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Entre 1872 et 1904, rare sont les vrais accrochages entre l'Allemagne et la France au sujet de la question d'Alsace-Moselle. Hormis, peut être, l'affaire Schnaebele - l'affaire de Saverne est allemande, le boulangisme est relativement circonscris à la France.
Vous semblez oublier les graves incidents de 1873 (grave différend au sujet des chevaux achetés par une armée française, qui se relève trop vite pour les Allemands...), 1875 (où Alexandre II doit faire pression sur Guillaume Ier et Gortchakov sur Bismarck pour éviter l'affrontement militaire entre la France et l'Allemagne) et la longue tension de 1886-1887, dont l'affaire Schnaebelé n'est que le chant du signe, dans laquelle l'Etat-major allemand est décidé, comme en 1875, à réaliser une guerre de "prévention" à l'encontre de la France.
A chaque reprise, la revanche française est agitée par Bismarck afin de justifier les crédits militaires croissants qu'il fait voter par le
Reichstag.
La question de l'Alsace-Lorraine, but de cette revanche, y occupe une place fondamentale.
Il est donc faux d'affirmer qu'elle n'occupe pas de place dans les relations franco-allemandes entre ces dates. Qui plus est, cette "revanche" est plus dans l'esprit des Allemands que des Français. En effet, ce sont leurs journaux, leurs hommes politiques, leurs militaires et leurs diplomates (les cadres de l'Etat en fait...) qui y font référence.
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La plupart des historiens soulignent que, en 1914, l'idée de revanche est "éteinte" dans l'opinion public
C'est sans doute exact, même si "éteint" semble un peu fort. En "veille" serait plus juste.
C'est d'ailleurs ce qu'on peut lire dans l'autre discussion. Dommage que vous n'ayez pas posté à sa suite...
Mais, ce n'est pas "l'opinion publique" qui occupe les strates administratives des ministères, constitue les cadres de l'armée, forme le personnel politique et diplomatique de la République. Si on fait référence à de l'histoire socio-culturelle, il faut plutôt chercher dans ces directions.
Quant à l'école primaire ou l'enseignement de l'histoire ou de la géographie à l'Université, l'Alsace-Lorraine parait encore française, dans les esprits du moins. Ainsi, Vidal de La Blache dans son
Tableau de la géographie de la France de 1903 incorpore les provinces perdues dans son étude régionale de la France.
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Si l'on se penche sur l'engagement volontaire, il y a également des changements sensible qui pourrait s'expliquer par un désintérêt de la question alsacienne
Je ne vois pas trop la corrélation entre l'engagement militaire des Français et la récupération de l'Alsace-Lorraine. Pourquoi lier les deux ?
Au sujet des dates avancées, il est délicat de les comparer sans tenir compte du marqueur essentiel de 1889, la "loi Freycinet" qui rend à nouveau la conscription obligatoire pour tous les hommes. Je ne vois d'ailleurs pas ce que le boulangisme vient faire là...