Alain.g a écrit :
... Comme pour les Druzes, il n'y a pas d'unanimité parmi les théologiens sunnites quant à l'appartenance à l'islam des alaouites.
Cela n'est pas vrai. Pour les juristes Sunnites la question est claire les Alaouites et les autres groupes du même genre (les Druzes, les Bahais ... etc.) ne sont pas musulmans. Pourquoi ? Parce que leur doctrine (
'aqîda) n'a plus rien de commun avec les principes et croyances de base de l'Islam, y compris les plus élémentaires d'entre eux.
Si je dois trouver un comparatif en guise d'illustration, je dirais que la différence entre l'Islam traditionnel et ces groupes équivaut à ce qui séparait en son temps le Christianisme de la "Grande-Eglise" des divers groupes gnostiques : ils pouvaient bien parler des mêmes choses ou des mêmes noms, mais d'une manière si différente et sur des bases si éloignées qu'ils n'avaient plus rien en commun. Donc, pour quiconque se réclame des doctrines de ces groupes tels que nous les connaissons (il faut aller dans leur contenu pour se rendre compte de l'écart), il n'y a aucune hésitation chez le commun des Sunnites : il n'est pas musulman.
Maintenant, ce qu'il y a lieu de comprendre, c'est que la législation islamique ne reconnait pas l'inquisition dans ce genre de choses. Autrement dit, la foi des gens est jugée uniquement par rapport à ce qu'ils déclarent et par rapport à leur comportement en publique : si quelqu'un se dit musulman et qu'il ne dit rien qui soit contraire aux croyances islamiques connues et reconnues comme telles, et que son comportement ne contredit pas ses paroles, nul n'est habilité à l'inquiéter, même lorsqu'on doute de sa sincérité (on dit qu'il est
munâfiq). Or, il se trouve que la doctrine des Alaouites et d'autres groupes du genre, pour des raisons historiques, pratiquent et cultivent ce qu'on appelle la
taqia ("dissumulation [de la véritable foi]") et son autorisés par leurs chefs religieux à se faire musulmans (ou mêmes chrétiens ou autre chose dans le cas des Alaouites) en publique. C'est à ce niveau que la question peut devenir problématique pour le juriste sunnite, c'est-à-dire face à la personne qui se proclame musulmane et qui se conforme aux obligations musulmanes à première-vue, et non par rapport à un alaouite qui proclamerait ouvertement sa croyance, par exemple, que
'Alî b. Abî-Tâlib est une incarnation de Dieu.