De Villaret a écrit :
C'est en effet un cas tout particulier d'inflation qui est là ;on crée de la monnaie ,beaucoup de monnaie même,de la monnaie "convenable" de surcroît (puisque c'est de l'or),mais sans contrepartie en biens fournis ou disponibles ?
Il y a du y avoir énormément de conséquences en particulier sur le change or-argent et aussi sur les possibilités de crédits.
Maharbbal a écrit :
il n'y eu pas en Europe de retournement de l'arbitrage or/argent sur le long terme, on resta à un ratio proche de 1/10 ou 1/11.
Sur ces questions de la "valeur" des monnaies je vous invite à aller sur le site:
http://www.renaissance-france.org/rabel ... rgent.htmlOù vous trouverez en particulier le point suivant sur le système monétaire au XVIe s.
"Au XVIe s. Il convient de distinguer ce qui relève de "la monnaie de compte", qui est une sorte de monnaie théorique et ne correspond à aucune monnaie physique, et de l'autre côté "la monnaie d'échange", que sont les pièces de monnaie qui vont de main en main afin d'échanger des produits ou des services.
La valeur de n'importe quelle pièce (une pièce de métal, bien concrète) peut toujours s'exprimer en termes de "monnaie de compte". Dans son journal (1550-1560), le Sire de Gouberville fait mention de 32 différentes sortes de monnaie. Mais il réduit ses transactions courantes à trois dénominations : en plus de la "monnaie de compte", il utilise le DENIER, le SOU (12 deniers font 1 sou), et la LIVRE (20 sous font 1 Livre). Le ratio 12 -20 -1 est un ratio classique supposé rendre compte des valeurs respectives du cuivre, de l'argent et de l'or.
Où que les soldats Romains de l'Empire allèrent conquérir des terres, on retrouve des traces de ce système monétaire utilisant ces proportions (en Angleterre, 12 pence font 1 shilling, et 20 shillings font 1 Livre Sterling).
Il n'existe pas de pièce pour exprimer la monnaie de compte. Le roi fait frapper de la monnaie qui peut avoir une valeur en terme de monnaie de compte, et cette valeur fluctue en fonction de l'inflation, concept mal compris à cette époque. L'Espagne sortira exsangue de ce siècle en partie à cause de l'afflux incontrôlé d'or venant des Amériques.
LES PIECES SONNANTES ET TREBUCHANTES
Une pièce est généralement connue par l'effigie frappée sur une de ses faces, et non par sa valeur monétaire, qui n'est d'ailleurs pas indiquée. Si on adoptait ce système sur nos monnaies actuelles, l'Euro français s'appellerait "l'arbre RF". Et selon l'inflation ou la région dans laquelle cet Euro circulerait, il aurait une valeur de 0,90 Euro ou de 1,50 Euro.
L'unité de base de la monnaie en France est l'ECU AU SOLEIL. C'est la seule monnaie en or frappée depuis 1484. Sa valeur relative a fluctué à travers le siècle. A partir de 1574 elle reste stable à 3 livres par écu grâce à la politique anti-inflationniste d'Henri III.
Les monnaies les plus utilisées en France pour les transactions quotidiennes sont LE BLANC ou DIZAINE, une pièce de 10 deniers, et le GRAND BLANC, ou DOUZAINE, une pièce de 12 deniers. Elles sont faites de billon, un mélange de cuivre et d'argent. Il y a aussi le TESTON D'ARGENT, qui vaut dix sous (120 deniers). Le FRANC était une pièce d'argent qui valait à peu près 1 Livre. Il avait été frappé par Jean Le Bon en 1360 .
On trouve aussi de nombreuses pièces étrangères en circulation sur le territoire de la France. Ce qui prouve la valeur qu'on leur accorde. Les pièces espagnoles sont très appréciées, surtout dans l'ouest de la France, région dont ils occupèrent quelques zones (Le Fort de LORIENT fut construit par les Espagnols ) La monnaie anglaise a principalement cours dans les villes du bord de la côte, vers CALAIS. La plupart des monnaies étrangères en circulation ont une valeur importante, souvent supérieure à la LIVRE.
CRISE ET INFLATION
Le seizième siècle connaît une très forte progression des prix, ce qui entraîne dans sa seconde partie un appauvrissement du monde rural et des classes populaires urbaines (voir la Grande Rebeyne à Lyon). La ration journalière de pain pour un travailleur manuel ou un agriculteur est de 1.7 Kilos. Ceci représente 89% des calories d'un paysan. En 1500, un artisan gagne environ 4 sous par jour, ce qui lui permet de se payer 15 Kg de pain, soit 8 jours de nourriture. Ce même artisan en 1594 ne peut plus se payer que 9 Kg de pain, soit 4 jours de survie. Son pouvoir d'achat, on devrait plutôt dire sa capacité de survie, s' est divisé par 2 en l'espace d'un siècle. Un travailleur urbain lui n'a droit qu'à 5 ou 7 sous par jour, soit 2 jours de survie; et une femme travailleuse doit impérativement travailler chaque jour pour simplement survivre avec 3 sous. En 1500 les femmes gagnent en effet moitié moins que les hommes, et à la fin du 16ème siècle certaines ne gagnent plus qu'un seul sou par jour. Rappellons que les journaliers agricoles ne peuvent travailler que lorsque le temps le permet, et la durée totale de travail ne dépasse pas 1/3 de l'année.
Les travailleurs sous contrat sur une propriété agricole vivent d'un pourcentage sur la moisson. Celui-ci est habituellement de 10% en 1500, mais pas plus de 7% à la fin du siècle.
Un garçon de ferme ne peut guère se faire plus de 100 sous par an. Une fille de ferme aux alentours de 60 . Ils vivent au sein de la famille du paysan, sont nourris, logés et peuvent obtenir une paire de chaussure et une chemise par an."