Pierma a écrit :
En 1940, le char lourd de référence c'est le Panzer IV allemand - si on met de côté le T34 soviétique, dont personne ne connaît les performances, son niveau sera une des surprises allemandes au début de Barbarossa. Mais le Panzer IV est en dotation parcimonieuse dans les Panzerdivisionen.
Les chars lourds français sont supérieurs au point de vue de l'armement et de la protection, mais grevés par une conception peu rationnelle (le chef de char - chargeur- tireur seul en tourelle) leur lenteur et leur manque de fiabilité. Sans parler de l'absence de radio. Cela dit, bien blindés, ils font largement l'affaire face à des divisions Panzer où le gros des blindés sont des Panzer II et Panzer III. (Il me semble que le Panzer I, qui tient plus de l'automitrailleuse, a été totalement retiré des dotations avant mai 40)
Dans le n°26 du magazine
Guerre et Histoire (août 2015), il y avait tout un dossier consacré à la Division Panzer...
Petit extrait :
Le Problème est que Pz III et Pz IV souffrent de maladies de jeunesse qui retardent leur mise au point à 1939 et 1936 respectivement, et que les usines ne tiennent pas les cadences de production prévues.
Le résultat est que les médiocres Pz I et Pz II représentent plus de 80% des chars alignés le 1er septembre 1939, et encore 60% au 10 mai 1940.
Les Pz III et Pz IV ne fournissent alors que 25% du parc, le reste était composé d'engins - dont l'excellent Pz 38 [t] pour " tschechish " - saisis lors de l'invasion de la partie tchèque de la Tchécoslovaquie en mars 1939. Donc, en fait, les industriels allemands n'étaient pas si performants que cela, et les divisions de Panzers ont fait les campagnes de 1939-40 avec des tanks qui n'avaient rien de monstrueux.
Pour autant, les Pz I et Pz II - à mon humble avis - n'étaient pas si " médiocres " qu'on affirme plus haut... Ils devaient être redoutables, si l'on tient compte que leurs adversaires de l'époque étaient majoritairement des fantassins démunis d'armes antichars ! En-dehors de quelques unités équipées de manière plus modernes, les petits Panzers rencontraient surtout des soldats qui étaient en retard d'une guerre...
Par ailleurs, ces petits tanks sont rapides : 40 à 50 Km/h sur route. Par contre, la plupart des tanks français se traînent à des vitesse n'atteignant pas 30 Km/h.
Ce n'est pas que les ingénieurs et les industriels français soient pires que leurs homologues allemands, c'est juste qu'ils se contentent de suivre les directives qu'on leur donne. Les tanks français sont manifestement conçus en fonction d'une philosophie héritée de 14-18 : des machines essentiellement destinées au soutien de l'infanterie. On avance pas tellement plus vite qu'un soldat courant sus à l'ennemi...
Les Allemands, eux, sont passés à la motorisation de l'infanterie : on use les pneus des camions (ou les chenilles des half-tracks) plutôt que ses semelles.
Le char français B1 me parait assez exemplaire (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Char_B1 ) : fondamentalement, il n'est pas mauvais, mais il semble limité à un rôle bien défini. Son gros défaut, pour moi, est que son armement principal (un canon de 75 !) est sous casemate ! En conséquence, le mastodonte ne peut tirer que droit devant lui ! Si jamais un adversaire lui tire dessus, dans le flanc ou dans le dos, il est contraint de manœuvrer rapidement s'il veut riposter... Mieux vaut pour lui rester entouré de fantassins pour sa protection. Bref, il n'est pas du tout conçu pour du duel de blindés.
Pierma a écrit :
Au moment où Hitler met la main sur la République Tchèque, en mars 39, les Tchèques possèdent essentiellement des Panzer(35)t qui sont du niveau char moyen - vous avez raison, ils ne fabriquent pas de chars lourds - type Pzkw III : ce que les Allemands ramassent leur permet de constituer immédiatement un division Panzer supplémentaire, qui en sera exclusivement composée. (Il me semble que c'est celle de Rommel.) Il feront construire également 150 exemplaires du nouveau Modèle 38, qui seront en ligne pour Barbarossa.
Je n'ai jamais compris pourquoi les Tchèques n'avaient pas détruit leurs chars, alors qu'ils avaient décidé de n'opposer aucune résistance à Hitler. Une division Panzer gratuite en plus - et une en moins côté allié, puisque les Tchèques sont sortis du jeu - ce n'est pas négligeable dans la balance en mai 40... (Invasion trop rapide pour donner l'ordre ?)
Ces chars connaîtront par la suite le même destin que le PZ III, comme vous l'avez indiqué : plateforme de chasseur de chars.
Si les usines Skoda ont continué à fabriquer pendant toute la guerre, je me demande ce qu'il en est pour les usines françaises : ont-elles produit des éléments de chars, ou des chasseurs de chars, pour l'Allemagne ?
C'est une question intéressante.
Pour autant que je sache, les usines Škoda étaient (et sont toujours) à Pilsen. Je suppose que Škoda a continué à fabriquer des pièces pour les tanks tchèques en usage dans les divisions de Panzer. Comme les usines françaises, elles doivent certainement avoir été converties - à un moment donné - à la fabrication de matériel de conception allemande...
Mais je ne sais pratiquement rien sur la façon dont les Nazis ont réorganisé les productions de matériel dans les pays occupés... Même si cela a certainement fait l'objet d'études détaillées.