Merci pour vos contributions. Le sujet est beaucoup plus étendu que je ne pensais !
Poirot a écrit :
C'est en effet un sujet très intéressant. Les hommes du moyen-âge, soumis à une pression religieuse très forte, ont effectivement besoin de se moquer de cette même religion pour "décompresser". Cela prend la forme de moqueries envers le clergé (j'ai le souvenir d'enluminures ou de sculptures, même sur le tympan d'églises, se moquant de moines ou de prêtres). Mais aussi envers la religion, Dieu et les saints : un fabliau (récit court à vocation comique) décrit l'histoire
d'un homme conquérant le paradis grâce à ses "plaid", c'est à dire ses négociations de maquignon. Il met en scène St Pierre et Dieu lui même. Si il n'est pas grivois ou injurieux, il s'attaque quand même au sacré de façon comique.
Pas mal. J'avais également pensé à un conte sur Saint Yves, le saint patron des avocats, qui obtient son entrée au Paradis au motif que le refus de Saint Pierre ne lui a pas été notifié dans les formes.
Pour ce qui est de l'Église, en plus de la pression religieuse, je pense également que le peuple était parfaitement conscient que, si l'Église était nécessaire pour obtenir la Grâce divine, l'évêque ou l'abbé proche de chez eux était avant tout un seigneur féodal qui, de surcroît, réclamait un impôt supplémentaire, la dîme. Par ces gaudrioles, les gens se moquaient ainsi de ses prérogatives religieuses.
Si l'Église n'a pas sévi avant le XVIIe siècle, c'est probablement qu'elle ne le pouvait pas, son pouvoir n'étant pas assez assuré. Il est significatif que ce soit les Goliards qui aient encouru sa vindicte, puisqu'ils étaient déjà clercs. Leur punition fut souvent d'être privés de bénéfices religieux.
Lorelei a écrit :
En plus des caricatures de la Réforme, je me demande si les courants hérétiques, les ordres mendiants naissants et les querelles politiques du Grand Schisme d'Occident n'ont pas également alimenté les caricatures, en dénonçant périodiquement les frasques d'une partie du clergé.