Savinien a écrit :
Quand j'y repense, ne montre-t-on pas ça dans la série Band of Brothers ?
Oui. Mais dans la série, il semble que l'interdiction de donner "trop" à manger aux déportés est donnée dans les heures qui ont suivi la découverte des camps. Or, sauf erreur de ma part, il me semble que j'ai lu quelque part, que lors de la libération de l'un des premiers camps, on a commencé à nourrir les déportés et qu'ils ont été nombreux à mourir ensuite.
J'ai mis des guillemets à "trop", parce ce qu'on nomme trop nourrir quelqu'un qui se trouve dans de telles conditions, c'est inférieur à un repas normal, si je ne me trompe pas. C'est donc, vraiment pas beaucoup par rapport aux carences énormes.
De plus, les alliés, mais surtout les américains avaient une peur du non-maintien de l'ordre public. Or, les déportés étaient mal perçus par les populations allemandes qui étaient convaincus par la propagande subie que tous leurs malheurs étaient de leur faute. Il était donc plus simple de maintenir les déportés dans les camps, de les nourrir sous la surveillance des médecins, de les répertorier, puis de les envoyer par convois jusqu'à des lieux où ils seraient les bienvenus.
Pour ce qui est des déportés originaires des pays de l'Est, les soviétiques les réclamaient comme co-nationaux des pays frères. Or, ils étaient nombreux à ne pas vouloir revenir chez eux. Ils étaient nombreux à vouloir émigrer, soit en Palestine (pas encore indépendante) ou à défaut en Amérique. Mais, les Anglais ne voulaient pas les voir en Palestine et ils fallait du temps pour les formalités d'accueil dans d'autres pays.
Certains camps sont donc devenus de gigantesques agences de voyage où une administration tatillonne remplissait des dossiers et essayait de caser tout ce monde. Avec des représentants du CICR, de diverses ambassades qui intervenaient pour accepter ou refuser des dossiers. Certains des déportés ont mal vécu cette période d'internement où ils ne se sentaient pas aussi libre qu'ils l'auraient voulu. Mais, il faut bien voir que dans les cas simples, ces rapatriement ont mis plusieurs semaines, essentiellement à cause des conditions sanitaires. Les médecins américains avaient aussi peur que les malades infestés d'un tas de maladie à cause des conditions sanitaires de déclenchent des épidémies dans toute l'Europe ou même ailleurs, comme l'épidémie de grippe espagnole qui avait suivi la PGM.
Le 27 janvier 1945, Auschwitz est libéré. Le 11 avril, c'est le tour de Buchenwald. Puis après, ça s'enchaine. Les premiers déportés rentrent en France le 14 mars 1945.
Citer :
Malgré les nombreuses difficultés, en mars 1945 ont lieu les premiers retours (20 000) puis en avril (313 000), en mai (900 000) et en juin (276 000). En juillet le ministère considère le rapatriement comme terminé.
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/365.htmlMais dans les camps restaient ceux qui ne désiraient pas retourner "chez eux" ou ceux qui n'étaient pas en état de voyager. Parmi ceux qui ne voulaient pas retourner dans leur ancien lieu de résidence, il semble me souvenir que les américains ont tenté de régler "le problème" par des retours forcés. Mais que cela s'est soldé par un scandale qui a fait suspendre les retours de ce type. Du moins dans le cas des déportés. Les anciens soldats soviétiques ayant été renvoyés vers l'URSS où ils furent immédiatement déportés en Sibérie. Les divers incorporés de force ou volontaires ayant combattus avec les Allemands eurent le même sort, mais pour eux, en URSS ce fut souvent l'exécution sommaire ou le goulag.
Jusqu'en 46-47, dans de nombreuses villes portuaires, on trouvera des centres d'accueils pour les gens qui vont émigrer aux USA, en Amérique du Sud ou en Afrique.