cush a écrit :
Le pétrole est sans doute un facteur clé, mais l'épuisement, la logistique, une défense inattendue et renforcée par l'apport des "Sibériens" ont sans aucun doute joué leur rôle aussi.
En fait, c'est un tout. Ce qu'on nomme la Blitzkrieg est basée sur la recherche de la bataille décisive. On cherche la rupture de l'ennemi, pour pouvoir percer ses lignes, se lancer dans une attaque à longue portée, puis encercler les forces dépassées et les forcer à se rendre. On commence donc par accumuler des réserves, puis on tape dur sur un point précis (déterminé comme faible) du dispositif adverse et après on se lance en avant, l'objectif étant d'aller le plus loin possible pour prendre à revers le plus de troupes adverses possibles.
L'expérience montre qu'en fait, la limite se situe aux environs de 400 km. Après, les blindés perdent le soutien aérien, les avions passant leur temps à faire des allers retours entre leurs bases et la ligne de front. On perd aussi les blindés. En fait, les camions qui transportent le carburant mettent plus de temps à faire le trajet que les blindés ne disposent de réserve. Donc, à un moment, les chars doivent se mettre à l'abri parce qu'ils risquent la panne sèche et ils doivent attendre le ravitaillement. Ils risquent aussi de se retrouver en manque de munitions.
Quand on atteint ces limites, il faut regrouper les forces (pour qu'elles puissent se défendre en cas de contre-attaque). Et ré-organiser la logistique en créant de nouveaux magasins, qu'il faut remplir. Il faut aussi créer de nouveaux aérodromes plus proches de la ligne de front. Et permettre aux troupes de se reposer parce que pendant la "cavalcade" vers l'avant, elles ont été très sollicitées.
Le problème en Russie a été que le réseau ferroviaire n'avait pas le même écartement. Il a donc fallu tout refaire dans l'urgence. Pendant ce temps, les troupes arrivées aux avants-postes ne sont ravitaillées que par des camions.
Les alliés, en 1944, n'avaient pas de problème de pénurie d'essence ou de camions. Ils ont résolu le problème en mettant en place des norias de camions qui faisaient la navette entre les magasins à l'arrière et la ligne de front. Ces camions avaient ordre de rouler à 40 km/h, sans ralentir ni s'arrêter (sauf en cas de panne). Les routes prises étaient à sens unique. Quand un camion était en panne, il fallait le pousser dans le fossé, on verrait plus tard pour le dépanner (voire jamais, puisqu'il y en avait en réserve). Les allemands n'avaient pas les moyens pour s'appuyer sur une telle logistique.
Or, une bataille comme la bataille de Moscou, si elle avait eu lieu, aurait mobilisé de nombreuses troupes, de nombreux blindés et il aurait fallu ravitailler tout cela. Surtout que mener cette bataille en plein hiver ... aurait augmenté les problèmes logistiques cotés allemand. Pour les soldats, ils recourront aux mobilisations de forces de diverses populations considérées par eux comme "germaniques" ou pouvant l'être. Pour le reste, ils solliciteront toutes les industries des pays occupés, alliés ou aux mains de collaborateurs. Mais, cela ne suffira plus jamais.