Je viens de finir :
Les débuts du monde musulman, VIIe-Xe siècle, ouvrage collectif de Thierry Bianquis, Pierre Guichard, Mathieu Tillier.
Ce livre fait le point sur les connaissances des premiers siècles de l'Islam, indispensable puisque ce n'est qu'à la fin de ceux-ci que les Musulmans commencent à raconter leur histoire. Fort à propos, il souligne les lacunes des connaissances, les manques de fouilles archéologiques, et les questions encore en débat. Ainsi, la valeur historique de la Tradition, les conditions de la rédaction du Coran, ainsi que les motivations -religieuses ou non- de la conquête font encore l'objet de recherches et de prises de position.
Les auteurs s'attachent à retracer l'évolution des structures du pouvoir dans un empire qui s'étire démesurément en longueur, à défaut de le faire en largeur. En particulier, on s'intéressera à l'établissement d'un pouvoir centralisé et à sa lutte, puis sa défaite, face aux particularismes locaux : même lors de l'Âge d'Or, le monde arabe fut le théâtre d'affrontements incessants.
L'évolution de l'armée est caractéristique de cette civilisation : au départ, les guerriers sont soutenus par leurs tribus, les familles ne pouvant combattre entretenant les autres dans le cadre du djihad. Puis, les guerriers, rassemblés dans des camps à l'écart des populations, sont stipendiés par le souverain. Ces camps donneront plus tard de nouvelles villes, comme Le Caire. Les dépenses qu'ils réclament imposent de faire sans cesse de nouvelles conquêtes. Enfin, les souverains ont graduellement recours à une armée d'origine servile : les Mamelouks, bien sûr, mais aussi les Saqalibas européens.
Tous les aspects de la société sont évoqués : spiritualité, vie littéraire, droit...
Bref : à lire absolument !