le bonapartiste a écrit :
Je pense alors que le mot fascinant est mal choisi, puisqu'il l'est sans conteste comme tout personnage ayant eu une réussite aussi fulgurante et une chute brutale
Oui, sa vie fascine. Le nouveau Prométhée fauché en pleine gloire après avoir conquis l'empire perse et voyagé dans des contrées fabuleuses (pour les Occidentaux).
Alain.g a écrit :
Cette déconstruction du mythe d'Alexandre n'a pas de sens. On peut employer les mêmes procédés avec tous les grands héros de l'histoire.
Ce n'est pas une déconstruction, c'est une discussion sur ce que vous appelez très justement un "mythe" (est-ce un lapsus?
). Nous sommes sur un forum d'histoire; si on n'a plus le droit de parler des "grands héros de l'histoire" sous peine de se faire accuser de déboulonneur, alors la fermeture du forum n'est pas loin...
Citer :
La politique d'Alexandre, élève d'Aristote et passionné de l'Illiade d' Homère son livre de chevet, va très au delà de la déconcentration perse avec ses satrapes tout puissants. Il y en a beaucoup d'exemples chez Plutarque par exemple. Je n'ai rien lu de tel sur les empereurs perses: moeurs, vêtements, mariages des officiers de l'armée comme de leur roi ...
La tolérance d'Alexandre est toute relative. Pour un certain nombre de villes/régions (Tyr, Sogdiane et Bactriane, Thèbes, Persépolis...), Alexandre était plus un Attila qu'autre chose.
Il a eu la sagesse de respecter les traditions locales mais ne faisait en cela que suivre l'exemple perse.
Il s'est parfois habillé à l'orientale mais a-t-il appris la langue perse? Je ne crois pas. Les empereurs achéménides ne s'habillaient pas à la grecque mais parlait le grec. Un partout, la balle au centre
Effectivement, il a incité ses officiers à se marier avec des "barbares", ce que n'ont pas fait les Perses (quoiqu'il faudrait vérifier à l'époque de Cyrus). C'était une politique sage et rusée pour conserver son empire. Ca restait une politique...
Citer :
Les victoires sont extraordinaires par la faiblesse de l'armée grecque en effectifs et la stratégie comme l'audace. Elles ont de la fulgurance.
L'armée macédonienne (pas grecque
) est effectivement inférieure en nombre. Par contre, il faut peut-être sortir des clichés antiques qui nous parlaient d'un demi-million de Perses en face de 20 000 Macédoniens. Ce chiffre de 500 000 est forcément exagéré et comprenait en plus les servantes, cuisiniers, le harem etc. Le nombre de soldats perses était beaucoup moins élevé que ça, mais effectivement supérieur à celui de l'armée d'Alexandre.
L'armée macédonienne de l'époque était la meilleure du monde et ça, Alexandre n'y est pour rien; c'est son père qui a fait d'un ramassis de tribus une armée puissante et terriblement efficace.
En ce qui concerne les batailles, il y en a deux, magnifiques. Pour le reste, c'est un conflit de basse intensité (Gaza etc.) ou de la contre-guérilla (Bactriane, Sogdiane).
Citer :
Alexandre combat en tête à cheval. Où est Darius: sur un immense char luxueux bien protégé. Xerxès suivait déjà la bataille de Salamine sur un trône d'or. Alexandre est bien d'une autre espèce, comme un Dieu, Nouveau Dionysos. Partout il vainc avec facilité et élégance, invincible.
Oui, c'est ça qui est beau avec Alexandre. Il n'innove pas, Philippe le faisait déjà qui avait reçu plus de blessures qu'aucun homme. C'était une tradition macédonienne, le roi était le chef de guerre et devait mener ses troupes au combat, un peu à l'ancienne. Je crois que par la suite, une fois la royauté macédonienne affermie, le roi (Philippe V, Persée) ne participera plus directement aux combats mais il faudrait vérifier...
Pour le roi perse qui ne combat pas, oui. Et alors, serais-je tenté de dire? César, Hannibal, Napoléon, Wellington, Turenne etc. ne combattaient pas directement non plus. Sont-ils pour autant de moins grandes figures militaires?
Mais je suis d'accord avec vous, cette geste est très belle.
Cisar a écrit :
Il y a eu en effet 3 batailles majeures dans la conquête d'Alexandre mais il me semble n'avoir jamais entendu qu'il a connu des revers lors de la très difficile conquête des hautes satrapies
Pourtant, il n'y avait pas grand monde dans ces satrapies... Une fois Spitamènes assassiné par un de ses proches, et après des années de tentatives de pacification, ces régions arrêteront le combat. Ca ressemble un peu à la "guerre de Sertorius"; ce n'est quand quand celui-ci fut trahi et assassiné que Rome put enfin mettre la main sur l'Espagne.
Citer :
et il gagne même la bataille contre Pôros malgré l'utilisation "massive" d'éléphant de guerre de la part de ce dernier en prenant son armée par surprise, sur ce point il faut aussi noter qu'à la victoire contre Pôros il adopte aussi les usages indiens en traitant celui si comme un roi et en lui laissant son royaume, une manoeuvre qui ressemble beaucoup au respect des coutumes perses.
Il lui rend surtout son royaume parce qu'il se rend compte qu'il ne peut plus continuer
Poros n'était qu'un roi parmi les nombreux que comptait l'Inde et si Alexandre avait eu tant de mal à le battre, qu'en aurait-il été avec les autres? Surtout que son armée voulait rentrer au pays et qu'il se rendait compte que le monde était beaucoup plus grand que ce qu'il avait imaginé.
Mais en fait, on a l'air d'avoir des positions alors que je suis globalement d'accord avec vous. Personnellement, j'adore l'épopée d'Alexandre et je me replonge toujours avec délice dans mon Plutarque ou mon Diodore. C'est juste que le mythe (jeune, beau et glorieux) nous empêche parfois de voir les choses avec lucidité.
Vous savez, en histoire, il n'y a pas de secret. Quand on me dit "regardez ce héros/ce grand homme, quelle époque incroyable !", il vaut mieux regarder un peu avant celui qui l'a précédé. Sans son père Philippe, Alexandre n'aurait pas existé. C'est son père qui a réuni la Macédoine et en a déjà fait un petit empire, qui a construit l'armée macédonienne dont Alexandre bénéficiera, qui a lancé l'idée de la conquête de la Perse etc.
Louis XIV n'existe que parce que Richelieu l'a précédé. C'est la même chose avec Alexandre et son père. Le mythe alexandrin - magnifique, certes - nous cache un peu tout ça...