Un autre centenaire célèbre de la période napoléonienne : François-Ignace Narocki.
Il eut droit aux honneurs du Bulletin (le cinquante-quatrième, en date du 27 janvier 1807) :
« Un vieillard de cent-dix-sept ans a été présenté à l'empereur, qui lui a accordé une pension de cent napoléons, et a ordonné qu'une année lui fût payée d'avance. La notice jointe à ce bulletin, donne quelques détails sur cet homme extraordinaire.
[…]
Francois-Ignace Narocki, né à Witki, près de Wilna, est fils de Joseph et Anne Narocki ; il est d'une famille noble, et embrassa dans sa jeunesse le parti des armes. Il faisait partie de la confédération de Bar, fut fait prisonnier par les Russes et conduit à Kasan. Ayant perdu le peu de fortune qu'il avait, il se livra à l'agriculture, et fut employé comme fermier des biens d'un curé. Il se maria en premières noces à l'âge de soixante-dix ans, et eut quatre enfants de ce mariage. A quatre-vingt-six ans il épousa une seconde femme, et en eut six enfants, qui sont tous morts : il ne lui reste que le dernier fils de sa première femme. Le roi de Prusse, en considération de son grand âge, lui avait accordé une pension de vingt-quatre florins de Pologne par mois, faisant quatorze livres huit sous de France. Il n'est sujet à aucune infirmité, jouit encore d'une bonne mémoire, et parle la langue latine avec une extrême facilité ; il cite les auteurs classiques avec esprit et à propos. La pétition dont la traduction est ci-jointe, est entièrement écrite de sa main. Le caractère en est très ferme et très lisible.
Pétition.
Sire,
Mon extrait baptistaire date de l'an 1690; donc j'ai à présent 117 ans.
Je me rappelle encore la bataille de Vienne, et les temps de Jean Sobieski.
Je croyais qu'ils ne se reproduiraient jamais, mais assurément je m'attendais encore moins à revoir le siècle d'Alexandre.
Ma vieillesse m'a attiré les bienfaits de tous les souverains qui ont été ici, et je réclame ceux du grand Napoléon, étant à mon âge plus que séculaire, hors d'état de travailler.
Vivez, sire, aussi longtemps que moi ; votre gloire n'en a pas besoin, mais le bonheur du genre humain le demande.
Signé Narocki. »
Tardieu a immortalisé cette rencontre :