Jefferson a écrit :
Un mouvement abolitionniste qui gagnait toutes les grandes nations au début du XIXeme siècle et auquel il n'a pas été sensible
Pour ce qui est de la « sensibilité », il convient de nuancer le propos.
Outre le fait (sans que l’on sache véritablement son opinion à ce moment précis) qu’il prit des notes à partir du Mercure de France, en 1789, sur la première motion de Wilberforce demandant l’abolition de la traite, on peut se souvenir qu’en 1800, Bonaparte était favorable au maintien de la liberté dans la partie française de Saint-Domingue et qu’en amont du rétablissement général, il évoquait, le 27 avril 1802, la possibilité de maintenir définitivement en liberté les anciens esclaves de la Guadeloupe, de Saint-Domingue et de la Guyane qui avaient « servi l’Etat ».
De la même manière, s’il n’a pas, tant sous le Consulat que sous l’Empire, entamé véritablement de démarches dans le dessein de mettre fin à la traite négrière, il finit bien par l’abolir, lors des Cent-Jours, par son décret du 29 mars 1815 ; répondant ainsi de manière claire aux souhaits des abolitionnistes anglais auxquels il devint ici, d’une certaine manière, « sensible ». Là encore, Napoléon adaptait sa politique aux évènements.
A Sainte-Hélène, il n’hésita pas d’ailleurs à qualifier l’esclavage de « crime ». Mais à ces heures sombres où le sort de Tobie pouvait, toutes proportions gardées, rappelé le sien, Napoléon n’était plus à la tête d’un Etat ; et comme il se plaisait à le dire :« Le cœur d’un homme d’Etat doit être dans sa tête» (Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène) ou encore « Pas de sensibilité !... Il faut être ferme, avoir le cœur ferme... autrement, il ne faut se mêler ni de guerre ni de gouvernement. » (Bourrienne, Mémoires)