Bonjour,
Hadrien César a écrit :
Je viens de relire avec beaucoup d'interêt vos commentaires sur ce roi décrié qu'était Henri III. Il semble bien qu'il fût un homme à femmes et que l'on ait exagéré cette rumeur sur ces fameux "mignons".
Il est vrai qu'à cette époque ou les huguenots tout de noir vêtus faisaient triste figure, les fêtes d'Henri III où les exagérations vestimentaires et les breloques à l'italienne apportaient un peu de raffinement.
Le Balafré lui-même n'était pas contre la boucle d'oreille unique et la toque, on peut le voir sur de nombreux dessins ou toiles.
Les "mignons" étaient loin d'être aussi mignons que l'on veut bien l'imaginer. Il suffit pour cela de se souvenir de l'assassinat de Guise. Une vraie boucherie ! Je vois plutôt là une garde rapprochée du souverain. Tous hommes à femmes patentés et pour le reste, ceci marque peu l'histoire.
Pour en revenir au moeurs et ahurissements vestimentaires, nous aurons la même chose avec Monsieur, frère de Louis XIV et ma foi, ceci confortera l'absolutisme du roi. Quant à Louis XIV lui-même et ses modes, on peut gloser.
Rien ne me choque, il suffit de comparer avec la période italienne. En France on ne fait rien à moitié donc, c'est un peu poussé. Mais derrière le taffetas et autres il y avait des hommes sur lesquels le roi savait pouvoir compter. Ils le montreront.
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Peut-être sa personnalité encourageait-elle les suppositions, avec son goût de la parure, du déguisement, ses toilettes fastueuses, ses parfums, ses bijoux...
Là encore, je trouve ceci très italien. A lire Brantôme, ce ne semblait pas choquer pour l'époque, au contraire ceci semblait être le nec plus ultra. Marguerite de France se plaindra souvent que son époux "...sens le bouc à dix pas...", Mme d'Estrées lui recommandera de se baigner avant que de la "beluter" comme quoi... Odeur et virilité peuvent parfois se télescoper chez les femmes.
On verra l'immense chagrin de Louise de Vaudémont-Lorraine, on oublie les pèlerinages du couple avec un roi en bure afin d'avoir la bénédiction du ciel et la naissance d'un fils, comme quoi la encore, s'adresser au ciel autant de fois en étant "sodomite" me parait assez étrange...
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Peut-être paraissait-il efféminé à certains en raison de ses goûts ? D'un autre côté, cette "légende" d'un roi homosexuel est tellement forte et accréditée qu'on ne peut s'empêcher de se poser la question (comme pour Louis XIII et Cinq-Mars).
Louis XIII était je pense un enfant très affligé de la mort de son père, il a subi une régence dont Luynes lui a fait comprendre qu'il était temps de s'affranchir mais après avoir eu de tels rapports avec une mère comment voulez-vous aborder les femmes ? Il trouvera en Richelieu un substitut de père et là encore Louis XIII est étrange dans son analyse lors du décès de Richelieu...
La fameuse "Madame de Clèves" n'eut les honneurs de personne et le roman se passe sous Henri II, il me semble.
A contrario, Louis XIII fut très attiré par Melle de la Fayette :
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Louis XIII n'aimait pas les femmes charnellement car l'adultère lui faisait horreur. Ses liaisons demeuraient platoniques, au grand étonnement de la cour. La belle Hautefort avait fait l'impossible pour devenir sa maîtresse ; elle avait échoué. Après l'entrée de Louise de La Fayette au couvent de la Visitation et bien qu'il lui fit de fréquentes visites, le roi avait renoué avec Marie de Hautefort. Attiré par sa beauté, mais refusant d'y succomber, il subissait ses minauderies et ses algarades."
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Ce dernier pensait également qu'il aurait été initié à l'amour entre hommes lors de son passage à Venise, après sa fuite de Pologne-on parlait à l'époque du "vice italien")...
Comment Hadrien Caesar ! Un vice dit italien donc si proche du Saint Père...
Certains papes furent de furieux coureurs mais il me semble que tout ceci n'était qu'un entrelacement de robes pontificales et féminines, enfin entrelacements qui donnèrent tout de même quelques enfants !
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Quoiqu'il en soit, le seul fait d'être coquet ou "efféminé" ne signifiait en rien qu'il préférait les hommes. Certains hommes délicats et précieux collectionnaient les maîtresses et d'autres, virils et mâles, préféraient les beaux guerriers. Tout comme certains que l'on croyait imbéciles se révélèrent remarquables dirigeants. Ne jamais juger sur l'apparence...
Le fait d'avoir des traits fins ou de s'habiller de manière raffinée n'est pas incompatible avec la virilité et la virilité ne se mesure pas à la rondeur des biceps, à l'odeur de veneur qui s'est frotté à sa meute ainsi qu'à des vêtements d'une netteté à faire pâlir Sully qui lui même conseillait à son maître et ami de s'entretenir vu la dignité de son état.
Maintenant, le pouvoir attire souvent plus et le nez se montre moins délicat lorsqu'il est à portée.
J'aime beaucoup l'analyse d'Enki-Ea, très judicieuse : en quelques lignes, tout est dit.
Bien à vous.
g