Barbetorte a écrit :
Quand on libère un marché, le prix monte. C'est normal. Il ne faut pas céder. Les paysans vont se mettre à planter et ils récolteront le produit de leur investissement. D'ici deux ou trois récoltes, le problème sera résolu. Ce n'est qu'une question de timing.
Je... enfin... euh... Si vous pouvez me démontrer logiquement ce raisonnement, je vous propose tout de suite à la banque de Suède pour le prochain Nobel d'éco.
1. En cas de situation normale
Les gens ne stockent pas pour le plaisir de stocker!!! Ils achètent parce que les stocks sont bas. Une augmentation du prix indique une augmentation de la demande, celle-ci ne vient pas des consommateurs à priori puisque la situation est normale. Donc elle vient de ceux qui font des stocks pour le lissage futur de la consommation. C'est l'aspect positif de la spéculation, on remplis les grenier quand le blé est abondant (bon marché) et on les vide quand le blé est rare (cher). Donc la libéralisation ne créé pas une hausse des prix, elle révèle une faiblesse structurelle dans le système de stockage.
2. En cas de situation de disette
Comment faire pour révèler l'effet de la politique de libéralisation sur les cours du blés? Soit avec des procédures économétriques bien balèze, mais les données ne sont souvent pas assez bonnes, soit avec des anecdotes concordantes de sur-thésaurisation à grande échelle. Or cette recherche n'a pas été faite.
Donc l'effet dont vous parlez est théoriquement improbable et historiquement non prouvé...
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En 1775, la part de la consommation de pain dans le budget des ménages d'ouvriers était très importante. Une multiplication par trois du prix du pain était insupportable : les salaires ne permettaient alors plus d'assurer le minimum vital. Quand le niveau de vie est simplement celui de la subsistance en temps normal, on ne peut supporter une crise grave, même passagère. On meurt de faim.
On meurt de faim même sans disette. C'est l'époque de Parmentier. On abandonne le blé pour le seigle et les céréales pour les patates. Il y a un énorme problème structurel c'est ça qui fait mourir de faim, pas la politique du père Turgot.
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Il n'est pas du tout évident que les paysans allaient se mettre à produire plus par la suite. En tout cas, pas en une deux ou trois récoltes. Mais surtout, le problème n'était pas du tout une insuffisance structurelle de production. Les paysans produisaient ce qu'il fallait en conditions normales.
Non... ce serait cool de pas dire n'importe nawak. Lisez le héros sans peur et sans reproche (je veux dire JM Moriceau au cas où vous ne l'auriez pas reconnu). La productivité augmente, mais dans ces conditions la terre peut difficilement produire plus. Les forêts ont été coupées, les marais asséchées, dans la région parisienne, en Beauvaisis, en Bourgogne, en Normandie, on est au max.
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A supposer que ce fût possible, une augmentation significative et durable de la production agricole aurait eu pour conséquence une surproduction structurelle, ce qui est économiquement très malsain.
Illogique. Si il y a disette, c'est que la production n'est pas suffisante...
Je ne hasarderai pas à vous parlez du cycle du crédit paysan parce que ça compliquerait l'affaire, mais soyez sympa évitez de trop dire de bêtises, c'est mauvais pour mon cœur.
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La seule solution pour pallier les disettes est le stockage préventif et non spéculatif ou l'importation ponctuelle des quantités manquantes et revendues aux nécessiteux à un prix plafonné. Louis XIV avait ainsi importé de grandes quantités de grains certaines années pour compenser les insuffisances de production certaines mauvaises années, revendues à prix coûtant si ce n'est à perte et, en même temps, interdit le stockage. Il n'y avait rien d'autre à faire.
C'est marrant d'autres pays ont fait d'autres choses avec beaucoup beaucoup plus de succès... Par ailleurs, la population au XVIIIeme a augmenté d'un tiers, voire plus dans la moitié nord du royaume. Enfin, la suite prouve que ce n'est pas la seule solution... augmenter et diversifier la production fut la solution (plus de famines après 1815). Et puis bon, la liste des famines sous Louis XIV est assez longue pour que argument tombe de lui même.
Par ailleurs, quelle est la différence entre du stockage spéculatif et du stockage préventif. Encore une fois, si vous répondez à cette question c'est Nobel direct (et la sanctification en rab)
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Dans l'ensemble, les idées de Turgot étaient excellentes, mais il faut savoir réagir avec discernement dans certaines situations et non suivre aveuglement des lois générales qui sont adaptées en des conditions idéales mais peuvent se réaliser désastreuses en période de déséquilibre ponctuel. L''intervention de l'Etat est parfois indispensable. C'est ainsi que dans le courant du 20ème siècle il a fallu adopter des mesures temporaires diverses et indispensables telles que tickets de rationnement ou plafonnement des loyers ou de certains produits alimentaires sans remettre en question de façon générale le principe de la liberté de marché.
hmmm... neuf fois sur dix la limitation de la consommation par l'Etat au XXeme siècle vient des politiques inflationnistes de ce même Etat (ex: PGM, Mao, DGM, Staline, Ethiopie,...). Les politiques de plafonnement des loyers ont prouvé être une catastrophe sans nom (si vous ne me croyez pas, allez au Portugal et visitez les centres villes en ruine, littéralement en ruine).
Voilà c'est mignon l'histoire des idées, mais de temps à autres il faut faire gaffe à la réalité et — pour en revenir au sujet — la réalité c'est qu'il n'existe pas de preuves tangibles que la politique de Turgot a causé une augmentation indue du prix du blé.
Sérieusement, vous faites la même erreur que Mme Sigaut: ce n'est pas parce que vous réprouvez les raisons données (ou cachées) de l'action de Turgot que celles-ci ont eu un effet catastrophique.
[edit] Voila, désolé de déconner comme ça mais c'est un sujet qui me tient à cœur et qui est, je crois, super important donc j'ai tendance à être un peu plus énervé que je ne devrais, mais ça vient d'un bon sentiment.