Aigle a écrit :
Difficile à dire : Franco était un homme prudent qui ne se livrait guère - et pouvait très bien mentir (surtout à S Suner un fasciste exalté).
Et puis Franco n'était pas "nostalgique de l'empire" - les empires étaient alors des réalités qui semblaient solides - simplement l'Espagne n'vait pas d'empire et franco trouvait légitime de lui en donner un - par exemple en annexant le Maroc et l'Oranais où vivaient de nombreux pieds noirs d'origine esapgnole.
Il avait un côté rusé et cynique - à la différence de Mussolini (ancien instituteur socialiste) qui croyait aux idées - n'oublions pas que jusqu'en 1936 il fait semblant d'accepter la république- il ne se serait pas engagé sans contreparties solides au côté de Hitler.
Et puis enfin, qu'on le veuille ou non, à Hendaye, le fait est là : Hitler et Franco ne sont pas tombés d'accord - et l'interprétation de Savinien sembe solide : Franco n'allait pas dire non franchement à un homme comme Hitler ! surtout au vu de la proportion de germanophiles dans son propre entourage. Il a simplement posé des conditions...pour sortir en bonne position : soit Hitler acceptait (peu probable) et en échange de l'alliance l'Espagne récupérait des gains coloniaux spectaculaires - soit Hitler refusait et Franco conservait sa neutralité san savoir dit non au Führer.
Tous les militaires espagnols du début du 20eme siècle, vivaient avec la nostalgie de l'Empire perdue, en 1898 (Cuba et les Philippines) contre les USA, et
Franco en faisait partie, voir la biographie d'
Aimée Bachoud, sur le
Caudillo. Pour l'espagnol, le Maroc français était devenu une obsession, pour compenser les colonies perdues en 1898, et il en faisait un prérequis pour entrer en guerre du côté de l'Allemagne, ce qu'
Hitler n'a pas voulu. D'ailleurs, les espagnols massèrent des troupes sur la frontière marocaine française et investirent
Tanger.
Franco était prêt à entrer en guerre du côté de l'Axe, en juin 1940, sa correspondance avec son beau-frère est claire et nette à ce propos, et je vois pas pourquoi il aurait menti à Suner.
D'ailleurs, le 3 juin,
Franco écrivit à
Hitler pour lui dire son admiration et lui propose, implicitement, ses services ! Il envoie à
Berlin le chef d'état-major de l'armée espagnole, le général
Vigon, pour ouvrir des négociations avec les allemands, pour une éventuelle entrée en guerre de l'
Espagne au côté de l'Axe. (
p.189, Franco, par A.Bachoud). Donc dès juin 1940, c'est l'Espagne qui se pose en "demandeur", par rapport à l'Allemagne, et pas le contraire.
Le 8 août 1940,
Von Stohrer, ambassadeur allemand à Madrid, envoie un mémorandum à
Berlin, comme quoi l'Espagne était prête à entrer en guerre au prix d'annexion de
Gibraltar, du Maroc français, de l'
Oranais, de l'agrandissement du
Rio de Oro, et des colonies situées dans le Golfe de Guinée. Toujours ce nostalgique de l'Empire perdu qui parle ... Des exigences délirantes ? Non, pas vraiment. En juin 40,
Hitler à toutes les cartes en main, mais décide de traiter avec les français pour imposer un statu quo à l'Ouest. Or, pour conclure un armistice, les allemands savent qu'il ne faut pas toucher à l'Empire, condition qu'a mis le général
Noguès pour que l'empire nord-africain ne continue pas la lutte (
les allemands écoutent les communications françaises, à leur insu). Mais cette option d'armistice et d'accepter le régime de Vichy n'allait pas de soi, avec l'effondrement de l'armée française, en juin 40.
Hitler aurait pu décider de continuer la guerre en AFN, et je vois mal comment les maigres troupes françaises d'AFN, des troupes de souveraineté mal équipées et peu entraînées, auraient pu tenir contre les forces de l'Axe germano-italo-espagnoles combinées.
Franco voit donc dans la chute de la
France, une possibilité de dépecer l'Empire français d'AFN au prix de son entrée en guerre.
Hitler n'a pas choisi cette option, préférant le statu quo au sud, pour se tourner vers l'Est. Aussi, Hendaye ne pouvait être qu'un dialogue de sourds, puisque le
Führer n'avait rien a proposé, et surtout pas le Maroc français et l'Oranais, au
Caudillo.
Si on rajoute que les allemands n'ont aucune confiance dans les espagnols, militairement parlant, à cause de la piètre stratégie nationaliste durant la guerre civile, et qu'il s'en remette plutôt, aux forces de
Vichy pour défendre l'Empire français, idée renforcée par la résistance de
Boisson à
Dakar, début octobre 40, face aux forces anglo-gaullistes, l'échec de la rencontre d
'Hendaye était déjà prévisible.
Accepter l'entrée en guerre de l'
Espagne à ses côtés, aurait pu déstabiliser le front sud et risquer une sécession de l'Empire français, ce qu'
Hitler ne voulait surtout pas, occupait qu'il était à préparer l'invasion en
Russie.