C'est tout à fait exact ; le christianisme n'est pas en soit une rupture fondamentale amis s'inscrit dans une évolution de longue allène. Prenez l'exemple des moeurs ; on assiste dès avant Marc Aurèle à un raidissement des pratiques au sein du couple et dans la société. La nudité est de plus en plus dissimulée et on tombe dans des valeurs assez rigoristes sur certains points. Le christianisme n'a fait que reprendre ces thématiques ; il ne faut pas oublier qu'il se construit dans l'Empire romain, sous la pression d'une société dominante qui a forcément une influence sur ses propres valeurs.