L'amour peut tout : il nous donne le bonheur, il peut aussi sauver des vies.
Dans la soirée du 29 avril, une jeune mexicaine arrive au Chiquihuite, et demande à tout prix à voir le chef des français.
Surpris, Jeanningros la reçoit et reçoit dans la foulée un choc : la jeune mexicaine est fiancée à un conducteur de chariot du grand convoi de Vera Cruz. La veille, dans l'hacienda ou elle travaille, elle a servi le dîner au colonel mexicain Juan de Paula Milan, un grand seigneur hispano-mexicain, mais surtout un colonel libéral, en charge de contrôler les terres chaudes.
Et la jeune fille a entendu le colonel Milan, avec ses officiers, évoquer le départ du grand convoi et surtout leur projet de l'attaquer afin de protéger Puebla tout en pillant la caisse de l'armée.
Terrifiée à l'idée que son fiancé soit massacré dans l'attaque, elle est partie en pleine nuit, et est arrivée, épuisée, chez les français pour les prévenir.
Jeanningros n'est pas sûr de l'authenticité de l'information qui lui est délivrée. Pire, il ne dispose sur place que de trois compagnies d'infanterie de légion de son régiment disséminé sur la route, et en plus il est du mauvais côté de cette route, c'est-à-dire à l'autre bout du chemin que doit emprunter le convoi.
Convoi qui vient d'ailleurs de prendre la route en question, lentement compte tenu du mauvais état de la voie et de la lourdeur des charrois.
Le colonel décide alors de s'affaiblir, et d'envoyer la troisième compagnie ouvrir la route pour l'éclairer. Le capitaine Danjou, sans commandement et affecté à l'état-major du régiment, se porte volontaire pour en prendre le commandement.
Dans le même temps, Jeanningros envoie un mexicain contre promesse d'argent, avec un message d'alerte pour le convoi. Le jeune homme sera plus rapide que la compagnie de légion, car lui prendra par la campagne et ira plus vite.
Le 30 avril à l'aube, alors que le messager est déjà parti vers l'est, la troisième compagnie quitte le Chiquihuite, et prend la route à son tour. Elle est composée de 62 hommes, officiers compris.
_________________ "Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".
Yves Modéran
Dernière édition par La Saussaye le 04 Mai 2012 6:08, édité 1 fois.
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