Bonsoir,
Jerôme a écrit :
... pendant la guerre, la plupart des Français ne se positionnaient pas en tant qu'antisémites ou antiracistes mais étaient souvent plus inspirés par le patriotisme et la germanophobie. La Haine du boche était une realite bien présente et a motivé bien des gens à aider les juif,
Tout à fait d'accord. Hors des villes et de certaines strates sociales, le mot "juif" n'évoquait rien de "différent". Le prêtre savait -mais de là à avoir une compréhension de l'antisémitisme... ?- ; il connaissait le mot. L'instituteur remplissait les vides et ceci s'arrêtait là.
Souvent le lien se faisait par les enfants qui étaient "montés en ville" et avaient une vue plus complète via les journaux etc. mais il faut avoir à l'esprit qu'à cette époque lorsque les enfants retournaient dans la famille, il aurait été inconvenant d'évoquer une plus grande culture que les parents. On s'en tenait donc à des échanges ruraux.
A cette époque aussi, il était courant de mettre des enfants "de la ville" en nourrice à la campagne (l'air était plus vivifiant) ou bien le temps de pallier à certaines absences. L'arrivée donc d'enfants amenés par la famille, par des amis etc. ne posait pas de problème, le prénom encore moins et surtout une grande constante dans les campagnes : autant on papote dans le village, autant on est fermé à "l'étranger" et l'étranger commence déjà avec le village voisin...
Il y avait aussi la position du maire issu -en général- d'une famille considérée, respectée. Si le maire s'impliquait, si sa famille s'impliquait, le village s'impliquait. Quant à d'éventuels délateurs, tout n'était pas aussi simple.
Il n'y a certainement pas eu énormément de délation village ----> ville concernant des enfants cachés, tout se sait, les familles se connaissent sur plusieurs générations, les unions les ont scellées, chacun connait le voisin et en remontant son arbre généalogique y trouve les noms de la plupart des familles etc.
C'était une sorte d'étrange pantomime parfois. Oui, oui, pas de problème, on va garder ces enfants mais bon on ne veut rien savoir de plus.
Il faut se souvenir du fonctionnement familial : les hommes étaient absents, les enfants allaient d'une maison à l'autre, les grands parents élevaient les petits-enfants, une soeur dépannait sa cadette en "gardant les enfants" donc deux, trois, quatre et dans les quatre un qui vient d'une cousine de la ville, le seul commentaire était : "Va-t'en voir..." (comprendre : "Ah ? Ben rien de nouveau...") et retour au travail !
Ceci était le plus important, on évaluait la personne à son travail : le reste...