Sirocco a écrit :
Vous l'air de fortement négligez les enfumades du principal conquérant de l'Algérie.
« Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [.] de jouir de leurs champs [.] Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [.], ou bien exterminez-les jusqu'au dernier. » Général Bugeaud
Je vais peut-être dire une bêtise sur un sujet que je connais mal, mais, outre le fait (à moins d'une incompréhension de ma part concernant vos propos) que je ne vois pas le rapport direct avec les enfumades, n’y a-t-il pas ici confusion de sources ? N’y a-t-il mélange entre le discours de Bugeaud à la Chambre des députés, le 15 janvier 1840, et une lettre de Montagnac datée du 20 janvier de la même année ?
Le premier dit ceci :
« Je dirais au commandant de chacune de ces colonnes : Général, votre mission n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile, car on ne les atteint que lorsqu’ils le veulent bien ; elle est d’empêcher, dans votre zone, les Arabes de semer, de récolter, de pâturer. Vous parcourrez donc le pays en sortant par un rayon et en rentrant par un autre. Quand vous aurez empêché de semer à l'est, vous n'aurez pas à vous occuper d’empêcher qu’on y récolte, et vous porterez votre activité sur d’autres points, autant que le permettront les forces de vos soldats, qu’il faut bien ménager, car il sont le premier élément du succès."
Aux mouvements dans les rangs, l’orateur répondit alors :
« Ces murmures sembleraient me dire que la Chambre trouve le moyen trop barbare. Messieurs, on ne fait pas la guerre avec des sentiments de philanthropie. Qui veut la faire, il faut vouloir les moyens ; quand il n’y en a pas d’autres que ceux que j’indique, il faut bien les employer. Je préférerais toujours les intérêt français à une absurde philanthropie pour les étrangers qui coupent la tête de nos soldats prisonniers ou blessés. »
Ce passage tirée du Journal des Débats est poursuivi de cette manière dans l’ouvrage « Le maréchal Bugeaud : d’après sa correspondance intime et des documents inédits » :
« Messieurs, j’ai la conviction que vous pouvez obtenir la soumission des trois provinces par le système que je viens d’indiquer. En effet, les Arabes ne peuvent vivre qu’en Algérie. Dans le désert, point de grain ; un pâturage rare, suffisant pour nourrir des moutons. Les dattes et les laines du désert sont échangées contre des grains en Algérie. Les Arabes pourront fuir dans le désert à l’aspect de vos colonnes, mais ils n’y pourront rester : il leur faudra capituler. Lorsqu’ils viendront à vous, ce sera le moment d’exiger des garanties, la remise de leurs chevaux, de leurs armes, pour leur permettre de s’établir sur leur ancien territoire derrière vous. S’ils restaient dans le désert, je ne le regarderais pas comme un grand malheur ; le terrain serait plus libre pour la colonisation européenne. »
Le second (alors capitaine), imaginant auprès de son oncle la manière de faire la guerre, écrit cela (Lettre d’un soldat. Neuf années de campagne en Afrique. Correspondance inédite du colonel de Montagnac) :
« Allez tous les ans, leur brûler leurs récoltes, coupez-leur toutes communication avec le Maroc, vous les verrez bientôt bientôt se déchirer entre eux et demander à fréquenter nos marchés, où ils trouvaient du bel et bon argent, lequel passe, chez eux, avant tous les préjugés possibles. Mais si vous les admettez encore parmi vous, imposez-leur des conditions rigoureuses, et ne vous en laissez pas imposer par eux ; enfin ne soyez plus leurs très humbles serviteurs et leurs dupes. Ou bien exterminez-les jusqu’au dernier. Mais pour cela, il faudrait d’autres hommes à la tête du gouvernement : moins de philanthropes absurdes, moins d’avocats, moins de médecins et un peu plus de soldats. Surtout un homme pour les commander, ce qui est au moins aussi difficile à trouver que la pierre philosophale. »