Voilà des échanges qui nous ont fait dériver (et surement déborder) du sujet initial de ce fil !!..peut-être faudrait-il en initier un autre qui soit plus approprié à ce débat ?
Aussi, je me contenterais, sans vouloir emporter le dernier mot, des quelques remarques liminaires et suivantes à votre dernier post :
CNE_EMB a écrit :
Pour l'analyse décontextualisée : non. Il y a des contemporains de l'évènement qui l'analysent ou le jugent déjà de la même manière. C'est donc que cette analyse pouvait être faite.
Correct, mais qui sont ces contemporains ?...pas ceux, il me semble, qui avaient pleine et entière vue sur l'inextricabilité de la situation. Alors, sûrement qu'une solution "gagnante" ou meilleure que celle qui a été décidée existait et que d'aucuns aient pu la discerner, mais c'est probablement parceque c'est celle qui existait dans leur partie du tableau et discernable de manière évidente du point de vue où ils se trouvaient.
CNE_EMB a écrit :
Que cette analyse n'ait pas été faite, c'est ce qui intéresse celui qui se pique d'Histoire. Pourquoi ? Mais les généraux allemands qui poussent à poursuivre "Taifun" commettent une lourde erreur, c'est une évidence, même pour des témoins (comme Ulrich von Hassel) ou des acteurs (comme la quasi-totalité des soldats engagés dans l'opération, et notablement une bonne partie des généraux de division ou de corps d'armée - pour ceux dont on a les mémoires, par exemple, le général Gotthard Heinrici, qui commandait le XXXXIII. Armeekorps).
Donc votre critique porte non sur le fait que l'analyse ait été faite (puisque vous reconnaissez qu'elle l'a été par des proches contemporains des décideurs) mais sur 'l'erreur" dans le choix fait par les généraux qui en avaient la charge. et cette erreur vous l'attribuez à leur orgueil et leur cécité intellectuelle ?, comme vous le précisez ci-dessous:
CNE_EMB a écrit :
Je parle donc surtout de l'OKH et en particulier d'Halder, et aussi de Bock, le maréchal qui commandait sur le terrain et était donc parfaitement à même de connaître la situation réelle de ses troupes. Ils ont commis par orgueil et incapacité à envisager les vulnérabilités de son armée une erreur capitale qui leur a coûté la guerre.
CNE_EMB a écrit :
Le pari était-il raisonnable ?
non, vu l'état d'épuisement de l'Ostheer au 15 novembre 1941 (et également de la Luftwaffe), vu la défaillance avérée et définitive de son système logistique, vu l'absence de réserves, vu les conditions climatiques, ce pari était non seulement intenable, mais déraisonnable.
Là encore, il me semble que vous inversez la logique qui a prévalu à la prise de décision et que ce faisant vous portez un jugement à posteriori: comme nous l'avons, Pierma, vous et moi-même exposé, ce pari est fait
en dépit, et au su et connu de tous ces éléments et il apparaît aux décideurs qu'il est "jouable" ou raisonnable de le faire.
CNE_EMB a écrit :
Il n'a été fait que parce que les généraux qui l'ont fait n'avaient pas conscience de la fantastique régénération soviétique autour de Moscou, et qu'ils croyaient que ceux d'en face étaient dans un état encore plus lamentable que leurs propres troupes. C'est une erreur non seulement très lourde de conséquences, mais aussi révélatrice de la subjectivité du processus décisionnel au plus haut niveau de l'armée allemande.CNE EMB
effectivement il y a eu "régénération" soviétique...mais celle-ci à porté sur leur esprit de combativité et détermination à défendre, non sur des effectifs ou des données "objectivables". Et c'est en grande partie l'acharnement et le nouveau souffle défensif que les soviétiques manifestent dans la défense de Moscou qui me semblent mieux expliquer l'échec de l'offensive et de la prise de la ville par les troupes allemandes qu'une subjectivité fautive dans le processus décisionnel (qui me semble existera toujours tant que ce processus sera fait par des humains
).