Alain.g a écrit :
catondu59 a écrit :
La representation colle totalement à la sourate ( sourate Maryan).Extraordinaire syncrétisme.
Rien de certain à cet égard car la vierge Marie est représentée avec son aura de Sainte et de mère de Jésus, dieu et homme pour les chrétiens.
L'ajout d'un texte en arabe avec l'image et son aura semble donc partir d' une représentation chrétienne, le texte arabe étant destiné à des chrétiens au parler arabe, voire, ou on ne peut l'exclure, des musulmans.
La vierge Marie dans l'islam
Calame, votre article est de haut niveau en contenu et en documentation.
Le texte étant un texte coranique, il est peu probable qu'il ait été à destination de chrétiens. Par ailleurs, dans un manuscrit réalisé en terres d'Islam - musulman ou non - l'écriture est l'élément principal, les peintres étant moins bien payés que les calligraphes : c'est du texte que partent les artistes, jamais de l'illustration, surtout d'une illustration marginale comme ici.
Je suis tout à fait d'accord avec les termes de catondu95 : il s'agit d'un exemple de syncrétisme, entre une tradition chrétienne probablement arménienne et une tradition musulmane qui est celle de la copie et de l'enluminure du Coran. La disposition de la page, l'enluminure marginale, la calligraphie n'ont rien d'arménien.
Dans le même ordre d'idées, mais un peu inversé, il existe à la BNF un Pentateuque probablement copte qui fait la synthèse entre texte biblique chrétien et traditions artistiques développées pour le Coran : rosettes marqueurs de sourates, enluminure aniconique avec motifs étoilés, etc.
La représentation mariale en elle-même n'est pas étonnante en terre d'Islam, et encore moins dans un contexte tardif, où la pratique de copier des gravures européennes se répand. C'est sa présence dans un manuscrit à texte coranique qui est exceptionnelle. Je ne connais pas l'origine de la représentation de la vierge que vous reproduisez ici, mais elle n'est très probablement pas issue d'un manuscrit sacré comme le Coran : comme toutes les représentations de personnages religieux en Islam, qu'il s'agisse de personnages purement musulmans (le Prophète, les Imâms pour les shiites) ou de personnages bibliques, on les trouve dans des manuscrits profanes (historiques, poétiques) ou parfois para-religieux (description des vies des Imâms - en contexte shiite -, textes sufis, livres de présages...). La
L'utilisation de l'auréole existe en Islam sans connotation de sainteté ; c'est une dérivation des auréoles présentes sur les peintures buddhiques d'Asie Centrale. Toutefois, ici, vu le style, il s'agit plus probablement du symbolisme chrétien traditionnel.
Sur la question des représentations de personnages bibliques dans les arts de l'Islam, il existe un ouvrage qui propose une synthèse correcte, quoique très descriptif : Rachel Milstein,
La Bible dans l'art islamique, Paris : PUF, 2005.