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 Sujet du message : La traite intra africaine
Message Publié : 17 Mars 2015 10:26 
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C'est un sujet sensible mais il n'y a pas de raison que seuls les blancs prennent leurs responsabilités. On sait l'importance écrasante de la traite d'esclaves arabes, mais on insiste pas assez sur la traite intra africaine. Il existe des figures comme Tippo Tip sur qui il reste des documents alors pourquoi les occulter ? Devoir de mémoire, c'est dans tous les sens…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tippo_Tip

On sait par exemple que le roi Malien Mansa Musa s'est rendu avec 12 000 esclaves qui lui appartenait en Arabie Saoudite durant son pélerinage à la Mecque.

Comprendre l'Histoire du monde permet aussi de comprendre notre Histoire. C'est un ordre du monde différent ou ce sont des pratiques dramatiques et abjectes ?

_________________
Quidquid latine dictum sit, altum sonatur


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 17 Mars 2015 11:07 
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Inscription : 23 Jan 2009 15:49
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La formulation de votre message n'encourage pas à une discussion historique apaisée. Je laisse ouvert car le sujet en lui-même est intéressant, mais si l'on dérive vers des questions de culpabilité collective et de problèmes mémoriels, je fermerai. Il y a suffisamment de fils polémiques sur ce sujet.


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 23 Mars 2015 22:40 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,

Sujet intéressant en effet et apparemment d'actualité:

Sénégal : qui sont les esclaves du Fouta ?

_________________
"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 3:11 
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Hérodote
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Traditionnellement en Afrique de l'ouest les esclaves sont relativement bien traités grâce au système des captifs de case.
Ce système fait qu'un esclave né esclave de son propriétaire (c'est à dire de 2e génération) ne peut pas être maltraité et est considéré comme un membre de la famille. Un membre idiot et méprisé, mais un membre de la famille quand même.
Les esclaves pouvaient aussi obtenir des statuts enviables. Les ceddos,décrits par l'article de Yughurtha comme une composante de la noblesse,étaient en fait des esclaves servant de soldats. Les multiples avantages dont ils disposaient ont fait que la mémoire sénégalaise a retenue qu'il s'agissait de petits nobles fiers et batailleurs façon Hidalgo ou Junker.
Le jihadiste el hadj Oumar avait de nombreux esclaves dans son entourage auxquels il a donné des places importantes.
L'empereur du Mali Sakoura était un ancien esclave, pareil pour le roi Bambara N'golo Diarra. D'ailleurs les propriétaires d'esclaves Bambaras étaient connus pour travailler dans les champs aux cotés de leurs captifs.
Je pourrais multiplier les exemples de ce genre.

Bref , ce n'est pas que je veuille faire l'éloge de l'esclavage en Afrique de l'ouest, et le fait que ces pratiques perdurent officieusement est un problème, mais ce n'est pas comparable à ce qui a été pratiqué en Amérique par exemple.

Et le Fouta-Toro est un cas spécial. Il est connue pour avoir donné l'une des sociétés les plus hiérarchisés d'Afrique de l'ouest avec une sorte d'étiquette assez rigide.


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 7:19 
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Jean Froissart
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Soumaworo a écrit :
Bref , ce n'est pas que je veuille faire l'éloge de l'esclavage en Afrique de l'ouest, et le fait que ces pratiques perdurent officieusement est un problème, mais ce n'est pas comparable à ce qui a été pratiqué en Amérique par exemple.

Et le Fouta-Toro est un cas spécial. Il est connue pour avoir donné l'une des sociétés les plus hiérarchisés d'Afrique de l'ouest avec une sorte d'étiquette assez rigide.

Oui, vous en faites l'éloge dans la mesure ou il est conforme à une certaine représentation édulcorée générale d'un esclavage.
On retrouve de façon systématique la façon de présenter certains esclavages, notamment celui du monde musulman, de façon idyllique, ce qui justifie la revendication de nos jours d’un retour à l’esclavage.
Il y aurait eu donc un esclavage propre, celui pratiqué par des musulmans et un esclavage sale celui des mécréants qui ne savent pas traiter correctement les esclaves, il faut avoir un savoir faire que les méchants occidentaux n’ont pas..
Dans une certaine mesure le soumis par la loi religieuse est présenté comme un individu heureux et protégé, c'était le bon temps ou les soumis étaient protégés. On est maître ou esclave, ou soumis, de droit divin, ça ne se discute pas, ce n'est pas comparable.
Je ne partage pas du tout cette analyse compte tenu de ce que l’on sait de l’esclavage globalement, il n’y a pas de bons ou de mauvais maîtres en fonction de la confession.

On peut toujours présenter des cas isolés comme une généralité, ou qui étayent une tendance.
Que peut-on cultiver comme fantasmes sur l’esclavage si Obama a eu des ancêtres esclaves ?


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 8:28 
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Jean Froissart
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A ma connaissance, indépendamment du lieu, la condition d’esclave dépend essentiellement des besoins du maître et de la valeur marchande de l’esclave sur le marché ou de la rançon potentielle de restitution.
Si l’esclave est destiné à la vente il sera bien traité en fonction de l’usage pour lequel il sera vendu. Tout comme un cheval il aura plus de valeur si la dentition est saine.
Les besoins du maître ont une incidence déterminante :
- Homosexuels, hétérosexuels, ou pédophiles pour l’esclavage sexuel
- Rameurs dans les galères ou travaux domestiques ou travaux dans les champs.
- Guerriers, fonctions administratives ou de surveillance pour les castrés.
- ….

Le propriétaire dispose de son bien en fonction de ses besoins à son gré.


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 8:52 
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Jean Froissart
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Et bien évidemment certains salariés contractuels « libres » pouvaient être moins bien traités que certains esclaves, c’est un des arguments avancé par ceux qui revendiquent un retour à l’esclavage légal institutionnel.
De nos jours certains animaux de compagnie ont bien un sort beaucoup plus enviable que certains humains, faut-il pour autant créer un statut juridique qui défini la propriété "d'humain de compagnie" ?


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 10:48 
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Je vous signale simplement au passage qu'un livre est sorti sur le moyen-âge en Afrique subsaharienne, il traite a mon avis du sujet (je l'ai acheté mais pas encore commencé...), "Le rhinocéros d'or, Histoire du Moyen Age africain", Frabçois-Xavier Fauvelle. Une rareté !

_________________
Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 15:16 
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Je n'ai pas dit que cet esclavage était idyllique, j'ai dit qu'il n'était pas comparable à l'esclavage tel que pratiqué en Amérique : pas de tortures, pas de morts d'épuisements, possibilité pour l'esclave d'ascension sociale , esclave considéré comme un membre de la famille , possibilité pour l'esclave d'avoir des esclaves. Cela ne veut pas dire que l'esclavage ouest-africain est une bonne chose, cela veut juste dire que c'est un système moins dur que celui inventé par l'occident contemporain en Amérique.
D’où le terme de captif très souvent utilisé dans la littérature sur le sujet et préféré à celui d'esclave , car conquérants coloniaux puis administrateurs s'étaient rendus compte de la particularité de ce système plus proche sur certains points du servage que de l'esclavage. Vous allez surement m'expliquer que ces hommes étaient un tas complexés méprisant les mécréants dont ils faisaient partis lol

Et d'ailleurs pourquoi me parlez-vous d'islam ? Le système des captifs de case n'a rien avoir avec cette religion et les populations ouest-africaines traitant le plus mal leurs esclaves étaient justement les plus islamisées (Toucouleurs du Fouta, Marka de la boucle du Niger). On sent chez vous une certaine obsession, qui vous pousse vers le hors-sujet et vous rend assez délirant.
Je ne suis pas un imam, pas même musulman, et je ne suis pas entrain de parler de l'esclavage de tradition islamique, vous comprendrez donc que vos assertions sur les musulmans qui veulent rétablir l'esclavage me laissent de marbre, voir m'ennuient particulièrement.


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 16:16 
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Soumaworo a écrit :
... et vous rend assez délirant.

Merci de descendre d'un cran dans les invectives, Soumaworo.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 17:49 
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Jean Froissart
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Soumaworo a écrit :
Traditionnellement en Afrique de l'ouest les esclaves sont relativement bien traités grâce au système des captifs de case.
Ce système fait qu'un esclave né esclave de son propriétaire (c'est à dire de 2e génération) ne peut pas être maltraité et est considéré comme un membre de la famille. Un membre idiot et méprisé, mais un membre de la famille quand même.
Les esclaves pouvaient aussi obtenir des statuts enviables. Les ceddos,décrits par l'article de Yughurtha comme une composante de la noblesse,étaient en fait des esclaves servant de soldats. Les multiples avantages dont ils disposaient ont fait que la mémoire sénégalaise a retenue qu'il s'agissait de petits nobles fiers et batailleurs façon Hidalgo ou Junker.
Le jihadiste el hadj Oumar avait de nombreux esclaves dans son entourage auxquels il a donné des places importantes.
L'empereur du Mali Sakoura était un ancien esclave, pareil pour le roi Bambara N'golo Diarra. D'ailleurs les propriétaires d'esclaves Bambaras étaient connus pour travailler dans les champs aux cotés de leurs captifs.
Je pourrais multiplier les exemples de ce genre.

Bref , ce n'est pas que je veuille faire l'éloge de l'esclavage en Afrique de l'ouest, et le fait que ces pratiques perdurent officieusement est un problème, mais ce n'est pas comparable à ce qui a été pratiqué en Amérique par exemple.

Et le Fouta-Toro est un cas spécial. Il est connue pour avoir donné l'une des sociétés les plus hiérarchisés d'Afrique de l'ouest avec une sorte d'étiquette assez rigide.

Pourriez-vous nous transmettre des références qui attestent l'ensemble de vos écrits ?
Votre discours est très instructif, je vous répondrai point par point après m’être instruit.
Dans cette attente je laisse la parole à ceux connaissent les attraits de cet esclavage, aux érudits.


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 22:04 
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Jean Froissart
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Dans l’attente de références, j’ai commencé à parcourir ce document du site de l’UNESCO :

Tradition orale et archives de la traite négrière
http://unesdoc.unesco.org/images/0012/0 ... 23750f.pdf


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 14 Juin 2015 22:46 
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Sur les captifs de case en général :
http://catherine.abbat.free.fr/FondsAbb ... avage.html
Un cas particulier, les Gouins du Burkina:
http://africanistes.revues.org/2213
Un autre cas particulier, celui des Wogos et des kurteys du Niger :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _40_2_1966
Dans les faits il n’y a que des cas particulier mais cela donne une bonne idée du système. Les musulmans ouest-africains sont avant tout des ouest-africains, même si leur culture est réadaptée sous le prisme de l'islam, donc ils ont les mêmes structures sociales avec des castes, des captifs de case, la parenté à plaisanterie etc,etc...
Je rajouterais deux citations.

« l’esclavage au Sénégal n’est, pour parler exactement, qu’un servage héréditaire. Les individus qui font partie de cette classe la population constituent toute la domesticité, tous les ouvriers, laboureurs compris. Ils jouissent de privilèges, de garanties parfaitement définies et pour lesquelles les peuplades du Sénégal ont un très grand respect »
Ce sont les propos d’un gouverneur du Sénégal nommé Jauréguiberry et cité par V. Schœlcher dans son « esclavage au Sénégal » paru en 1880.

« Le captif n’est point un esclave dans le sens strict du mot, mais un serviteur de case vivant dans la famille, relié à ses membres par des sentiments qui exercent une emprise sur leurs relations réciproques. » Ces propos-ci viennent de E.Piner-Laprade, lui aussi gouverneur du Sénégal et cité dans le rapport Deherme sur l’esclavage en AOF.
Quand à moi je tire ces deux extraits de l’ouvrage « Le Kajoor au 19e siécle : Pouvoir ceddo et conquéte coloniale » de Mamadou Diouf.

Parlons justement de ces fameux Ceddos. Leur vrais nom est jaami bur , ce sont des esclaves-soldats appartenant à la couronne et servant de troupes d’élites aux armées Wolofs.
« Les jaami-buur, les esclaves de la couronne, sont aussi appelés fekk-bayyi ou fekk-bayyeetil (esclaves permanents) pour exprimer l’idée qu’ils n’appartiennent à aucun souverain ou aucune famille royaule en particulier, qu’ils doivent servir la royauté »
« Ces esclaves proviennent en général des guerres ou de razzias dans les pays limitrophes. La tradition orale prétend même que des sujets démunis ont préféré, pour survivre dans des périodes difficiles, se mettre au service de leur souverain en devenant ses esclaves pour profiter des avantages matériels du pouvoir. L’origine des plus importants d’entre eux, souvent ancienne, se perd dans la nuit des temps. Ils sont les principaux soutiens du pouvoir dont ils constituent la force armée permanente, formant, aussi, la garde personnelle du roi. Leurs représentants occupent des fonctions élevées et remplissent des charges de confiance, des mission délicates exigeant une fidélité totale au souverain. Ils sont les plus sur exécuteurs de la volonté de celui-ci. » Tiré de « La société Wolof : tradition et changement » d’Abdoulaye Bara Diop.

Et voici l’article de wikipedia sur les ceddos. Il est bourré d’erreurs.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ti%C3%A9dos
Ce sont justement ces erreurs qui le rendent intéressant, on y voit l’image que la mémoire sénégalaise a retenue des jaami-buurs. Ils sont décrits comme de petits nobles et l’on nous explique que le terme ceddo (qui se prononce tiédo) désigne à l’origine la tradition Wolof. Dans un lien lié à cette page ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Mbegnu ) il est dit que les ceddos seraient les descendants des rois guerriers du Ghana et assuraient la sécurité des populations locales. En lisant cela on imagine facilement un genre de table-ronde sénégalaise ou siégeraient des chevaliers ceddos.
Tout cela est faux.
Le terme ceddo ne désigne pas la tradition Wolof, il vient du Peul. C’est le terme par lequel les Peuls du Sénégal désignaient tous les populations ne parlant pas le Peul ,d’ailleurs je met ceddos au plusieurs mais en fait on devrait dire sebbe , par dérivation un grand nombre de Peuls et de Toucouleurs (pour faire simple les Toucouleurs sont un sous-groupe de Peuls) étant islamisés et les populations les entourant ne l’étant généralement pas le terme ceddo a fini par aussi désigner le païen.
Lorsque le conquérant Peul Koli Tenguella s’est lancé à la conquête du Tekrour (alors sous l’autorité de l’empire Djolof) il a rallié certains des chefs jaami-buur ainsi que leurs armées, leur promettant au passage le statut d’hommes libres. Notons qu’en fait leur statut n’a absolument pas changé. Hors Tenguella avait déjà recruté un bon nombre de guerriers issus d’ethnies non Peules lors d’une épopée qui le mena des savanes du Mali aux forêts de Guinée puis des forêts Guinéennes aux étendues sableuses du Sénégal et qui s'acheva dans ce fameux Tékrour. L’on se mit alors à désigner par le terme de ceddo les soldats permanents de Tenguella et de ses descendants qui étaient souvent d’origine non-peule et qui pour couronner le tout étaient a peu prés tous païens. Même les Peuls et Toucouleurs de ces armées furent considérés comme ceddos.
Je ne sais pas vraiment comment (surement à cause de la suzeraineté que les Peuls exercèrent sur la Sénégambie de la fin du 16e siècle jusqu’à la seconde moitié du 17e siècle) mais le terme ceddo finit par être repris par les Wolofs eux-mêmes pour désigner les esclaves-soldats jaami-buur et parfois les populations fidèles aux religions traditionnelles.
Puis la mémoire sénégalaise à transformée ces esclaves-soldats en petit noble ,voir semble t-il en roi-guerriers.
Cela peut paraître étonnant mais en se penchant plus prés sur la condition du ceddo ne l'est pas tant que ça. Les chefs jaami-buur avaient un statut les rapprochant de l’aristocratie, certains étaient de fait des seigneurs féodaux ayant autorité sur un territoire et disposant d'une armée formée de ceddo de rangs inférieurs. A la fin de la période précoloniale ils n'hésitent plus à lorgner sur le pouvoir. Quand au simple soldat ceddo sa situation était finalement supérieure à celle du simple paysan libre.
Il était du coté du pouvoir, pouvait piller et le faisait régulièrement, tandis que sa condition d'esclave le dispensait de toute retenue dans son comportement : en Afrique de l'ouest le noble en particulier, et plus généralement l'homme libre, se distingue par son attitude digne et contrôlée, inversement l'esclave n'est pas sensé connaitre la honte et est poussé à tous les débordements. D'ou le comportement provocateur, la réputation d'alcoolique et les mœurs très libertines des guerriers ceddos.


Pour les captifs d’el hadj Oumar je me contenterais de citer un certains Django (étonnant n’est-ce pas ?) qui fut nommé gouverneur de Koundian. D’ailleurs el hadj Oumar utilisait lui aussi des esclaves-soldats, les sofas, mais contrairement aux jaami-buur ceux-ci étaient attachés à sa personne.

Pour Sakoura et N’golo je me contenterais de liens wiki, ça ne veut pas grand-chose, surtout les articles sur l’Afrique qui donnent souvent une image mythifiée de la réalité comme je l’ai montré avec l’exemple des ceddos, mais les articles sont très courts et ne disent en substance pas grand-chose de plus que le statut servile qu’eurent au début de leur vie ces deux souverains.
Sakoura :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sakoura
N’golo :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ngolo_Diarra
A noter que les armées Bambaras étaient formées d’esclaves, les tonjon.


Et enfin je me répète je ne fais pas l’éloge de l’esclavage ouest-africain seulement, et tout ce que je viens d’écrire ou de rapporter le montre, celui-ci n’est pas comparable avec l’esclavage pratiqué en occident (pour l’esclavage en pays islamique je n’y connais pas grand-chose).
Vous dites, je vous cite « A ma connaissance, indépendamment du lieu, la condition d’esclave dépend essentiellement des besoins du maître et de la valeur marchande de l’esclave sur le marché ou de la rançon potentielle de restitution. ». La réalité est plus complexe. L’esclavage est avant tout une institution sociale, avec ses codes et ses normes. Il prendra un visage différent, plus ou moins brutal, selon ces codes et ces normes indépendamment des besoins du maître ou de son caractère.
En Afrique de l’ouest ces normes font qu’il existe de nombreuses limites à l’exploitation de l’esclave et le maître qui les dépasserait s’exposerait à l’hostilité de la communauté ou se verrait privé de son esclave.
Oui l’esclavage pratiqué en occident a été beaucoup plus brutal et cruel que celui pratiqué en Afrique de l’ouest. Je ne vois pas ce qu’il y a d’inacceptable ou d’incompréhensible dans ce fait. Ce n'est pas non plus de l'anti-occidentalisme de le faire remarquer. C'est un fait, c'est tout.
Ça ne fait pas pour autant de l’esclavage ouest-africain une institution positive, il ne l'était pas pour la majorité des esclaves. Le fait que de nombreux esclaves aient profites de la conquête coloniale pour s’enfuir en territoire français et obtenir leur liberté le prouve. Mais pour reprendre votre expression cet esclavage était moins sale que celui pratiqué en Amérique certainement.


Dernière édition par Soumaworo le 14 Juin 2015 22:51, édité 2 fois.

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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 16 Juin 2015 9:31 
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Jean Froissart
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Inscription : 26 Août 2008 7:11
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Localisation : Corsica
@Soumaworo
Merci pour ces informations concernant les « capturés » dont je méconnaissais l’ampleur, je comprends mieux.

Effectivement, il y a un problème de vocabulaire et de définition :
Citer :
« La distinction doit être faite, entre l’esclavage proprement dit et la traite, qui est le commerce des esclaves (mais pas seulement), et, au sein même de l’esclavage entre le statut d’”esclave de traite” et celui de “captif de case”. Il est avéré que les “captifs de case” au Sénégal bénéficiaient d’un traitement infiniment plus enviable que celui des esclaves de traite. Employés par les signares, ils avaient une condition de domestiques, vivaient parmi elles dans leurs cases, et ne pouvaient être revendus. Beaucoup d’entre eux restèrent d’ailleurs au service de leurs maîtres une fois affranchis.».


Notons que des situations analogues ne sont pas spécifiques à l’Afrique, on retrouve des actes notariés de cession « d’esclaves domestiques » dans l’Europe méditerranéenne au moins, je n’en connais pas l’ampleur, la littérature est curieusement assez pauvre sur ce sujet.

N’étant absolument pas un spécialiste de la question, il me faut plus de temps pour analyser ces notions qui sont complexes et très diverses, comme par exemple le cas d’individus qui sont des « esclaves volontaires » pour échapper à la famine, on vend sa liberté pour échapper à la mort ou à des conditions de vie déplorables.
Dans une certaine mesure on se retrouve dans une situation équivalente pour les immigrés clandestins qui risquent leur vie pour échapper à leur condition.

Globalement je reste quand même assez convaincu que la condition de l’esclave dépendait, dépend, essentiellement des contextes économiques et des besoins des maîtres.
La fonction d'esclave galérien a disparu avec la disparition des galères, les maîtres de tous bords et confessions ne sont pas devenus plus humains.
L’humeur, le comportement des maîtres, humains ou inhumains, sont assez indépendants du lieu on l’on se trouve.
Si l’on admet qu’il n’y a pas lieu de faire de la discrimination pour justifier l’esclavage, la discrimination pour les maîtres est du même ordre, l'un ne va pas sans l'autre.
Le fait d’établir une hiérarchie des maîtres, plus ou moins bons ou mauvais, revient à justifier l’esclavage sur des bases discriminatoires.

J’ai retrouvé la référence suivante qui aborde des aspects juridiques intéressants.

"L’esclavage au Soudan français : 1848-1931", In Captivité et abolition de l’esclavage dans les colonies françaises ouest-africaines — Analyse juridique, historique et anthropologique

http://www.academia.edu/3630439/_L_escl ... opologique

Ce document cite une source qui semble aussi intéressante que je n’ai pas retrouvée :
Source :Rapport sur la répression de la traite des esclaves au Haut Sénégal Niger, 1894-1904, ANM,FA, 1E 156.)


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 Sujet du message : Re: La traite intra africaine
Message Publié : 16 Juin 2015 10:53 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 26 Août 2008 7:11
Message(s) : 1339
Localisation : Corsica
Kurnos a écrit :
Notons que des situations analogues ne sont pas spécifiques à l’Afrique, on retrouve des actes notariés de cession « d’esclaves domestiques » dans l’Europe méditerranéenne au moins, je n’en connais pas l’ampleur, la littérature est curieusement assez pauvre sur ce sujet.

Concernant l’esclavage domestique pratiqué par les dits occidentaux :
Kurnos a écrit :
Complément :
Un exemple de vente inverse, que je viens de découvrir, qui témoigne de la valeur économique de l’esclave, à cette époque le commerce d’individus était institutionnalisé et généralisé. :
Source : histoire d’une pieve de Lota Chanoine SARAVELLI RETALI – Chapitre l’esclavage Page 165 :

« Un acte notarié nous apprend la vente d’une musulmane, par un propriétaire d’Oletta, au curé de San Gavino »

viewtopic.php?f=73&t=15782&p=401211&hilit=retali#p401211

On peut toujours supposer que le curé était de bonne moralité, que l’esclave domestique avait des conditions de vie convenables, il en demeure pas moins qu’il était propriétaire de l’esclave par acte notarié.
Peut-on en déduire que ces esclaves avaient un sort acceptable par rapport aux autres traites ?


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