Nous sommes actuellement le 18 Avr 2024 16:37

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 90 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6
Auteur Message
Message Publié : 16 Sep 2013 18:13 
Hors-ligne
Georges Duby
Georges Duby
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
Ajout sur Omar et Jérusalem, dans de Prémare:
" La reddition de Jérusalem eut lieu sous le califat d'Omar mais les sources grecques contemporaines n'en donnent pas la date et le nom d'Omar n'y apparait pas. Il faudra attendre la fin du siècle suivant pour que le nom d'Omar apparaisse en tant que conquérant de la ville sainte, chez Théophane puis chez les auteurs arabes au 9è siècle, bien que les informateurs de ces derniers ne soient pas unanimes sur la question."
Prémare ajoute que selon les chroniques syriaques de l'époque, Jérusalem tomba "sans que l'historie en fit un évènement considérable entre les mains d' un chef de tribu peu connu."

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Sep 2013 18:20 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
Message(s) : 507
Alain.g a écrit :
Il s'agit notamment des dirigeants musulmans qui offrirent aux chrétiens d'échanger Jérusalem contre des territoires plus riches, lors des croisades, montrant qu'elle n'était pas alors une ville sainte pour l'islam. mais une ville ordinaire, plutôt pauvre, alors que pour les croisés c'était le but de leur vie.

Pouvez-vous être plus précis … de quels « dirigeants » parlez-vous ???


Cordialement, Epsilon


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Sep 2013 18:33 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Sep 2009 20:11
Message(s) : 269
Localisation : France
Citer :
Il faudra attendre la fin du siècle suivant pour que le nom d'Omar apparaisse en tant que conquérant de la ville sainte, chez Théophane puis chez les auteurs arabes au 9è siècle
N'oublions pas qu'à ce moment, "la défaite était consommée" et il était donc très important d'être compté parmi les villes qui se sont rendues, et non parmi celles prises de force.

_________________
...Ma fin est mon commencement, et mon commencement ma fin... (G. de Machaut)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Sep 2013 21:12 
Hors-ligne
Georges Duby
Georges Duby
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
Epsilon a écrit :
Alain.g a écrit :
Il s'agit notamment des dirigeants musulmans qui offrirent aux chrétiens d'échanger Jérusalem contre des territoires plus riches, lors des croisades, montrant qu'elle n'était pas alors une ville sainte pour l'islam. mais une ville ordinaire, plutôt pauvre, alors que pour les croisés c'était le but de leur vie.
Pouvez-vous être plus précis … de quels « dirigeants » parlez-vous ???
1/ Dominique Sourdel (Sorbonne) dans l'histoire des arabes précise que les successeurs de Saladin acceptèrent en 1229 de "restituer Jérusalem"
2/Dans "pays d' islam et monde latin", collection clés-concours, 2001, de Gourdin-Martinez-Gros-Aillet-Markariou-Tixier-Carcerès, il est précisé que
"Al Kamil l'échangea (Jérusalem) contre l'alliance incertaine de Frédéric II"
" En 1229 par le traité de Jaffa Al Kamil rendait Jérusalem à Frédric II à condition de ne pas y édifier de murailles."
"Au début du 14è siècle, Ibn Taymiya ... réservait toute sa dévotion à la Mecque et Médine et en excluait Jérusalem, abandonnée aux juifs, aux chrétiens et aux "innovateurs" (Hillenbrard 1999, Flori 1999).

Wiki: " évènements concernant les Croisades qui sont survenus en 1229 : 11 février : Traité de Jaffa, entre Frédéric II et le sultan al-Kâmil : les villes de Jérusalem, de Bethléem et Nazareth ainsi que divers territoires sont cédées aux Latins(1).
17 mars : après avoir négocié la restitution de Jérusalem aux chrétiens, Frédéric II de Hohenstaufen entre dans la ville'1).
(1) René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X) "

Incontournable ! Jérusalem n' a pas toujours été une ville sainte de l'islam; de toute manière elle vient en 3è position.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 5:42 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Sep 2009 20:11
Message(s) : 269
Localisation : France
Alain.g a écrit :
"Au début du 14è siècle, Ibn Taymiya ... réservait toute sa dévotion à la Mecque et Médine et en excluait Jérusalem, abandonnée aux juifs, aux chrétiens et aux "innovateurs" (Hillenbrard 1999, Flori 1999)
Sauf qu'Ibn Taymiyya n'était pas une référence au XIVe siècle (même s'il le devient aujourd'hui à cause de l'influence wahhabite). A l'époque, déjà, il était regardé comme un extrémiste, sans cesse mis en prison...

Voici ce qu'en dit un autre auteur du XIVe, le maghrébin Ibn Khaldun (décidément, depuis hier, qu'est-ce qu'on le cite :mrgreen: ) : "Dieu -que Son Nom soit exalté !- fit choix de certains endroits de la terre afin de les ennoblir d’une manière spéciale et d’en faire des lieux de dévotion, où ses adorateurs recevraient une double récompense, une large rétribution. Il nous l’a appris Lui-même par la bouche de Ses envoyés et de Ses prophètes ; Il a favorisé ces lieux afin de donner à Ses serviteurs une marque de Sa bonté et de leur faciliter la voie du salut. Les trois mosquées de la Mecque, de Médine et de Bayt al-Maqdis sont les lieux les plus nobles de la terre, ainsi que cela est constaté par les deux Sahîhs. La Mecque fut la maison d’Abraham : Dieu lui ordonna de la bâtir et de sommer les hommes de s’y rendre en pèlerinage. Abraham construisit la Maison avec l’aide de son fils Ismaël, ainsi que cela est raconté dans le Coran. Il exécuta à cet égard l’ordre de Dieu. Ismaël et Agar demeurèrent à la Mecque jusqu’à leur mort, et plusieurs Jorhémides s’y établirent avec eux. On les enterra tous les deux dans le Hijr, endroit qui faisait partie de cette maison. Jérusalem fut la demeure de David et de Salomon, auxquels Dieu donna l’ordre d’y construire une mosquée et d’y ériger les bâtiments du temple. Aux alentours sont enterrés un grand nombre de prophètes, descendants d’Isaac. Médine est la ville qui servit de retraite à notre prophète. Dieu lui ordonna de s’y retirer, d’y établir la religion musulmane et de la répandre de là au loin. Il y bâtit la Mosquée Inviolable, et ce fut dans le sol de cet édifice qu’on creusa son noble tombeau. Ces trois mosquées sont les objets qui réjouissent le plus les yeux des musulmans, qui attirent leurs coeurs et qui servent d’asile à la religion. Les traditions au sujet de leur prééminence et des récompenses plusieurs fois redoublées qui seront accordées à ceux qui s’établiront dans leur voisinage et qui y feront la prière sont très nombreuses et bien connues" (al-Muqaddima, quatrième section)
Par curiosité, je vais voir quand même si je peux trouver les propos d'Ibn Taymiyya.

_________________
...Ma fin est mon commencement, et mon commencement ma fin... (G. de Machaut)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 6:52 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
Message(s) : 507
Alain.g a écrit :
" En 1229 par le traité de Jaffa Al Kamil rendait Jérusalem à Frédric II à condition de ne pas y édifier de murailles."

OK pour 1229 mais nous sommes à la SIXIEME croisade et qui prête à de multiples confusions ... notamment, comme vous le soulignez, concernant un « accord » avec les infidèles … « accord » permettant la récupération de Jérusalem sous plusieurs conditions … celle que vous soulignez mais plus dans le sens de « laisser les remparts en ruine » mais aussi de ne pas toucher aux lieux saints notamment le Dôme et la mosquée El-Aqsa … mais en plus que dans la cité elle-même l’autorité appartiendrait au gouverneur musulman.

Et de toute façon en 1244 les musulmans reprennent Jérusalem … ville qui à partir de cette date ne devait plus retourner dans des mains chrétiennes.

Mais je ne vois pas le rapport avec ce que vous avez dit : « Il s'agit notamment des dirigeants musulmans qui offrirent aux chrétiens d'échanger Jérusalem contre des territoires plus riches »


Cordialement, Epsilon


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 11:41 
Hors-ligne
Georges Duby
Georges Duby
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
J'ai approfondi depuis cette phrase et me suis aperçu en cherchant que de nombreux ouvrages faisaient état d'un manque de considération de dirigeants pour le statut de ville sainte de l'islam dont on peut supposer soit qu'il est intervenu tardivement, soit qu'il a été interrompu à la période des croisades dans le feu des combats.
Il existe une thèse selon laquelle Jérusalem a été au début de l'islam - lors de sa fondation, lorsque la religion musulmane a été créée à partir du judaîsme et du christianisme local -, la seule ville sainte, avant que la Mecque et Médine possèdent ce statut.
Il est donc possible dans cette hypothèse et en joignant avec le traitement de Jérusalem en 1229 notamment, d'étayer une thèse d'une sanctification selon le schéma suivant qui parait très plausible historiquement s'entend:
1/ Jérusalem seule ville sainte lors de la création de l'islam par détachement du judaîsme et du christianisme, religions qui étaient centrées sur cette ville, que cette ville !
La prière des premiers musulmans était tournée vers Jérusalem avant de faire le choix de la Ka' aba
2/ Choix de la Mecque et de Médine comme villes saintes ultérieurement, et abandon de Jérusalem ville sacrée des juifs et des chrétiens, depuis près de 2.000 pour les premiers et ville conquise après les autres et non par Omar mais par un chef subalterne. Une ville qui n'a pas été choisie comme capitale de la nouvelle province par les arabes conquérants. Ramleh sera la capitale des arabes.
3/ Enfin, ajout de Jérusalem comme 3è ville sainte de l'islam.
A noter que les musulmans n'appellent pas historiquement Jérusalem de ce nom mais de celui d'Illya en souvenir du Aelia capitolina romain après la destruction d' Hadrien en 132.

D'après le Que sais-je sur Jérusalem de Konoptiki, des oulémas traditionalistes voyaient dans l'attachement à Jérusalem un bid'a, une innovation à écarter. "De nombreux musulmans à Jérusalem priaient en tournant le dos à la Roche et vers la Kaaba.
Jusqu'au 12è siècle la controverse sur la sainteté de Jérusalem s'est poursuivie.
C'est finalement les croisades qui amenèrent les musulmans à sanctifier Jérusalem, appelée Al Qods, ajoute l'ouvrage, à partir de la conquête de la ville le 2 octobre 1187, "la controverse sur Jérusalem prit fin". Chaque fois que Jérusalem échappe aux musulmans, "la sacralisation de la ville fut renforcée" ??
Un hadith: "une prière à la Mecque en égale 10.000, une prière à Médine en égale 1.000 et à Jérusalem 500." (Rodinson)

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 12:41 
Hors-ligne
Salluste
Salluste
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 15 Sep 2009 20:11
Message(s) : 269
Localisation : France
Alain.g a écrit :
A noter que les musulmans n'appellent pas historiquement Jérusalem de ce nom mais de celui d'Illya
C'est d'ailleurs ce qui permet à De Prémare d'avancer la thèse d'une confusion au sujet du récit sur Omar : "Outre le fait qu'aucun des textes contemporains ou proches de ce temps-là ne mentionne 'Omar comme constructeur d'un oratoire sur l'esplanade, l'histoire des vêtements sales et déchirés de 'Omar est en fait la transposition sur l'hagiographie de Sophronios d'un récit islamique faisant partie de l'hagiographie de 'Omar, et dont on retrouve la trace chez Tabarî. Tout se passe non pas à Iîliyâ' (Aelia=Jérusalem) mais à Aylat (Eilat, sur le golfe de 'Aqaba), avec l'évêque local, lequel n'est pas nommé (...) La série d'informations fragmentaires se poursuit, évoquant 'Omar, non à Aelia/Jérusalem, mais à Jâbiya dans son rôle de répartiteur du butin et de législateur scrupuleux"

Alain.g a écrit :
"De nombreux musulmans à Jérusalem priaient en tournant le dos à la Roche et vers la Kaaba"
Ce point n'a guère de rapport avec la question de savoir si Jérusalem est ou non l'une des villes "saintes" de l'Islam.

_________________
...Ma fin est mon commencement, et mon commencement ma fin... (G. de Machaut)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 13:27 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
Message(s) : 507
Partons à la source et donc au Coran lui-même.

Le nom de Jérusalem n’apparaît pas dans le Coran … ttfois un certain nombre de versets, que je vais souligné, conduisent à intégrer cette ville dans le corpus coranique.

a) le cas du Jugement dernier qui dans la tradition juive et chrétienne doit intervenir à Jérusalem … nous pouvons donc supposer, au regard de l’apport de ces traditions dans l’élaboration du Coran, que le verset (50,41) : « endroit proche » fait bien référence à Jérusalem … et plus particulièrement le Dôme du Rocher,

b) dans le sacrifice d’Abraham (37,102-109) … bien qu’il y ait une incertitude s’il s’agit ici d’Isaac ou d’Ismaël … il n’empêche que la version biblique fait mention de Jérusalem … tandis que pour Ismaël il faudrait la placer à la Mecque ou à Minâ,

c) dans la sourate (17,1) il est question de « la mosquée sacrée » [al-masjid al-harâm] et de « l’oratoire/mosquée très éloigné/e [al-masjid al-aqsâ] … c’est, selon l’exégète traditionnelle, le « voyage nocturne » la désignation du « mont du Temple » [al-haram al-sharif] qui se trouve bien à Jérusalem.

Bon … sans rentrer dans les détails … initialement il serait probable que ce « voyage nocturne » aurait été fait directement en direction du Ciel/Paradis … ce n’est qu’ensuite que l’exégète aurait vue le Mont du Temple comme point de départ de l’ascension du Prophète,

d) ensuite vient les versets (2,142-150), dont vous faites référence, qui portent sur le changement de la « qibla » vers laquelle le fidèle doit se tourner pour faire sa prière … la tradition, bien que dans les versets il ne soit pas fait mention de « l’orientation initiale », veut que la première « qibla » devait être faite en direction de Jérusalem.

Mais certaines interprétations montreraient que la « qibla » coranique soit, en ses débuts, une copie de la « qibla » des manichéens … pour ces derniers la « qibla » change tout au long de la journée (vers le soleil, la lune ou les étoiles) … c’est un peu le sens du verset (2,144) avec les mots : « ta face en direction du ciel » … montrant ainsi que la direction de cette première « qibla » est bien le ciel et non pas Jérusalem … nous retrouvons cette direction vers le soleil levant/couchant (Orient/Occident) en (2,115) et (2,177) une autre affirmation qu’il ne peut s’agir de Jérusalem qui est au Nord.

Et après l’abandon de cette première « qibla » le Coran en garde quand même une trace en fixant le moment des deux principales prières (20,130).

e) enfin nous avons (10,87) qui n’est pas très clair … Tabarî comprend que les maisons, des juifs en Egypte, doivent être orientées vers la « qibla » c-à-d ici vers Jérusalem … mais c’est franchement vague comme extrapolation … c’est à se demander si le sens de « qibla » ici recouvre le sens commun !!!

Je ne suis pas convaincu d’une part par la « thèse selon laquelle Jérusalem a été au début de l'islam la seule ville sainte, avant que la Mecque et Médine possèdent ce statut » à la rigueur vous auriez dit Damas pourquoi pas mais Jérusalem non … et d’autre part : « C'est finalement les croisades qui amenèrent les musulmans à sanctifier Jérusalem ».


Cordialement, Epsilon


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 14:40 
Epsilon a écrit :
c) dans la sourate (17,1) il est question de « la mosquée sacrée » [al-masjid al-harâm] et de « l’oratoire/mosquée très éloigné/e [al-masjid al-aqsâ] … c’est, selon l’exégète traditionnelle, le « voyage nocturne » la désignation du « mont du Temple » [al-haram al-sharif] qui se trouve bien à Jérusalem.
Sauf qu'au moment du "Voyage nocturne" il n'y avait rien sur le Mont du Temple, en tout cas aucun temple juif depuis la destruction par Titus en 70...


Haut
  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 16:21 
Hors-ligne
Modérateur
Modérateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Jan 2009 15:49
Message(s) : 1443
On se trouve confronté, comme toujours lorsqu'on parle des tout débuts de l'islam, à l'absence des sources en dehors du Coran. Si l'ont utilise les hadiths, on est déjà dans des sources plus tardives, donc possiblement erronées, ou reflétant un contexte plus ancien ; si on cherche des sources uniquement muhammadiennes, hormis trois inscriptions qui se battente en duel et des papyrus en grande partie non déchiffrés, on n'a pour l'instant presque rien.

L'idée que Jérusalem était la première qibla (mentionnée dans Coran, II, 142) est assez plausible, étant donné la position de Muhammad envers le judaïsme dans les années mecquoise, et le revirement de cette position par la suite, lorsqu'il s'oppose aux communautés juives de Médine, qui se refusent à le reconnaître comme un Prophète.

Par contre, l'idée de Jérusalem comme 3e lieu saint de l'Islam apparaît dans un hadith de Bukhari parlant des pèlerinages : "On ne selle les montures que pour se rendre à trois mosquées : la Mosquée sacrée, ma mosquée, et celle de la mosquée éloignée." (publié dans le volume récent de la Nouvelle Clio : Bianquis, Guichard, Tillier, Les débuts du monde musulman, VIIe-Xe siècle, PUF, 2012, p. 266). Quelle que soit l'authenticité qu'on veuille attribuer à ce hadith pour les renseignements sur la période muhammadienne, il y a une certitude, c'est qu'il est mis par écrit au IXe s. Au IXe s., al-Aqsa est donc considérée comme l'une des trois mosquées pouvant engendrer un pèlerinage, au même titre que Médine et la Mekke. Il serait donc faux de parler d'une sanctification plus tardive, au moment des croisades.

De plus, l'édification du dôme du Rocher et de la mosquée al-Aqsa sont aussi deux éléments qui montrent une sacralisation de Jérusalem ; le lieu est hyper-symbolique, le plan du dôme reprend celui des martyria chrétiens, une immense inscription coranique décore l'édifice, la mosquée al-Aqsa est immense, et ses perpétuels remaniements prouvent sa charge symbolique. Des textes, dès le VIIIe siècle, lient le mi'raj à Jérusalem.

Après le déplacement du cœur de l'empire islamique vers l'est, à Bagdad et Samarra, Jérusalem perd une partie de son importance politique ; pourtant, les VIIIe-IXe s. sont les moment de construction d'une petite citadelle, disparue mais connue archéologiquement (M. Rosen-Ayalon, Art et archéologie islamique en Palestine, PUF, 2002, p. 92-94). Peut-être un peu plus ancienne que le début de la dynastie abbasside, mais occupée comme le montre une pièce datée 819 et un important matériel céramique.

Les Fatimides ont eux aussi donné une certaine importance à la ville, comme le montrent les inscriptions sur les murs du Dôme du Rocher et d'al-Aqsa. Les autorités interviennent pour la sauvegarde des monument, les embellissent d'inscriptions et de mobilier (notamment un minbar, disparu dans un incendie).

Par contre, après la croisades et avant la conquête ottomane, même si la ville connaît là encore des aménagements et des constructions très nombreuses (plus d'une centaine de monuments), elle est une bourgade provinciale, sans murailles pour la protéger, où on ne frappe pas de monnaies. Cette période est un âge d'or pour les pèlerinages, et la symbolqiue religieuse de Jérusalem est forte.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 17 Sep 2013 19:50 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
Message(s) : 507
Jean R a écrit :
Sauf qu'au moment du "Voyage nocturne" il n'y avait rien sur le Mont du Temple, en tout cas aucun temple juif depuis la destruction par Titus en 70...

C’est pour cela que je mentionne une tradition primitive … mais vous pouvez aussi prendre le sens de « masjid » comme désignant un « lieu sacré » et non pas une construction ad-hoc qui ne viendra que par la suite.


Cordialement, Epsilon


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Sep 2013 8:37 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 08 Déc 2010 14:07
Message(s) : 28
Alain.g a écrit :
ibn khaldoun a écrit :
Alain.g a écrit :
Il n'est pas sans intérêt de commenter les contradictions d'une religion dont on dit qu'elle se réclame de Jérusalem ville sainte, alors qu'en fait son texte fondateur n'en fait pas état et que dans l'histoire de la ville on relève des dirigeants pour qui elle n'est pas sainte mais ordinaire.
Le droit au commentaire est libre et les contradictions restent des contradictions. Elles ne disparaissent pas par décret.
Historiquement, il est passionnant de les relever et d'établir une histoire des faits et évènements concernant Jérusalem, ce qu'elle est censée être et ce qu'elle a été dans les faits: pas toujours une ville sainte de l'islam.
C'est cette histoire dont il est question dans le sujet. On peut étudier également Jérusalem et les chrétiens, théorie et réalité d'une appropriation de la ville sainte d'une autre religion.
Les chrétiens ont également tenté de s'approprier la ville sainte d'une autre foi. On doit pouvoir penser qu'ils n'y ont pas réussi, pas plus que les musulmans puisque la ville demeure marquée par sa première religiosité, peut-être à cause du mur. Tous ont du partager. Ce n'est pas ce qu'ils avaient prévu.
L'histoire de chaque appropriation est un beau sujet.

Quelle dirigeants, C Jérusalem ni pas une ville spécial pour quoi le khalifa OMAR et venu par lui-même malgré que Jérusalem et une petite ville au contraire de damas par exemple

Il s'agit notamment des dirigeants musulmans qui offrirent aux chrétiens d'échanger Jérusalem contre des territoires plus riches, lors des croisades, montrant qu'elle n'était pas alors une ville sainte pour l'islam. mais une ville ordinaire, plutôt pauvre, alors que pour les croisés c'était le but de leur vie.

Vous ressource.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Sep 2013 8:45 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 08 Déc 2010 14:07
Message(s) : 28
Alain.g a écrit :
Epsilon a écrit :
Alain.g a écrit :
Il s'agit notamment des dirigeants musulmans qui offrirent aux chrétiens d'échanger Jérusalem contre des territoires plus riches, lors des croisades, montrant qu'elle n'était pas alors une ville sainte pour l'islam. mais une ville ordinaire, plutôt pauvre, alors que pour les croisés c'était le but de leur vie.
Pouvez-vous être plus précis … de quels « dirigeants » parlez-vous ???
1/ Dominique Sourdel (Sorbonne) dans l'histoire des arabes précise que les successeurs de Saladin acceptèrent en 1229 de "restituer Jérusalem"
2/Dans "pays d' islam et monde latin", collection clés-concours, 2001, de Gourdin-Martinez-Gros-Aillet-Markariou-Tixier-Carcerès, il est précisé que
"Al Kamil l'échangea (Jérusalem) contre l'alliance incertaine de Frédéric II"
" En 1229 par le traité de Jaffa Al Kamil rendait Jérusalem à Frédric II à condition de ne pas y édifier de murailles."
"Au début du 14è siècle, Ibn Taymiya ... réservait toute sa dévotion à la Mecque et Médine et en excluait Jérusalem, abandonnée aux juifs, aux chrétiens et aux "innovateurs" (Hillenbrard 1999, Flori 1999).

Wiki: " évènements concernant les Croisades qui sont survenus en 1229 : 11 février : Traité de Jaffa, entre Frédéric II et le sultan al-Kâmil : les villes de Jérusalem, de Bethléem et Nazareth ainsi que divers territoires sont cédées aux Latins(1).
17 mars : après avoir négocié la restitution de Jérusalem aux chrétiens, Frédéric II de Hohenstaufen entre dans la ville'1).
(1) René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X) "

Incontournable ! Jérusalem n' a pas toujours été une ville sainte de l'islam; de toute manière elle vient en 3è position.

C une décision prise par des souverain pour des raison politique et militaire, c décisions était contesté par les oulama et les musulman en général.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 18 Sep 2013 8:56 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 08 Déc 2010 14:07
Message(s) : 28
Alain.g a écrit :
J'ai approfondi depuis cette phrase et me suis aperçu en cherchant que de nombreux ouvrages faisaient état d'un manque de considération de dirigeants pour le statut de ville sainte de l'islam dont on peut supposer soit qu'il est intervenu tardivement, soit qu'il a été interrompu à la période des croisades dans le feu des combats.
Il existe une thèse selon laquelle Jérusalem a été au début de l'islam - lors de sa fondation, lorsque la religion musulmane a été créée à partir du judaîsme et du christianisme local -, la seule ville sainte, avant que la Mecque et Médine possèdent ce statut.
Il est donc possible dans cette hypothèse et en joignant avec le traitement de Jérusalem en 1229 notamment, d'étayer une thèse d'une sanctification selon le schéma suivant qui parait très plausible historiquement s'entend:
1/ Jérusalem seule ville sainte lors de la création de l'islam par détachement du judaîsme et du christianisme, religions qui étaient centrées sur cette ville, que cette ville !
La prière des premiers musulmans était tournée vers Jérusalem avant de faire le choix de la Ka' aba
2/ Choix de la Mecque et de Médine comme villes saintes ultérieurement, et abandon de Jérusalem ville sacrée des juifs et des chrétiens, depuis près de 2.000 pour les premiers et ville conquise après les autres et non par Omar mais par un chef subalterne. Une ville qui n'a pas été choisie comme capitale de la nouvelle province par les arabes conquérants. Ramleh sera la capitale des arabes.
3/ Enfin, ajout de Jérusalem comme 3è ville sainte de l'islam.
A noter que les musulmans n'appellent pas historiquement Jérusalem de ce nom mais de celui d'Illya en souvenir du Aelia capitolina romain après la destruction d' Hadrien en 132.

D'après le Que sais-je sur Jérusalem de Konoptiki, des oulémas traditionalistes voyaient dans l'attachement à Jérusalem un bid'a, une innovation à écarter. "De nombreux musulmans à Jérusalem priaient en tournant le dos à la Roche et vers la Kaaba.
Jusqu'au 12è siècle la controverse sur la sainteté de Jérusalem s'est poursuivie.
C'est finalement les croisades qui amenèrent les musulmans à sanctifier Jérusalem, appelée Al Qods, ajoute l'ouvrage, à partir de la conquête de la ville le 2 octobre 1187, "la controverse sur Jérusalem prit fin". Chaque fois que Jérusalem échappe aux musulmans, "la sacralisation de la ville fut renforcée" ??
Un hadith: "une prière à la Mecque en égale 10.000, une prière à Médine en égale 1.000 et à Jérusalem 500." (Rodinson)

quelle oulama,le hadith ce trouve dans un livre ecrit par Al-Boukhari (810 - 870) alors avant les croisade.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 90 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 11 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB