Ce pays est un cas unique dans l'histoire : il a été créé par la volonté d'un seul homme, Ibn Séoud, qui a bénéficié de deux miracles consécutifs : la découverte de pétrole et d'eau fossile dans le sous-sol de son désert.
Les Bédouins qui peuplaient le désert ont été sédentarisés et contraints de travailler dans une agriculture créée de toute pièce. Natalité aidant, les Saoudiens constituent un peuple neuf, sans lien avec leur ancienne culture.
L'alliance avec les États-Unis existe depuis sa fondation : Ibn Saoud a eu l'intelligence d'accepter l'appui des Américains pour contrer l'influence britannique dans la région. Les Britanniques, eux, soutenaient plutôt la dynastie Hachémite, qu'ils ont puissamment aidé à combattre les Turcs, par l'intermédiaire de Laurence d'Arabie. À la suite de leur éviction, les Britanniques contribueront à réinstaller cette famille en Jordanie et en Irak. Après 1945, il s'agit avant tout de contrer l'influence soviétique dans le monde arabe, tout en assurant aux États-Unis un flux continue de pétrole nécessaire à leur consommation gargantuesque. Les chocs pétroliers n'ont absolument pas modifié la donne.
Comme l'a dit Artigas, c'est le pays du wahhabisme. Mais ce n'est pas "un problème qui demeure". C'est l'essence du royaume qui se veut le dépositaire du véritable islam des origines - en fait, le wahhabisme n'existe que depuis le XVIIe siècle - et qui utilise ses ressources considérables pour le répandre via la télévision, la radio, et maintenant internet.
Il ambitionne de réunifier l'islam, et l'a déjà modifié en profondeur en démocratisant le pélerinage. Jadis privilège d'une élite, il est désormais à la portée de tous les Musulmans, dont un tiers au moins l'a déjà fait.
80 % des jeunes font des études religieuses, qui portent surtout sur le droit musulman, puisque l'islam est à la fois religion et loi. Ils apprennent non à adapter la religion à la modernité, mais bien la modernité à la religion, en développant notamment la finance islamique.
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Pays moderne et développé grâce à l'or noir mais ou une minorité seulement de la population profite des rentes de ce dernier. Une partie non négligeable du pays est pauvre.
Pas tout-à-fait. La monarchie a réussi à tirer une grande part de la population de la pauvreté. De nombreuses sinécures existent dans l'administration et l'armée. Comme aucune entreprise étrangère n'est autorisée, beaucoup de Saoudiens s'assurent des revenus en servant de prête-nom.
La majeure partie des travaux pénibles sont assurés par des émigrés asiatiques travaillant souvent dans des conditions proches de l'esclavage, aboli en 1962.