Cap a écrit :
Le rapprochement entre étrusques et basques est effectivement considéré comme farfelu. Les deux « traceurs » habituels (génétique et linguistique) ont en effet tous deux donné des résultats négatifs.
Ceci dit, je rappelle que, si l’origine des basques ne fait plus guère de doutes (peuples autochtones du néolithique) l’origine des étrusques, elle, est encore controversée.
Pour simplifier il y a deux hypothèses : la première en fait un « peuple de la mer » (comme les habitants de la Sardaigne ou les Philistins) originaire des cotes de l’ouest de l’Anatolie, ayant débuté sa migration vers 1200 av JC, séjourné peut-être en Crête puis s’étant mêlé à la civilisation de Villanova à partir de 900/800.
Pour d’autres, il s’agit d’un peuple autochtone venu tout droit de l’Italie néolithique.
La langue ne permet pas de trancher puisque, si l’on sait que le basque n’est pas une langue indo-européenne, rien n’est sûr pour l’étrusque (voir les développements de Bernard Sergent à ce sujet).
Dans cette seconde hypothèse, les basques et les étrusques seraient ainsi tous deux des populations pré indoeuropéennes, a priori installées en Europe dès le néolithique.
L'énigme de l'origine des étrusques résolue par la génétique ?
Le 14/07/2007 - Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
C’est peut être la fin d’une longue controverse entre archéologues, historiens, linguistes et plus récemment généticiens. Le professeur Alberto Piazza de l’Université de Turin vient de rendre public les résultats de ses analyses, faites à partir de l’ADN d’hommes de vieilles familles Toscanes vivant dans des villes comme Volterra, Murlo et Casentino. Les étrusques, cette mystérieuse civilisation déjà présente en Italie à l’âge du Fer, et qui a fortement influencé culturellement la civilisation romaine avant d’être conquise par elle, seraient bien d’origine Anatolienne comme l’affirmait déjà en son temps le grand historien grec, Hérodote.
Le peuple étrusque occupait l’actuelle Toscane depuis 3 200 ans au moins et se singularisait des autres peuplades de l’Italie par son degré de civilisation plus avancé et par sa langue et son écriture encore aujourd’hui énigmatiques, même si des progrès importants ont été faits dans leur compréhension. L’histoire romaine fait écho de combats entre les deux puissances mais nombre de caractéristiques de cette civilisation se retrouveront par la suite assimilées par Rome qui annexa définitivement l’Étrurie vers la fin de la république Romaine.
L’origine exacte de ce peuple faisait débat depuis longtemps, mais TROIS théories avaient fini par être à peu près acceptées:
- La première remonte à Hérodote, pour qui à la suite d’une longue famine, une population localisée dans le sud de la Turquie, en Lydie, avait massivement émigré à la recherche de meilleures conditions de vie à partir de Smyrne, l’actuelle île d’Izmir.
- La seconde remonte à un autre historien grec, Denys d’Halicarnasse, pour qui l’origine des étrusques devait se trouver en Europe du nord.
- Enfin, une dernière théorie penchait pour une population indigène qui se serait développée initialement de façon autonome, mais précoce, avant de subir l’influence culturelle de l’expansion grecque en Méditerranée.
Les Archéologues et les linguistes étaient seulement d’accords sur une chose. La langue des étrusques s’était développée indépendamment pendant une certaine période, avant que les grecs ne leur apportent l’écriture et bien avant que les premiers documents historiques ne mentionnent l’existence des étrusques.
Pour tirer les choses au clair, et parce que des études d’ADN mitochondriales chez des Toscanes avaient déjà pointé en direction d’une origine Anatolienne, le professeur Piazza a sélectionné une population de Toscans dont les familles étaient originaires depuis trois générations au moins de villes et de localités historiquement fortement liées aux métropoles les plus importantes d’Étrurie. Des comparaisons furent alors faites avec de l’ADN de populations du nord de l’Italie, des Balkans, de la Sicile, de la Sardaigne et enfin de la Turquie, de l’île de Lemnos et même du moyen Orient.
L’analyse génétique indique maintenant clairement une origine Turque. A Murlo, en particulier, certains gènes ne se retrouvent clairement qu’en Anatolie. De plus, une certaine proximité avec la population de Lemnos a bien été établie, confirmant ce dont on se doutait depuis le XIX siècle à la suite de la découverte d’une stèle portant une inscription en grec archaïque clairement apparentée aux écrits étrusques.
La thèse du père de l’histoire, Hérodote, fortement critiquée par ses successeurs, en sort très renforcée même si tout n’est pas encore dit. Le professeur Piazza attend en effet, pour être totalement convaincu, les résultats d’études sur d’autres populations Toscanes, et surtout, la comparaison avec de l’ADN fossile d’étrusques. Mais comme ces derniers pratiquaient la crémation, c’est loin d’être évident !
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Wikipédia le 20/10/2014
Analyses de l'ADN
L’analyse de l'ADN mitochondrial de 80 individus ayant vécu en Étrurie entre le VIIe et le IIe siècle av. J.-C. réalisée par l’équipe de chercheurs du département de biologie de l’université de Ferrare sous la direction du professeur Guido Barbujani a été publiée dans la revue American Journal of Human Genetics.
Les résultats de cette analyse révèlent que ces individus formaient un groupe génétiquement homogène, soit qu'ils aient été les descendants d'un même groupe, soit qu'ils aient partagé des caractéristiques génétiques avec les groupes auxquels ils se seraient mélangés.
Par ailleurs, les actuels Toscans, bien qu'étant la population la plus proche génétiquement des Étrusques, présentent d'importantes différences génétiques avec ceux-ci.
Un des aspects qui a surpris les chercheurs est la rapidité avec laquelle s'est produite cette modification des caractères génétiques, deux millénaires représentant une durée relativement courte du point de vue de la génétique.
L’ADN de cet échantillonnage présente des similitudes avec celui des populations anatoliennes (Asie Mineure). Les éléments analysés provenant de tombes riches, appartenant à l’aristocratie, il se peut qu’il provienne d’une élite dominante et non assimilée avec le reste de la population d’alors, population villanovienne dont les Toscans actuels seraient les descendants (études limitées aux descendants de vieilles familles de Volterra, Casentino et Murlo par Alberto Piazza de l'université de Turin).
Selon les études génétiques les plus récentes, l'Ève mitochondriale toscane a 17 000 ans.
La science à travers l'analyse de l'ADN accréditerait donc l'hypothèse d'Hérodote. Néanmoins les analyses ont été faites à partir de prélèvements effectués sur des corps appartenant à la noblesse du peuple étrusque.
Archeolandes a écrit :
un rapprochement entre basques et étrusques? cela a été évoqué il y a bien longtemps dans les revues savantes à la fin du XIXe siècle. Non, aujourd'hui, aucun historien, linguiste ou archéologue sérieux ne se risquerait à un tel rapprochement. Les basques ne sont pas un peuple mystérieux, mais un peuple autchtone qui a assimilé de nombreuses influences durant la protohistoire et l'antiquité, sans perdre pour autant son caractère originel (le replis géographique sur les vallées pyrénéennes n'y est pas étranger) et par conséquant original. Il y a un bon article sur la langue basque et les peuples qui ont été les locuteurs des idiomes protobasques à ce lien :
http://www.clio.fr/bibliotheque/La_lang ... averes.aspSi l'on était sûr que la langue étrusque était une langue pré-indoeuropéenne, à ce moment-là, il pourrait y avoir des recherches à faire dans le domaine de la linguistique et des rapprochements à envisager avec la strate préhistorique que l'on devine de-ci de-là en Eurasie, particulièrement dans le basque. Mais il faudrait d'abord comprendre vraiment l'étrusque, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Pour le reste, le rapprochement s'arrête là, l'archéologie le montre.
cordialement,
Hervé.
Aux origines de l'indo-européen
http://www.scienceshumaines.comUne étude, publiée en novembre 2003 dans la revue Nature, avait relancé le débat sur le foyer d'origine et la diffusion des langues indo-européennes. Depuis une vingtaine d'années, deux hypothèses, fondées sur des indices linguistiques et archéologiques, partageaient la communauté des spécialistes. La première, développée par Marija Gimbutas, situait ce foyer dans les steppes eurasiennes et associait l'expansion indo-européenne à celle d'un peuple de cavaliers pasteurs appartenant à la civilisation dite des Kourganes (Ukraine). La seconde, défendue par Colin Renfrew, plaçait l'origine des langues indo-européennes en Anatolie (Turquie), et liait leur diffusion à celle des premiers peuples agriculteurs. Toutefois, la datation du début de cette migration ancienne (- 8 000 à - 9 500 ans) ne correspondait guère avec les évaluations des linguistes concernant l'âge de la langue-mère indo-européenne : tout au plus 5 000 à 6 000 ans.
Deux chercheurs de l'université d'Auckland (Nouvelle-Zélande) ont apporté de l'eau au moulin de la thèse anatolienne. Russell Gray et Quentin Atkinson , qui sur la base de 2449 cognats lexicaux relevés dans 87 langues (dont trois éteintes), ont produit un nouvel arbre phylogénétique des langues indo-européennes. Or, cet arbre fait remonter la première divergence reconnue (celle du hittite) à - 7 800 ans, et peut-être plus tôt encore. Ce qui signifie que la langue-mère aurait pu être parlée en Anatolie il y a 8 000 à 9 000 ans, puis diffusée en même temps que l'agriculture dans toute l'aire actuellement occupée par la famille des langues indo-européennes, du Bengale à l'Islande.
La nouveauté de ce résultat ne tient pas au renouvellement des données, mais à l'application d'un algorithme généralement utilisé en génétique pour évaluer la proximité de différents génomes et situer leur divergence sur une échelle de temps. Cette méthode de datation est considérée plus fiable que celle pratiquée par les linguistes (glottochronologie).