nico86 a écrit :
13 jeunes Français qui n'étaient pas Allemands ou de jeunes Allemands qui n'étaient pas Français ( Tout dépend de quel point de vue on se place ) ont du répondre d'actes qui les avaient dépassé et dont ils ne sentaient pas franchement concernés alors que les principaux responsables n'étaient pas présents ( Dickman mort en Normandie, Khan a tranquillement disparu en Suède et pareil pour Lammerding qui a opté pour Dusseldorf )
nico86 a écrit :
Les déclarations des accusés sur les tirs volontairement ratés permettez moi d’être assez sceptique. Je ne dis pas qu’ils ont tiré de gaieté de guerre mais quand on a 16 – 17 ans qu’on a des consignes, qu’on vient de Tulle, qu’on a vue le front Russe, on ne fait pas de géopolitique sur les relations entre la France et l’Alsace et la Lorraine devant des hommes parqués dans une grange.
Premièrement, il y avait très peu des waffen-SS de la 3ème compagnie qui avaient été sur le front de l'Est. La division
Das Reich, dont le régiment
Der Führer était l'une des composante avait été étrillé sur le front de l'Est. Tous les Malgré-Nous qui en faisaient parti étaient des jeunes gens qui venaient d'être incorporé et qui avaient rejoints le régiment depuis sa mise au repos dans le sud de la France.
Le parcours personnel d'une partie des accusés de Bordeaux d"montre aussi qu'ils étaient plutôt des francophiles reconnus, c'est ce qui explique que certains d'entre eux n'ont pas pu tenter grand chose pour échapper à l'enrôlement dans les
waffen-SS.
Prenons par exemple l'un d'entre eux : Albert Daul. Son père a déserté en 1914 de l'armée allemande, son oncle est enfermé à Schirmeck et ira à Dachau. Son frère est incorporé de force (Albert a eu peur que s'il déserte, son frère ne soit puni). Il échouera dans une tentative de désertion. Un autre: Graff Paul, pendant qu'il est dans le sud en tant qu'incorporé de force dasn les waffen-SS, il réussit à contacter la résistance et lui apporte son aide. Un autre: Paul Grienenberger a aidé son père à passer des prisonniers de guerre français évadés des camps de prisonniers en Allemagne. Le père de Weber Henri est interné à Schirmeck. L'oncle et la tante de Prestel Louis sont déportés en Silésie parce que son cousin a déserté. La mère d'Ochs Albert cache 2 réfractaires dans sa maison. Elsaesser Jean-Pierre a détruit des vitrines de magasins pro-nazis.
Sur les 13, 7 désertent. Sur les 7 déserteurs, l'un rejoint les FFL et reprend tout de suite les combats pour la Libération, et 3 rejoignent l'armée française. En fait, la différence entre ces 4 personnes tient à la date où ils réussissent leurs désertion. Busch Joseph a la chance de pouvoir déserté très tôt, et les FFL avaient besoin de combattants. IL passera très vite par un triage et se retrouvera très vite sous uniforme français. Tandis que les 3 autres passeront un moment dans des camps anglais avant qu'on ne les incorpore dans l'armée française et leur formation se fera trop tard pour qu'ils puissent participer aux opérations en France.
nico86 a écrit :
Comment voulez faire un procès qui satisfasse tout le monde avec 13 engagés de force et 1 engagé volontaire et 7 Allemands dont un Adjudant ?
Alors que la Lorraine avait réintégré le territoire, que les principaux commanditaires n'étaient pas là ce procès prenait inévitablement une tournure politique et diplomatique.( Pour mémoire le parlement a modifié en plein procès
la loi du 15 septembre 1948 sur la responsabilité collective et approuve la disjonction )[/quote]
Avec la loi du 15 septembre 1948, le procès ne pouvait satisfaire personne. "Vous y étiez ? Alors vous êtes coupable!" Voilà à quoi ce résume cette loi qui est assez particulière dans le système juridique français. Et le "vous y étiez ?" Concerne le fait que vous faisiez ou non parti des rôles de la 3ème compagnie du régiment ce jour-là. Ce que vous avez fait ou pas fait ne rentre pas en ligne de compte. A ce compte, il y a 180 lampistes coupables.
nico86 a écrit :
Cependant je comprends l'issue de ce procès il aurait été injuste de faire porter le poids de ce massacre sur les épaules d'une Lorraine traumatisée par plus de 7 ans d'occupation Allemande.
La France a suffisamment été divisée pour ne pas en rajouter une couche.
Pas un seul lorrain parmi les accusés, mais 13 alsaciens. Coupables de faits et c'est pour cela que toute l'Alsace s'est sentie insultée et reniée.
nico86 a écrit :
Comment comprendre la douleur de l’association des familles de victimes que l’on a raillé moqué, taxé de passéisme malsain lorsqu’elle a , par la voie de P Doutre, renvoyé la légion d’honneur à l’Etat suite au jugement ?
On ne répare pas une injustice en faisant une autre injustice. Je comprend la douleur, l'Alsace comprend la douleur. Mais, certains, obnubilé dans leur propre douleur n'ont pas voulu voir la douleur des autres. La différence est là. Les Alsaciens sont choqués par l'ampleur du massacre d'Oradour et ils le condamnent de toutes leurs forces car c'est l'une des composantes de la barbarie nazie. Ce que ne voulait pas voir l'association des victimes, c'est que si le Limousin a souffert, son sort fut globalement meilleur que celui de l'Alsace-Moselle. Un tiers des Alsaciens a été à, un moment ou un autre, interné dans le camp de Schirmeck pour ne pas avoir été assez serviles envers les allemands ou les nazis. Les Alsaciens ne pouvaient pas résister, ne pouvaient pas avoir de maquis, et pourtant, il y a eu une résistance alsacienne. Ils furent une minorité à résister activement : mais il y en eut et même parmi les 13 du procès de Bordeaux. Ils furent nombreux à pratiquer ce que plus tard on a appelé la "résistance passive". ET certains payèrent cela en étant déportés vers la Silésie ou en camps de concentration.
nico86 a écrit :
Quant à ce Tramway dont vous parlez ma mère et mon grand père n’ont pu le prendre ce samedi car ce dernier devait rester sur Limoges pour assurer au dernier moment une permanence de Week end au sein de l’usine dans laquelle il travaillait.
Mais ça c’est une autre histoire…
J'en suis très heureux pour vous. A la lecture des divers témoignages, j'ai été assez scandalisés par le sort de 2 personnes. Il y a 2 personnes qui avaient été refoulés aux barrages par les Malgré-nous et qui cherchèrent à passer quand même. Le chauffeur de tramway a fait un scandale parce qu'on lui interdisait de passer, il l'a payé de sa vie. Une autre personne a persisté dans sa volonté de passer à un autre barrage et il a fait partie des victimes. Ces gens n'avaient pas compris que leur monde avait basculé dans l'horreur complète. Ils ne l'avaient pas compris parce qu'ils ne savaient pas ce qu'état la barbarie nazie! Les alsaciens le savaient et ceux qui ont vécu ces 2 épisodes racontent qu'ils ont tout fait pour faire comprendre à ces personnes que leurs interventions ne changeraient rien au sorts des victimes. Parce que les bourreaux nazis ne se laissent pas intimider par qui que se soit. Ces gens avaient le droit de faire ce qu'ils voulaient, ils avaient droit de vie et de mort sur leurs subordonnés et sur tous les civils qui se mettaient en travers de leur route.
Vous voyez, la différence du sort entre l'Alsace et le Limousin entre 1940 et 1944, ce lit dans la différence de réaction à ces moments-là. Un jeune alsacien de 17-18 ans savait qu'on ne pouvait rien tout seul contre un officier ou un sous-officier nazi. Un limousin de 1944 pouvait pensait que son statut d'honnête homme ou de fonctionnaire le mettait à l'abri. Par rapport à l'Alsace, ils avaient vécu au paradis pendant ces années-là et ils ne s'en rendaient pas compte. D'accord, c'était la guerre, la vie était dure et il y avait des privations, mais ils avaient le droit de parler et de penser tout haut. Les Alsaciens-Mosellans avaient perdu ce droit depuis juillet 1940.