Narduccio a écrit :
L'histoire est une re-écriture des évènementsels qu'ils ont été vécus par un ensemble de personnes. Logiquement, l'historien cherche à une impartialité complète. Pratiquement, certains observateurs vont lui sembler plus crédibles que d'autres, ou mieux placés pour avoir la vision la plus juste possible des évènements. Sans parler des attirances personnelles ou des proximités au niveau des idées ou de la religion.
La question de l'impartialité de l'historien ne se pose pas en ces termes, me semble-t-il. La question n'est pas de tendre à la "vérité" (comme vous le dites fort bien, l'histoire est toujours en réécriture, et l'historien se doit d'être révisionniste), mais à une lecture crédible des événements. Les bons historiens sont impartiaux dans leur approche des sources - ils n'en laissent pas une de côté parce que cela arrange leur sensibilité, ou parce que cela remet en cause leurs postulats. C'est l'approche des sources qui marque l'historien impartial, pas l'interprétation qui en est faite.
On a parlé de Guillemin, tiens, sur un autre fil. Voilà une histoire de Gauche ! Et assumée. Mais Guillemin, bien que j'éprouve une affection certaine pour l'érudit, et une sensibilité à ses idées, eh bien, c'est un mauvais historien, à n'en pas douter. Il écarte les sources qui l'embarrassent, conservent celles, parfois discutables, qui valident ses postulats. De la mauvaise histoire, à n'en pas douter, même si on peut prendre plaisir à le lire, ou l'écouter - en faisant la part des choses.
A l'inverse, des historiens comme Yves Benot, Jean-Paul Bertaud, Marc Belissa ou Yannick Bosc (je prends des historiens que je connais bien, spécialistes d'une période que je connais également), et bien ce sont des historiens de gauche, assurément, mais ils approchent les sources en professionnels et savent mettre de côté leurs affinités politiques pour écrire de l'histoire. Sans doute leur sensibilité les fait s'orienter sur tel ou tel thème de recherche, mais je ne crois pas qu'on puisse discuter leur impartialité.
Donc, oui, à mon avis, une histoire peut être impartiale. Quant à l'objectivité, elle n'est pas synonyme de vérité. Et puis hors les mathématiques, on peut même doute de son existence. La lecture de La carte n'est pas le territoire, d'Alfred Korzybski, m'a définitivement guéri des grands esprits parlant d'objectivité réelle. Parlons plutôt d'honnêteté, pour les historiens. Ou d'éthique, si vous préférez.
Les journalistes écrivant leur roman national, pour sûr, sont des personnes on ne peut plus malhonnêtes. Mais des historiens éthiques, de gauche ou de droite, il y en a des tas.