bourbilly21 a écrit :
Ce qui serait intéressant est de savoir comment Napoléon a présenté Eylau pour sa propagande
Le Bulletin a-t-il édulcoré la situation ?
« La victoire m’est restée, mais j’ai perdu bien du monde. La perte de l’ennemi, qui est plus considérable encore, ne me console pas. »
(à Joséphine, 9 février)
« J'ai eu hier une bataille où la victoire m'est restée, mais j'ai perdu du monde. »
(à Cambacérès, 9 février)
« Il y a eu hier une bataille où la victoire nous est restée ; le champ de bataille a été très sanglant. »
(à Clarke, 9 février)
« Il y a eu hier à Preussich-Eylau une bataille fort sanglante. Le champ de bataille nous est resté, mais, si on a de part et d'autre perdu beaucoup de monde, mon éloignement me rend ma perte plus sensible. »
(à Duroc, 9 février)
« Il est deux heures du matin ; je suis fatigué ; je ne puis vous écrire qu’un mot. Le maréchal Duroc vous fera part de la victoire remportée hier sur l’armée russe »
(à Talleyrand, 9 février)
« La bataille d'Eylau aura probablement des résultats heureux pour la décision de ces affaires-ci. L'ennemi s'est retiré en pleine déroute, pendant la nuit, à une marche d'ici. Différents détachements de cavalerie sont à ses trousses. Les résultats en seront 40 pièces de canon et 12 000 prisonniers. On a évalué la perte de l'ennemi à 10 000 blessés et à 4 000 morts; ce n'est pas exagéré. Malheureusement notre perte est assez forte, surfont en gens de marque. Je l'évalue à 1 500 tués et à 4 000 blessés.
Si le bulletin n'était pas arrivé, faites mettre dans le Moniteur qu'une grande bataille a eu lieu dans la vieille Prusse, que l'armée russe a été mise dans une déroute complète. 40 pièces de canon, 16 drapeaux et 10 ou 12 000 prisonniers, sont le résultat de cette action, qui a eu lieu le 8 février, et qui est une des plus mémorables de la guerre. »
(à Cambacérès, 9 février)
« Je profite du courrier que j'envoie à Paris pour vous faire connaître le résultat de la bataille d'Eylau, qui nous a coûté du monde. L'ennemi a éprouvé une horrible boucherie. Il a passé toute la nuit sans pouvoir se rallier. Il est déjà à une marche de nous. Il a perdu 35 à 40 pièces de canon, 10 drapeaux et 10 000 blessés. Porter sa perte à 30 000 hommes, c'est plutôt la diminuer que l'exagérer. »
(à Clarke, 9 février)
« L'ennemi a perdu la bataille, quarante pièces de canon, dix drapeaux, douze mille prisonniers. Il a horriblement souffert. J'ai perdu du monde, seize cents tués et trois à quatre mille blessés. »
(à Joséphine, 9 février)
« Tu auras appris, plus que je ne puis t’en dire aujourd’hui sur les évènements, quand tu liras cette lettre. La bataille a duré deux jours et nous sommes restés maîtres du terrain. »
(à Marie Walewska, 9 février)
« Le mal de l'ennemi est immense; celui que nous avons éprouvé est considérable. Trois cents bouches à feu ont produit la mort de part et d'autre pendant douze heures. La victoire, longtemps incertaine, fut décidée et gagnée lorsque le maréchal Davout déboucha sur le plateau et déborda l'ennemi, qui, après avoir fait de vains efforts pour le reprendre, battit en retraite.
[…]
Tous sont morts avec gloire. Notre perle se monte exactement à 1 900 morts et 5 700 blessés, parmi lesquels un millier, qui le sont grièvement, seront hors de service. Tous les morts ont été enterrés dans la journée du 10. On a compté sur le champ de bataille 7 000 Russes.
Ainsi l'expédition offensive de l'ennemi, qui avait pour but de se porter sur Thorn en débordant la gauche de la Grande Armée, lui a été funeste : 12 à 15 000 prisonniers, autant d'hommes hors de combat, 18 drapeaux, 45 pièces de canon, sont les trophées trop chèrement payés sans doute par le sang de tant de braves.
[…]
Cette expédition est terminée, l'ennemi battu et rejeté à cent lieues de la Vistule. L'armée va reprendre ses cantonnements et rentrer dans ses quartiers d'hiver. »
(58e Bulletin, 9 février)
« J'ai battu l'ennemi dans une mémorable journée, mais qui m'a coûté bien des braves. »
(à Joséphine, 11 février)
« Tout ce qui revient des détails de la bataille est que la perte de l'ennemi a clé triple de la nôtre, et la nôtre a été considérable, comme vous l'avez vu. »
(à Cambacérès, 12 février)
« Le résultat de la bataille d'Eylau m'a donné 6 000 blessés. »
(à Daru, 12 février)
« Nous avons eu une affaire fort chaude. La canonnade a fait de part et d'autre un mal épouvantable. Nous sommes restés douze heures nous mitraillant sans coups de fusil. L'ennemi a laissé sur le champ de bataille 4 000 cadavres; nous en avons laissé 12 ou 1 500. Il nous a laissé 16 pièces de canon et quelques drapeaux. «
(à Lannes, 12 février)
« La perte de l’ennemi a été énorme. La mienne n’a été que trop considérable ; telle qu’elle est évaluée dans le bulletin, elle est plutôt exagérée qu’atténuée. »
(à Talleyrand, 12 février)
« Ce pays est couvert de morts et de blessés. Ce n'est pas la belle partie de la guerre; l'on souffre, et l'âme est oppressée de voir tant de victimes. »
(à Joséphine, 14 février)
« [L’ennemi] avoue avoir perdu 20 000 hommes, tués et blessés. Sa perte est beaucoup plus forte. »
(59e Bulletin, 14 février)
« La bataille d’Eylau a été fort sanglante. »
(à Cambacérès, 17 février)
« Nous avons eu ici une bataille assez sanglante, puisqu'elle me coûte plus de 1 500 hommes tués et pas loin de 6 000 blessés.
[…]
L'ennemi a perdu 15 ou 16 généraux tués. Sa perte a été immense; cela a été une véritable boucherie. »
(à Fouché, 17 février)
« La bataille d'Eylau a été très-sanglante et fort opiniâtre. »
(à Joséphine, 17 février)
« Par la bataille d'Eylau, plus de 5 000 blessés russes restes sur le champ de bataille, ou dans les ambulances environnantes, sont tombés au pouvoir du vainqueur. Partie sont morts, partie, légèrement blessés, ont augmenté le nombre des prisonniers. 1 500 viennent d'être rendus à l'armée russe. Indépendamment de ces 5 000 blessés, qui sont restés au pouvoir de l'armée française, on calcule que les Rosses en ont eu 15 000. »
(61e Bulletin, 18 février)
« Nous avons eu une affaire fort sanglante à Eylau. »
(à Fouché, 20 février)
« J'ai eu une bataille très-sanglante le 8, à Eylau, où l'ennemi a été battu. »
(à Mortier, 20 février)
« Les ennemis n’ont pas perdu 14 000 hommes, mais plus de 30 000. »
(à Talleyrand, 20 février)
« .Je verrai avec plaisir que vous, ou le ministre de l'intérieur, ou quelqu'un, donniez une grande fête pour la bataille d'Eylau. »
(à Cambacérès, 21 février)
« J'ai perdu du monde à la bataille d'Eylau. La victoire a été longtemps disputée et l'ennemi a fait des efforts de toute espèce. »
(à Jérôme, 25 février)
« Tous les rapports que l'on reçoit s'accordent a dire que l'ennemi a perdu à la bataille d'Eylau 20 généraux et 900 officiers tués et blessés, et plus de 30 000 hommes hors de combat. »
(63e Bulletin, 28 février)
« Après la bataille d'Eylau, l'Empereur a passé tous les jours plusieurs heures sur le champ de bataille, spectacle horrible, mais que le devoir rendait nécessaire. Il a fallu beaucoup de travail pour enterrer tous les morts. On a trouvé un grand nombre de cadavres d'officiers russes avec leurs décorations. Il parait que parmi eux il y avait un prince Repnine. Quarante-huit heures encore après la bataille, il y avait plus de 500 Russes blessés qu'on n'avait pas encore pu emporter. On leur faisait porter de l'eau-de-vie et du pain, et successivement on les a transportés à l'ambulance.
Qu'on se figure, sur un espace d'une lieue cariée, 9 ou 10 000 cadavres, 4 ou 5 000 chevaux tués, des lignes de sacs russes, des débris de fusils et de sabres, la terre couverte de boulets, d'obus, de munitions, 24 pièces de canon auprès desquelles on voyait les cadavres des conducteurs tués au moment où ils faisaient des efforts pour les enlever; tout cela avait plus de relief sur un fond de neige : ce spectacle est fait pour inspirer aux princes l'amour de la paix et l'horreur de la guerre.
Les 5 000 blessés que nous avons eus ont été tous évacués sur Thorn et sur nos hôpitaux de la rive gauche de la Vistule, sur des traîneaux. »
(64e Bulletin, 2 mars)
« Les relevés faits, il en résulte que la perte que nous avons éprouvée à la bataille d'Eylau, telle qu'elle est portée dans le bulletin, est plutôt exagérée qu'atténuée. Elle se trouve être de 3 000 blessés et de 1 500 morts. »
(à Cambacérès, 11 mars)
« Selon M. Daru, je n'aurais pas eu plus de 3 000 blessés à la bataille d'Eylau. »
(à Clarke, à Duroc, 11 mars)
« Il paraît qu'à Paris on se fait de bien fausses idées sur nos pertes; elles ont été, au contraire, exagérées. Il résulte du relevé des états de l'intendant général que le nombre des blessés, qui est porté dans le bulletin à 5 700, n'est que de -4 300; et, d'après les états des corps, le nombre des morts, au lieu de 1 900, n'est que de 1 500. »
( à Cambacérès, 13 mars)
« J'ai vu, dans vos lettres et dans différents articles de journaux, qu'on se fait à Paris une bien fausse idée de notre position. Le fait est que le bulletin a plutôt exagéré que diminué nos pertes. »
(à Fouché, 13 mars)