Le rôle de Rochambeau a effectivement été sous-estimé. C'est lui que Louis XVI désigne comme chef du détachement français et pas la Fayette dont il écarte la candidature car il le prend pour un m"as tu vu prétentieux qui n'a pas fait ses preuves. La Fayette n'inspirait pas non plus confiance à Washington qui ne lui confia de commandement que tardivement et jamais un grand commandement, trop impulsif. Mais la Fayette a su imposer son nom comme drapeau permanent en Amérique du concours français à l'indépendance. Il est vite devenu populaire dans les colonies américaines, se montrant partout et devenant un symbole. Le nombre des nobles français venus offrir leur vie pour le nouvel Etat est considérable. Les français de Rochambeau et de de Grasse (amiral) joueront sous leur commandement un rôle capital dans la victoire: " De Grasse dispose de 28 vaisseaux de ligne et 4 frégates. La bataille de la baie de Chesapeake (1781) livrée par François Joseph Paul de Grasse met en fuite une partie de la flotte britannique, détruit le reste, et encercle Cornwallis dans Yorktown, où il attend désespérément les renforts promis. L'action française est absolument décisive. La marine royale débarque plus 3 200 hommes venus des Antilles pour commencer l'encerclement des 8 000 Anglais, en attendant l'arrivée des 8 000 soldats de Rochambeau qui manœuvrent à marches forcées depuis Newport et en contournant New-York. De Grasse improvise une flottille de transport dans l'immense baie de la Chesapeake pour hâter leur arrivée, alors que Barras de saint-Laurent (12 vaisseaux, 18 transports de troupes) arrive avec l'artillerie de siège quelques jours après la bataille navale. Pour renforcer encore le contingent français, De Grasse n'hésite pas à débarquer 2 500 marins. C'est lui, en fait, qui mène toutes les opération terrestres et navales en attendant l'arrivée des troupes de George Washington, de La Fayette et de Rochambeau. Washington qui marche le long de la côte arrive à Williamsburg le 14 septembre, soit 14 jours après le début du débarquement français et 9 jours après la bataille navale. Le 17, de Grasse et Washington se rencontrent sur le navire amiral, le Ville de Paris pour organiser les opérations. À New-York, Clinton reste sans réaction, car il ne comprend pas la destination prise par Rochambeau et Washington. Lorsqu'il se décide enfin le 17 octobre à envoyer 7 000 hommes en renfort vers le sud, il est beaucoup trop tard. Cornwallis, qui n’a plus rien à espérer de la mer, se retranche au bout de la presqu’île, dans la petite bourgade de Yorktown. Le 29 septembre commence l’investissement méthodique de la place par les coalisés : 3 600 américains et 11 000 français. Washington qui a le commandement théorique mais qui n’a ni les effectifs, ni l’expérience de la guerre de siège, doit laisser faire les Français. Après douze jours et douze nuits passées à s’approcher des positions anglaises en creusant des tranchées, l’artillerie entre en action, Washington tirant symboliquement le premier coup de canon. Les nouveaux canons Gribeauval incendient deux des trois frégates dans le port, et concentrent ensuite leurs tirs sur les deux redoutes (forts), positions capitales pour les britanniques. Au feu terrestre s’ajoute le feu des canons de marine de De Grasse. Écrasée par cette pluie de boulets, la position de Cornwallis devient intenable, d’autant qu’il n’a presque plus de munitions et de vivres. Le 19 octobre, il doit capituler sans condition, avec ses quatorze régiments anglais et hessois (allemands). Cette éclatante victoire laisse aux vainqueurs 214 canons, 22 étendards et 8 000 prisonniers qui défilent en habit rouge entre une rangée de soldats français et une autre d’Américains. La nouvelle de la victoire est accueillie par des transports de joie dans toute l’Amérique et à Versailles. « Jamais la France n’eut un avantage aussi marqué sur l’Angleterre que celui-là » dit Rochambeau en triomphant. Lorsque les renforts britanniques arrivent, une semaine plus tard, il est trop tard, la Grande-Bretagne a perdu ses treize colonies d'Amérique. "
_________________ Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.
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