Ne bougez par cher Aigle !
J'ai sous les yeux, "La France et son armée" du grand Charles
Quelques extraits sur la période entre Waterloo et Sedan.
De Gaulle précise que "de 1820 à 1869, 300 000 français meurent à la guerre".
Il indique aussi que '"Par la force des choses, l'avancement que l'on tenait surtout, pendant les grandes guerres, du courage et de l'occasion, favorise désormais l'instruction et l'éducation".
Concernant les officiers il précise "on vit en commun et à bon compte au mess ou à la pension, et l'installation de chacun est réduite au minimum. Genre de vie qui renforce à l'extrême la camaraderie et l'esprit de corps et tient l'officier en état d'entrer à tout moment en campagne sans soucis ni arrières pensées, mais en revanche le détourne des loisirs studieux et ne le mêle à la société civile que pour les bals ou les chasses. Parmi les militaires, la discussion, l'originalité, l'initiative même, deviennent des singularités blâmables".
"Les règlements de l'époque, minutieux et impératifs, répondent aux tendances générales. Il n'est que de s'y reporter, dans chaque cas particulier, pour être éclairé sur la conduite à tenir, en évitant l'effort d'une décision personnelle. Les chefs y trouvent le dangereux avantage de juger sur le texte et non point au fond"
"Horizon rétréci, passivité dans la discipline, il manque de plus en plus aux officiers l'habitude des idées générales, la notion des rapports mutuel des choses, qui éclairent les degrés les plus élevés de l'action. Ceux d'entre eux qui parviennent aux grands commandements n'y sont pas préparés, par la méditation appliqué à un champ étendu d'observation".
Il semble que peu à peu, se raréfient dans le commandement les personnalités d"exception"
"Quelques généraux, sortis des armes dites "savantes", comme Leboeuf et Frossard, se sont complètement spécialisés ; l'excès de la technique obscurcit leur vision des ensembles. D'autres enfin, tels Castelnau, Trochu, doués d'une intelligence supérieure, l'ont appliquée trop longtemps aux travaux de cabinet ou ils ont perdu le sens de l'action".
"Chez des chefs qui n'ont pas atteint à cette philosophie supérieure de leur art d'ou procède l'ampleur des vues, la conception ne peut avoir qu'une courte portée".
"Livrés à eux-mêmes, nos généraux tâchent de se mettre en garde contre les événements,faute de pouvoir les dominer"
"Lorsqu'on se trouve amené à faire manœuvrer des armées sur le théâtre d'opérations d'Europe, les procédés d'Afrique portent à faux".
"L'état-major le meilleur est impuissant s'il manque au chef la netteté du dessein. Aussi la campagne de 1859 est-elle marquée, dans toutes les dispositions préparatoires au combat, par des erreurs et des négligences innombrables"
"Les chefs il est vrai, se prodiguent dans l'exécution. Certes, leur ardeur, mal contenue par la méthode, les empêche souvent de discerner l'essentiel de l'accessoire, les pousse à multiplier leurs interventions personnelles, à se mêler des détails au détriment des ensembles".
"Ces soldats rompus au service mais qui n'en attendent rien, ces officiers portés à l'action mais on au labeur, forment une armée solide mais routinière". (...) Mais une telle armée se trouvera dépassée par les épreuves d'une grande guerre"
De Gaule précise aussi que NAPOLEON III après Sadowa "voulait instaurer le service obligatoire à court terme, à la mode prussienne. (..) Mais la réforme rencontra les deux obstacles habituels : résistance de l'opinion, qui n'acceptait pas de voir augmenter ses charges, préventions des techniciens , ennemis du changement de l'ordre ou ils avaient l'habitude de vivre"
Voilà.