Aponie a écrit :
1/ Vous prétendez que "les rois" - lesquels ? les rois absolus, les tyrans, les despotes éclairés ? - avaient une relation de confiance avec leurs sujets et vous leur opposez les révolutionnaires. Mais, précisément, les révolutionnaires eurent pour dessein d'affranchir le peuple de cette relation. Des sujets ? Non, des citoyens.
2/ En vérité, la Révolution et les révolutionnaires ont été profondément ambigus. Dès le mois d'août 1789, on déclare la nation souveraine. Mais les hommes au pouvoir, en France, ne vont cesser de représenter une partie toujours plus infime de la nation. De l'Assemblée nationale à la Terreur, la représentativité fut toujours moindre (à cet égard, le suffrage universel en 1793 apparaît nettement contradictoire et ne doit pas faire illusion).
- Sur le 1/ On peut remarquer que Louis XVI institue pour la consultation du peuple, la rédaction de cahiers de doléances sur tous les sujets; le suffrage est quasiment universel pour l'époque relève F. Furet. Ce que ne feront pas les révolutionnaires qui institueront un cens, sauf en 1793. Mais les conventionnels se garderont de mettre en pratique le suffrage universel, ils suspendront la constitution. Des professeurs de droit pensent que la constitution dite de l'an I est "une oeuvre de propagande révolutionnaire et une manoeuvre destinée à ramener le calme dans les départements après la chute des girondins".
- pour le 2/: l'ambiguité des révolutionnaires est effective. La manière dont la Convention a été élue est assez révélatrice: on appelle les citoyens un par un et ils doivent verbalement donner leur avis devant un public excité. Sont écartés les domestiques et les émigrés et nobles suspects. peu de gens participent au vote. Si la constitution de 1793 prévoit un vote direct des députés par les électeurs des assemblées primaires, par contre les fonctionnaires et juges sont élus au second degré par des délégués des électeurs. Méfiance.
Mon idée est que les bourgeois et nobles qui ont fait la Révolution se méfiaient du peuple, ne l'estimaient pas et qu'
on ne peut dire que la démocratie était leur projet en constatant leur pratique électorale qui est restrictive et emprunte de défiance envers un peuple qu'on croit dans la main des prêtres et des nobles locaux.
Par contre et c'est un paradoxe que seul Furet évoque, le Roi lui a fait confiance au peuple par les cahiers et un suffrage presqu' universel. Le seul cas de suffrage universel appliqué avant 1848.