Pauvre Cecil B., pauvre Sanson, pauvre Moïse...
Mais il est vrai que les mise en scène -à la ville- de certains acteurs (Valentino, Heston, Hudson, Dean). Certains durent même s'inventer une vie "plus virile que virile pour l'époque" face à des rumeurs.
Les flambeaux la nuit, ça plait toujours. De nos jours pour des "ouvertures" de "grands moments" -quels qu'ils soient- on ne lésine pas non plus sur le kitch avec les nouvelles technologies, les participants, la musique etc. En ceci rien de bien neuf pour la bonne raison qu'aussi loin que l'on remonte dans le temps ceci fit recette. Certains faisaient parader leurs régiments et personne ne songe à faire un parallèle. La force est exhibée, la marche qui va de mise et tout le monde est content. Ce genre de démonstration est toujours cautionnée et validée par une majorité prise en otage par ce biais. On aime, on en redemande, dehors les loosers... Nous avons eu dans notre Histoire ce style de démonstration et le sang a aussi abreuvé les sillons avec des discours qui faisaient recette -pour l'époque- et tant que la victoire nous attendait "en chantant" et "nous ouvrait la carrière, la liberté guidant nos pas"... On partait la fleur au fusil. Hitler a repris les recette en cours depuis des millénaire et les a adaptées.
Il nous arrive de ne pas être trop regardants sur le déploiement de fastes tant musicaux qu'à base de dessins géométriques organisés lors d'évènements sportifs se passant dans des pays dont la démocratie n'est pas le credo...
"La piètre allure" : je trouve que ce jugement est très personnel. Il a l'allure d'un homme "normal" pour son époque -une certaine classe même en trench et chapeau-, le concept de la normalité semble plaire,
tout le monde s'y retrouve donc et en cas de foirage, tout le monde en est plus ou moins l'auteur : c'est le but. On a vu : l'Allemagne était l'actrice de sa perte, elle devait en assumer les conséquences, toujours le même discours dans les mêmes moments -lorsque le winner passe au stade looser-.
L'hermétisme sur sa vie privée rend Hitler "attractif". Il est le père, le mari fantasmé, l'ultime espoir donc Dieu. Avoir les femmes de son côté, c'est un grand bon point (il faut voir les lettres reçues et combien le staff s'occupant des réponses fut abondé ; toute lettre ayant une réponse : ahurissant). Ménager le flou total sur sa vie privée, ceci a été "obligatoire". Hitler avait été échaudé par l'affaire de sa nièce. Par ailleurs sa demi-famille le pompait régulièrement. La mise en scène de la vie privée de Mussolini était pour lui une chose pathétique. Se balader torse nu sur la plage ou sur un cheval en roulant des yeux avec une chéchia sur la tête peut de nos jours paraître histrionique mais Mussolini a fait un tabac. Je pense que ce genre de démonstrations n'auraient pas été appréciées outre-Rhin. A noter que Mussolini n'a pas utilisé Verdi mais une musique plus martiale (maintes personnes ayant un rapport au public firent de même, il y a encore peu : chanteurs ou acteurs étaient priés -sur contrat- de paraître libres, disponibles pour le fan club).
La musique fut loin d'être uniquement du Wagner : Beethoven et Prokofiev furent tout autant à l'honneur mais Wagner passe bien car la personnalité sulfureuse de l'homme "colle" avec la démonstration que l'on prépare. Les costumes étaient d'Ugo Boss (c'est lui qui dessina les costumes des SA et surtout des SS). Là encore l'esthétique est de mise : noir et argent, ça jette ! Hitler bénéficiait d'une mise en scène, certes basée sur des lumières opposées au sombre. On faisait avec ce que l'on avait. Il faut voir là l'esthétique du "clair obscur", l'opposition : c'est binaire mais ça fonctionne. L'éclairage et soudain c'est presque le messie attendu qui apparaît. Les oreilles sont déjà ruinées par les décibels, l'attente a mis les nerfs à vif : tout ceci est encore employé à maints niveaux et fonctionne à tous les coups. On est dedans, on se sent acteur de ces grandes messes, on ne peut échapper à l'effet de groupe.
Mais là où je ne suis pas d'accord est d'écrire que tout est dans
"la mise en scène". C'est n'avoir rien compris. Le problème est justement qu'un autre n'aurait pas fait l'affaire sur la longueur parce-que passé la scène, il faut savoir se maintenir et en ceci Hitler a su.
C'est déjà justifier ou trouver des circonstances atténuantes en écrivant que n'importe quel guignol aurait
"fait l'affaire". On est bien loin du compte. C'est aussi faire fi du choix d'un peuple à un moment donné et là encore justifier beaucoup de choses par une soudaine cécité ou un abrutissement pathologique (à la fin du conflit, on verra des allemands défiler dans des camps sur ordre de chefs alliés, tourner les yeux ou mettre un mouchoir sur le nez, tout à fait à l'aise).
Si vous regardez l'élite, ne serait-ce que dans la SS. Beaucoup de doctorats de droit et autres lorsque ce n'est pas un cumul chez certains (tient Mengele : droit et médecine, je crois).
La mise en scène continue de nos jours et pour tout : de la vente de yaourts au top one des charts, en passant par la vénération ostensible, bref la récupération du cursus de personne(s) historique(s) et ce n'est pas pour autant que... Je suis étonnée que cette analyse vienne de vous.
Je songe au film "Apocalypse now" : enlevez la musique, le contexte de violence et ce n'est plus rien. Le casting ? Brando aurait pu être remplacé par Kinski (pas mal dans Aguirre). Ce qui a plu est la violence, les décibels, un chef de guerre et un titre racoleur. Encore et toujours.
Notez les récompenses -dans les années 70- et question : de nos jours ce film aurait-il autant marqué ? Non. L'époque a changé, tout simplement.