Duc de Raguse a écrit :
...tout s'effondre en quelques heures. pour des régimes qui ont existé pendant plus de 15 ans, c'est assez surprenant.
Même les contemporains en seront surpris... de cette vitesse ! Cependant avant février, on aurait pu deviner que la situation ne pouvait continuer :
11/47, Considérant (CG de la Seine) :
"Nous voulons une réforme pour conjurer les tempêtes de l'avenir"01/48, Tocqueville à la Chambre :
"Il existe dans le pays ce sentiment précurseur des révolutions qui souvent les annonce, qui quelquefois les fait naitre"Des dangers précis ne pèsent pas sur le régime. C'est plus la démission des catégories dirigeantes que la pression révolutionnaire qui provoque la fin de la monarchie de Juillet, qui avait été plus secouée que celle de février 1848.
Crise de conscience, crise conjoncturelle, crise de structure d'une société et d'une économie qui opère difficilement son passage dans une société industrielle.
Il serait bon aussi de creuser dans ces sens au lieu de s'en tenir à acter de l'explosion parisienne du chaudron français.
Ces crises profondes sont compliquées en surface par des évènements d'ordre divers. Une rupture de l'alliance anglaise qui amène le régime à se solidariser avec des puissances contre-révolutionnaires, ce qui est interprété par une grande partie de l'opinion française comme un détour de ses origines ; un souverain trop vieux et un ministre trop sûr de lui ; des mauvaises récoltes et des scandales compromettant des dignitaires. Cette addition de mouvements en profondeur et des évènements en surface fait l'étincelle de 1848.
Il faudrait remonter en 1846 et aux mauvaises récoltes, le contrecoup sur l'activité industrielle, la crise financière qui en découle, les effets sociaux inhérents, l'opinion devant la crise et ce sur toute la France.
La crise morale et idéologique des catégories dirigeantes -
"...personne ne juge l'état moral de notre temps plus sévèrement que moi et personne n'est plus convaincu que moi que le mal est profond." (Guizot)- entraîne une crise d'autorité et une peur sociale. Le déclin de l'idéologie libérale peut aussi être creusé tout comme celui du sentiment monarchique.
Le régime s'est effondré à Paris, il eut été étonnant que ce soit à Brive la Gaillarde. Louis-Philippe pour justifier son abdication dira :
"... Contre une insurrection morale, il n'y avait ni à attaquer ni à se défendre."Une confrontation des différents aspects mentionnés ajoutée à l'usure des structures sociales et politiques seraient intéressante, avec bien sûr une vue synoptique de la France.
A Paris ni Molé ni Thiers ni Barrot ne peuvent ou veulent agir et c'est l'émeute, conclusion épidermique d'un mal plus profond.
Par son entêtement -long- à refuser de voir la réalité, un excès de confiance en son sens politique et soudainement un abattement et une abdication qui jette la confusion, Louis-Philippe emporte dans ses malles le régime de Juillet.
Démission de la Chambre où la majorité ministérielle existe cependant plus ministérielle que dynastique, plus soucieuse de sa sécurité que du maintien d'un régime en décomposition.