Le Juif Süss - Veit Harlan (1940)
http://www.youtube.com/v/-MGSQ-OLmUw"Le Juif Süss" (Jud Süss en Allemand.) C'est Joseph Goebbels, chef de la propagande Nazie qui demande aux studios Allemands en 1938 de produire des films à des fins raciste et antisémite. C'est ainsi que naît le "Jud Süss", en 1940. Le scénario de ce film a été entièrement tiré d'un livre écrit par un Juif, Lion Feuchtwanger, et réadapté de manière antisémite et raciste par les Allemands. La réécriture du scénario a été attribuée a Eberhard Wolfgang Moeller et à Veit Harlan. Ce film a été tourné et réalisé par Veit Harlan dans les studios de Babelsberg, sous la supervision de Goebbels .http://artetpouvoircmc.blogspot.fr/2012 ... gande.htmlUn excellent article :
L'incroyable destin du "Juif Süss"http://www.lepoint.fr/culture/2010-02-1 ... 9/0/424954J'ai enfin (!
) pu visionner ce film à la réputation sulfureuse : comme indiqué ci-dessus, il a été réalisé dans un but bien précis, servir la propagande nazie et donc antisémite.
Goebbels, en bon "publicitaire", était conscient du pouvoir de l'image et sa puissance émotionnelle inhérente.
"Le Juif Süss" n'est pas techniquement un mauvais film et c'est donc pour cela qu'il eut un certain impact (pour prendre un contre exemple récent, le film "La Rafle", en dépit de son sujet extrêmement grave, est franchement "tarte" (!). D'ailleurs, en rajouter dans l'émotion peut devenir très limite, "La Vie est Belle" de Benigni en étant un exemple).
Le "message", pour être efficace, doit s'appuyer sur quelque chose de crédible. La crédibilité, en ce qui concerne le film, c'est l'image du Juif, et les fantasmes associés.
Joseph Süss Oppenheimer correspond donc à tous les préjugés qui ont traversé les siècles : le Juif est fourbe, corrompu, amoral/immoral, vénal ("évidemment" !)...
Physiquement il est immédiatement reconnaissable. C'est ainsi qu' Oppenheimer n'hésite pas, afin de s'introduire au sein du milieu qui lui interdit de par ses origines, à ôter ses signes distinctifs, à se métamorphoser (les affiches du film montrées ci dessus montrent bien ce changement)... Une nouvelle preuve de cette "fourberie" (rien de tel qu'un masque pour tromper les gens).
En présence du duc, Süss, constamment, se courbe, ondule, dessine avec ses mains de curieuses arabesques http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Juif_S% ... film,_1940)
Evidemment, le héros du film est son antithèse.
Il est clair qu'un tel "message" ne pouvait que répondre aux attentes du moment.
Sur le plan de l'histoire du Cinéma, à noter qu'on retrouvera le fameux "Docteur Caligari" (film qui est un peu la figure de proue de l'Expressionnisme allemand), soit Werner Krauss, dans le film de Veit Harlan :
A propos, un titre de circonstance :
De Caligari à Hitler : ce titre célèbre caractérise en un significatif raccourci la période la plus riche de l'histoire du septième art allemand. En 1919, Le Cabinet du Dr Caligari ouvrait, en effet, l'ère de l'" écran démoniaque " et en 1993 Hitler brisait net le sonore. Entre ces deux dates l'expressionnisme témoigna des tourments de l'âme germanique tandis que le réalisme analysait une société en crise. Rarement le cinéma fut plus profondément enraciné dans la vie culturelle, politique et sociale d'un peuple. Siegfried Kracauer devint en 1920 le critique cinématographique de la Frankfurter Zeitung et il y demeura jusqu'en 1933. C'est dire qu'il a suivi pas à pas le développement du cinéma dans son pays. Théoricien de l'esthétique, historien, philosophe, il entreprend d'étudier la propagande et les films nazis lorsqu'il arrive aux Etats-Unis, ce qui le conduit à remonter le courant et à écrire une étude psychologique fouillée qu'il publie en 1947 : From Caligari to Hitler. Ce texte, le premier qui utilise en cette matière les conquêtes du marxisme liées à celles de la psychanalyse, montre que le septième art, mieux que tout autre moyen d'expression, révèle dans sa vérité complexe la mentalité d'une nation. Immédiatement, ce livre monumental s'imposa comme un classique.Bon, c'est totalement HS mais je ne peux m'empêcher de trouver une ressemblance entre Ferdinand Marian, l'interprète de Süss Oppenheimer, et le regretté Bruno Carette (Les Nuls) :
Comme quoi, même quand on évoque les pires moments de l'Humanité, on arrive à trouver matière à sourire.