J'ai lu la leçon inaugurale au Collège de France de Patrick Boucheron
https://books.openedition.org/cdf/4507http://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/inaugural-lecture-2015-12-17-18h00.htmA la fois filandreux et lyrique, avec cette jubilation très années 70 de l'esprit fort qui vous tricote du concept, tout en exhortant à "réorienter les sciences sociales vers la cité, en abandonnant d’un cœur léger la langue morte dans laquelle elles s’empâtent." Posture. En lisant ce discours je repensais souvent aux boursouflures abstruses et rutilantes des auteurs de la revue
Tel Quel.
Deux noms reviennent régulièrement dans le texte de Boucheron : Bourdieu et Michel Foucault.
Boucheron termine sur Foucault, Tunis, la mer Méditerranée, et conclut ainsi :
"Comment se résoudre à un devenir sans surprise, à une histoire où plus rien ne peut survenir à l’horizon, sinon la menace de la continuation ? Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu’il faudra, pour le percevoir et l’accueillir, être calme, divers et exagérément libre."
"La menace de la continuation" "Exagérement libre" :
/ Nécessité de la rupture perpétuelle, de l'ouverture absolue, de l'excès, de la déconstruction sans fin.
Destruction créatrice ? Créatrice de quoi ?
Joie mauvaise de la ruine chez Foucault, inconséquence chez ses suiveurs.
Les vieilles obsessions gauchistes sont devenues le mode de pensée dominant, banalisé, du Collège de France "prodigieusement amusant" de monsieur Boucheron au Canal + ricanant de monsieur Barthès.
Mais ces idées qui n'ont rien construit, rien d'autre que la table rase du grand Marché, sont en train de perdre leur pouvoir de fascination, elles tournent de plus en plus dans le vide désormais.
Elles n'intimident plus.
"Guerre aux démolisseurs" leurs répondent les gueux.