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[... les circonstances sont trop sérieuses pour que je puisse vous cacher ma crainte de voir les conséquences en devenir fatales pour nos deux pays...] (Lettre d'Alexandre II à Guillaume Ier - 15/08/79)
Oui, c'est l'estocade reçue à Berlin lors du règlement de la paix russo-turque. Alexandre II en gardera surtout rancune à Bismarck plus qu'au roi Guillaume. Le général Chanzy, alors ambassadeur à Saint-Pétersbourg, tenta d'ouvrir une brèche (en toute discrétion, les politiques français au pouvoir n'avaient nulle envie de s'unir à la Russie), qui fut sur le point de réussir. Mais au printemps 1881, les Russes acceptent au final de revenir vers Berlin et Vienne, même si c'est faute de mieux, cela permet à la Russie de ne pas se trouver isolée. Il faudra attendre la crise bulgare pour que Saint-Pétersbourg se détache complètement et définitivement de Vienne.
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Nous sommes en accord, dès 1880 Bismarck est "grillé" niveau crédibilité.
Pas avant 1887/1888, lorsqu'il se permet de faire publier dans sa presse le texte de la Duplice - après l'échec de sa tentative de déclarer la guerre à la France, ce que la Russie empêche au final -, ce qui provoque chez Alexandre III une réaction pleine de colère et d'amertume envers le chef d'orchestre prussien.
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Je n'avais pas compris la Duplice ainsi mais dans une alliance face à une agression russe et une neutralité si un tiers agresse l'un ou l'autre, ce qui s'avère un plus pour l'Autriche un peu à la traîne.
Ce sont les deux en définitive. Un cadeau empoisonné pour l'Autriche au final, dépendante pour longtemps de l'Allemagne.
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il faut comprendre que des "restes" orientaux d'Allemagne moyennant quoi avec la Russie etc. relevait de la pure et simple rumeur d'un cercle d'amis. Je trouvais étonnant que Guillaume Ier aurait si facilement lâché un "bout" de Prusse, fut-il oriental.
Par "restes", je crois que nous nous sommes mal compris, il s'agit des restes de l'Autriche-Hongrie en cas d'explosion de son empire : les Russes seraient intéressés par la Galicie et, le verrou autrichien sauté, par la réorganisation des Balkans, avec une belle vue sur Constantinople. Les Russes ne s'intéressent pas à une partie orientale de la Prusse. Ils ont déjà assez de populations "germano-baltes" dans leur empire (dont Giers que vous citez...), pas la peine d'en ajouter.
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Cela me semble hâtif. Il me semble au contraire que Bismarck mène une politique discrète visant non à dominer l'Europe mais à amadouer les puissances
L'Allemagne est en situation hégémonique après 1871 sur le continent. Elle vient de vaincre deux puissances majeures et a réalisé son unité en très peu de temps avec une armée qui fait peur à tout le monde.
Toutes les chancelleries d'Europe craignent désormais les prises de position de Berlin et toutes les capitales attendent souvent les avis de Bismarck avant de se déterminer elles-mêmes. C'est assez net et clair.
Rien n'empêche au passage d'amadouer des craintifs, cela rend l'exercice plus subtil et fait croire aux plus idiots (Crispi ?) qu'ils ont des libertés et des marges de manœuvre.