Voici les propos de Jacques de Molay sur le bucher le 18 mars 1314, tels qu'ils ont été rapportés par Geoffroy de Paris dans sa chronique rimée:
Le mestre qui vit le feu prest, S’est depoillé sans nul arrest Et ainsi com le vi devise Tout nu se mit en sa chemise Liement et a bon semblant ; N’oncques de rien n’alla tremblant, Combien qu’on le tire et desache. Pris l’ont por lier à l’estache ; Cil liez et joinant ci accorde ; Les mains il tient d’une corde, Mais ains leur dist : « seingnors, au moins Leissiez moi joindre un po mes mains Et vers Diex fere m’oraison, Car or en est temps et seison. Je voi ici mon jugement, Ou mourir me convient brement Diex set qu’a tort et à pechié ; S’en vendra en brief temps meschie Sur celz qui nous dampnent à tort ; Diex en vengera nostre mort.Seingnors , dit il, sachiez sanz tere Que tous celz qui nous sont contrere, Por nous en aront à soufrir.
On voit qu'effectivement Jacques de Molay ne nomme personne, mais 'celz qui nous dampnent à tort' sont bien Philippe le Bel et les responsables du procès.
Bien sur on ne retrouvent pas le célèbre citation de Maurice Druon: Roi Philippe, Pape Clément, Nogaret, je vous invite à comparaitre devant le tribunal de Dieu avant la fin de l’année, maudit, je vous maudit, jusqu’à la 3eme génération ... Mais la trame est la!
La version ‘officielle’ de la mort resta toutefois l’accident de chasse, car on n’eut pas intérêt à faire courir le bruit d’une quelconque vengeance divine contre le Roi, son autorité étant chaque jour un peu plus contestée par les Ligues Provinciales.
Et d’autre part fut raconté Que le roy, en chaçant, monté Estoit sus un corcier cheval ; So couroit amont et aval Et en courant si fort bruncha Que le roi jus en trebucha, Et en sa jambe fu quassé, Ou il avoit , grant temps passé, Grant mal eu et maladie, Qui lors fu com recommancie, Et i ot plus mal que devant.
Rajoutons pour finir cette remarque de Lacabane qui s'est penché sur la questiopn dans a BEC: Peut être même se croyait il frappé par la malédiction lancée contre lui , du haut du bucher, par le grand maitre Jacques de Molay. Dans ce temps de crédulité et de superstition, sa terreur n’aurait rien eu de surprenant, surtout au moment ou le pape Clément, compris dans le même anathème, venait de succomber à une maladie de langueur , dont les médecins n’avaient pu reconnaître la cause. Philippe le Bel ne dut il pas croire qu’un semblable sort lui était réservé, et cette crainte, jointe à tous ses autres sujets de douleur, n’a-t-elle pas contribué à le conduire au tombeau ? BEC 1842 T3
_________________ qui m'aime me suive !
philippe VI de Valois
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