En ce qui concerne le voyage (isra) et la montée au ciel (miraj) sur une jument à tête de femme (Buraq, qui n'est pas mentionnée dans le Coran, mais dans les traditions), il ne s'agit pas d'une montée au Ciel considérée comme définitive par les musulmans. C'est un voyage nocturne, durant lequel Muhammad, partant de la Mekke, est tansporté vers Jérusalem (ou en tout cas vers un lieu sacré), puis visite les cieux et les enfers, arrivant jusqu'au trône divin. Mais il ne se produit pas à la fin de sa vie selon les traditions, au contraire, avant son départ de La Mekke, donc avec 622.
Le tombeau de Muhammad se situe à Médine, et existe encore aujourd'hui (à part destruction très récente dans une des nombreuses campagnes de destruction qui ont eu lieu ces dernières années autour des lieux saints ?). Je n'ai pas connaissance d'une possible destruction en 1806, mais ce n'est pas ma spécialité, et il est certain que les wahhabites ont détruit des tombeaux ; dans ce cas, il a été reconstruit. Il s'agit d'un lieu de pèlerinage, mais comme souvent en islam, son statut est partagé entre deux extrêmes. D'un côté, des pratiques de pèlerinage - non imposées par le Coran, au contraire des pèlerinages mekkois - qui ont eu tendance à sanctifier de nombreux lieux à Médine ; de l'autre, des interprétations rigoristes dénonçant le pèlerinage comme une païen et idolâtre. C'est le cas des wahhabites, pour lesquels les pèlerinages s'apparentent à un culte des saints. Cette dernière vision a le vent en poupe depuis la création de l'Arabie Saoudite en 1924. Ceci dit, les b. Saoud ont rénové la grande mosquée et le tombeau de Médine à plusieurs reprises, en particulier en 1955 ; par contre, ils passent au bulldozer la plupart des autres "lieux saints" de Médine.
Voir Pierre Lory, "Les lieux saints du Hedjaz et de Palestine", in
Lieux d'Islam, cultes et cultures de l'Afrique à Java, Autrement, 1996 (un peu daté malheureusement, et un peu court sur Médine, mais ça donne qulques pistes).
En ce qui concerne la mort du Prophète, voilà ce qu'écrit André Miquel :
Citer :
Et c'est l'année 10/632 : Muhammad, dont les forces déclinent, accomplikt le Pèlerinage, en fixant par ses gestes le rituel pour l'avenir, et demande dans diverses harangues plus tard regroupées sous le titre de prône de l'Adieu, aux croyants assemblés quitus de sa mission. Revenu à Médine, il implore le pardon de ses frères, attend la fin avec sérénité et la reçoit dans les bras d'A'icha, son épouse de dix-huit ans ; fidèle à tant d'humilité, l'histoire n'a pas retenu le jour de sa mort.
(J'aime les envolées lyriques de Miquel)
Plus prosaiquement, mais sans contradiction, les Sourdel parlent d'une mort de maladie, après une période d'affaiblissement qui l'empêchait de sortir de chez lui. Il ne me semble pas avoir lu autre chose chez d'autres auteurs.
Quoiqu'il en soit, la question des sources pose problème pour cet événement, car les seules qui le relatent sont des traditions musulmanes compilées quelques temps plus tard.