Chebja a écrit :
Non, c'est intéressant de préciser qu'il est aussi difficile de se marier entre les différentes communautés alors qu'il s'agit, au fond, du même Livre
Pour bien comprendre la situation, je pense qu'il faut bien réaliser que nous n'avons pas affaire à des religions dans le sens moderne du terme. L'islam ressemble davantage à un système juridique et social. Indépendamment de toute considération sur les croyances personnelles, un musulman est d'abord quelqu'un qui obéit à la loi de l'islam, et en cas de litige à recours à des juges de droit musulman. Cette définition est effective durant toute l'histoire des empires musulmans, et à mon avis, elle n'est remise en question qu'avec... l'immigration massive vers l'Europe au début des années 70 !
Dans le monde islamique, il y a personnalisation des lois. C'est-à-dire que les Musulmans peuvent cohabiter avec d'autres gens du Livres - Juifs, Chrétiens, mais aussi Sabéens, Mazdéens... La notion de gens du Livre est proprement coranique - elle n'a pas de sens, contrairement à ce que l'on entend souvent, pour les Chrétiens et les Juifs. Pour les affaires internes, chaque communauté utilise son propre droit. Tous les rapports entre communautés sont gérées par le droit musulman, les membres des autres communautés (dhimmi) devant toujours être en situation d'infériorité par rapport aux musulmans.
Dans le cas d'un couple, la question est de savoir quel sera le statut juridique de ce couple et des enfants, donc potentiellement de la tribu descendra. Comme d'après le Coran,
les hommes ont autorité sur les femmes, c'est le statut du mari qui est déterminant. Il est donc impossible qu'une musulmane épouse un non-musulman, car cela voudrait dire que la communauté musulmane perd un de ses membres. À l'opposé, quand le mari est musulman, la religion de la femme importe peu, et les enfants qui en descendront seront musulmans de droit.
Citer :
La femme non-musulmane doit elle se convertir à l'Islam? ou juste, ses enfants seront musulmans?
Il n'y a pas à ma connaissance d'obligation pour la femme de se convertir à l'islam. Toutefois, on peut imaginer que pratiquer son culte pouvait être extrêmement difficile : pour une chrétienne, il ne devait pas être évident d'aller à l'église, et d'avoir des contacts avec un prêtre. Le mari était également libre de faire toute sorte de pression physique ou psychologique pour obtenir la conversion.
Dans le cadre de la piraterie barbaresque, on a les témoignages de femmes forcées à se convertir, souvent au moment d'épouser leur maître, qui les tient déjà en esclavage. Il s'agit probablement de couper définitivement ces femmes de leur communauté d'origine : un converti n'est en effet plus rachetable par les puissances occidentales, qui d'ailleurs ne cherchent pas à le récupérer.
Pour finir, il faut signaler que le mariage mixte n'est pas le seul type d'union. Il ne faut pas oublier qu'un musulman peut avoir un nombre infini d'esclaves concubines, et que c'est pour alimenter le marché des harems que les marchands d'esclaves cherchaient des femmes, chrétiennes notamment. Cela a eu une grande importance en particulier dans l'empire Ottoman, car, à l'exception de ses quatre épouses et de la reine-mère, toutes les femmes du harem du sultan étaient des esclaves, en général non musulmanes.