Je suis sceptique à différents égards.
"...elle termine une vaste entreprise de décomposition politique du corps carolingien" :
Certes, mais ce qui aurait le mieux mis fin à la décomposition aurait été une seconde renaissance carolingienne. Je vois plutôt la féodalité comme une pérennisation d'une dislocation de l'Europe entre un grand nombre de principautés souvent éphémères. Mais c'est l'éternelle question de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide.
"La coïndence n'est pas fortuite entre développement de la féodalité et essor de la chrétienté comme de l'économie"
J'ai plutôt tendance à penser qu'elle est fortuite. Je ne vois pas de lien de cause à effet entre le caractère chrétien de l'Europe et l'apparition de la féodalité. D'ailleurs la féodalité n'est pas un modèle propre à l'occident. Le Japon a connu aussi une époque féodale caractérisée par des liens personnels entre seigneurs et vassaux.
"L'Italie visiblement a tiré d'énormes profits de la parcellisation du pouvoir."
L'Italie s'est considérablement enrichie mais je ne suis pas certain que la parcellisation du pouvoir y soit pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, cette parcellisation s'est faite autour de cités-Etats, les plus importantes étant des puissances maritimes. La féodalité a fort peu touché l'Italie.
"la constatation de la puissance militaire supérieure générée par la féodalité avec tous ces seigneurs grands et petits qui s'équipent et s'entrainent à la guerre" :
Cela a tout de même abouti aux désastres de Crécy et d'Azincourt. Du point de vue militaire, la féodalité apparaît comme une belle pagaïe. La création des ordres religieux militaires opérant sur les terres conquises au cours des croisades fut la solution trouvée pour mettre fin à la pagaïe et obtenir la constitution d'une force militaire continue dans son existence et dans son action et disciplinée, ces caractéristiques étant les conditions de son efficacité.
Citer :
avec elle, le roi, comme l'empereur, ne sont jamais que des "primus inter pares". Le lien personnel étant le plus important, le pouvoir réel du souverain se limite à son cercle de vassaux, forcément limité. Je me demande si cela n'a pas découragé la poursuite de la "monarchie universelle", et permis d'économiser de coûteuses guerres de conquêtes et d'unification, comme les civilisations impériales comme la Chine en ont connues.
L'onction donnait au roi et l'empereur un caractère sacré qui dépassait les liens personnels et leur conférait une légitimité qui manquait aux princes entrant en compétition ou en conflit avec le roi ou l'empereur.
Les guerres ayant préludé à l'unification de la Chine ont été coûteuses, mais, une fois réunie, la Chine a vécu beaucoup plus paisiblement à l'intérieur des frontières de l'ancien empire carolingien que les différentes principautés européennes qui n'ont jamais cessé de se combattre.