Châtillon a écrit :
Enki-Ea a écrit :
...
Le site du ministère a été réalisé par des universitaires historiens. Quant aux doctoresses en littérature, Eliane Viennot nous a démontré avec beaucoup de brio, par ses travaux sur Marguerite de Valois, que l'on pouvait faire des démonstrations en Histoire sans venir du sérail. Et quand bien même, en étudiant la littérature du XVIe siècle, je pense qu'elle n'en est pas moins historienne (en plus d'en être une spécialiste).
Mais j'aimerais vous répondre sur la mode de la réhabilitation. Je ressens la même gêne. La vague intarissable des publications de Petitfils a été un comble. C'est plus embêtant quand cela vient d'un universitaire. Il y a deux mois, j'ai lu la biographie de
Marie de Médicis de Jean-François Dubost. L'auteur a eu la volonté d'écarter toute source clairement orientée. Il va jusqu'à s'abstenir d'évoquer les mauvais aspects de la reine (comme celui des scènes acrimonieuses faites par celle-ci à son époux). Il y a dans sa démarche une volonté de réhabilitation que j’ai trouvée excessive. En même temps, il renouvelle complètement la vision que nous avons de l'époque. En mettant à terre la légende noire de Concini, il fait renaître des personnages d'une importance historique capitale. Les ministres Villeroy, Sillery et Du Vair ressucitent totalement de son ouvrage.
Concernant Solnon, je suis d'accord avec vous. Son ouvrage relève de la synthèse (parfois même de la paraphrase). Pour le coup, c'est un ouvrage qui s'adresse principalement voir exclusivement au grand public. On peut le recommander pour ça.
Ensuite, on en revient encore à la question de l'intimité d'Henri III. Pour ma part, je ne trouve pas le sujet désintéressant. Peut-on dire que le journal d'Héroard est une source d'intérêt limité ? C'est un trésor pour l'étude comportementale et l'histoire de la vie sociale. Dans une historiographie qui s'est longtemps contenté de faits de guerre et de gloire, il n'est pas mauvais d'étudier l'envers des décors d'apparat. One le fait pour Louis XIII et Louis XIV, pourquoi pas Henri III ? (voir toutes les études sur la santé du Roi soleil ; exemple avec Stanis Perez,
Grandeurs et servitudes de la maladie : la fistule anale du Roi-Soleil, 2009). En contemporaine, on voît qu'il est intéressant d'analyser la vie de nos hommes politiques pour comprendre leur comportement, leur manières d'être, leur manière de se comporter avec les autres, leurs façons de réagir. Alors, si un jour, on tombe sur des documents nouveaux sur Henri III, oui ce sera intéressant.
Ces dernières années, l'historiographie a considérablement avancé sur Henri III. Même, si c'est plus sur les moeurs de sa cour que sur le personnage, on a fait un pas de géant. A cet égard, pour ceux que ça intéresse, je renvoie vers l'excellent ouvrage de Jacqueline Boucher,
Société et mentalités autour de Henri III. Paru en 2007, cet ouvrage est LA référence. On en apprend sur Henri III (et notamment son intimité)plus que n'importe quelle biographie du roi. C'est aux éditions Honoré Champion, donc malheureusement, il est difficile à trouver.
Enfin, j'en profite pour rappeler l'existence des travaux de Nicolas Le Roux.
Et en 2011, a eu lieu au château de Blois, une exposition d'une très grande qualité, alliant rigueur scientifique et ouverture au grand public :
Fêtes et crimes à la Renaissance.
Un régicide au nom de Dieu, est un très bon livre, le style d'écriture le rend agréable à lire, et l'auteur utilise à plusieurs reprises la confrontation des sources concernant certains points.
Fêtes & crimes à la renaissance... , j'ai vue ce livre à la Bibliothèque Universitaire, je l'ai un peu feuilleté mais je n'ai pas eu le temps de le lire sérieusement. Mais à mon souvenir, il apporte de bonnes connaissances sur l'entourage d'Henri III, mais aussi sur les conflits entre les mignons et l'entourage de Monsieur (François d'Alençon puis d'Anjou).
Quant au mot réhabilitation, je ne l'ai pas utilisé dans le sens absolue du terme, mais relatif ("il faudrait même faire une réhabilitation.
Ce terme n'est pas neutre"). On réhabilita Henri III par rapport à la mémoire populaire, qui, selon les derniers travaux est complétement à côté de la plaque (pas totalement, mais la mémoire populaire reprend la propagande de la Ligue, globalement). Sinon, dans l'absolue, je suis d'accord, il ne faut pas "réhabiliter", de toute façon tout homme a ses vices et ses vertus.
Pour la biographie de Solnon, je suis d'accord avec ce qui a été dit plus haut, il n'y a en plus, aucune source de citée. Cependant, pour quelqu'un qui veut se lancer dans le sujet, il peut apporter des éléments de base, en tout cas concernant l'événementiel (base qu'il faut approfondir avec des livres plus détaillées, sur Henri, mais aussi sur les guerres de religion, et la société de la fin de la Renaissance). Dans se live j'ai été surpris que les autres thèses ne soient pas bien expliquées et soient vite expédiées comme si elle ne valait rien.
Sinon, un sujet sur lequel j'ai l'impression qu'il n'y a vraiment aucun travail de fait, en France en tout cas, c'est son règne en Pologne. Il a été très court mais son règne inaugure la République des Deux-Nations, dont le système politique va être en partie la cause de la disparition de la Pologne, après un âge d'or au XVIIIe siècle (prise de Moscou de 1610 à 1612, et la bataille de Vienne en 1683)