Jean R a écrit :
En admettant, si on doit éliminer d'office toutes les pensées dont les auteurs ne s'y sont pas complètement conformés...
Sur un sujet concernant le "totalitarisme", je n'emploierais pas le verbe "éliminer" mais reconnaissez que ceci peut entraîner quelques interrogations.
Et le
que je comprends comme "balayons ceci d'un revers de main" est très "Arendtien" dans la forme comme peut-être dans le fond.
Citer :
... en faisant la part de ses exagérations.
Elle-même a évoqué ses exagérations considérées en son temps comme "provocation" ou "suffisance". Elle balaie le mot "fuite" par un rire. Erreur d'une femme aux abois ? Elle rit de nouveau.
Des décennies après, elle continuait à assumer les mots "provocation" et "suffisance" sans se remettre en cause : c'était sa "relation à l'autre" full point. Etrange pour qui exige de son entourage de "penser", de "penser isolé(e)". Penser comme Elle finalement... Faut-il comprendre qu'une fois écrite, la pensée n'est plus à revoir, à reconsidérer, ce serait une vérité établie pour qui voit en tout une dynamique ?
ThierryM a écrit :
Pour Heidegger... considère que ce sont les sentiments d'amour qu'elle avait pour lui...
Elle-même le reconnait et durant l'émission, des lettres de Heidegger lui étant adressées furent lues.
A cette époque, elle demande à Heidegger de la recevoir et lui déclare qu'elle souhaite qu'il lui apprenne à "penser".
Il est évident que le professeur va remarquer cette élève qui souhaite sortir du lot. Les autres étudiantes n'ont pas défilé dans son bureau avec cette demande : elles se sont inscrites.
Les échanges d'Heidegger montre un lien platonique ou le qualificatif "pure", le substantif "pureté" revient à la manière du romantisme allemand. Qu'il ait été attiré est évident, que ceci ait flatté H.A. est tout autant évident. De là à évoquer un amour qui rendrait aveugle, on est loin. Heidegger restera ce qu'elle a choisi qu'il soit : le mentor d'un moment.
Que ce mentor ait dérapé et qu'elle oppose un silence est une manière récurrente pour elle de n'avoir pas à s'expliquer, à mettre des mots sur du "ressenti".
Quand la pression se fait trop forte comme après le procès Eichman, elle fuit à l'étranger.
Interpelant tout de même pour qui enseigne à des étudiants d'être en accord avec leur pensée même si celle-ci semble être transgressive à un moment donné et de faire face jusqu'à la "mort" à ce qui semble entraver la liberté.
Il aurait fallu savoir ce qu'elle entendait par "la liberté" et "sa liberté" et examiner si les deux ne se confondaient ou juxtaposaient pas ou encore si l'un ne servait pas d'alibi à l'autre.
On ne pense puis on ne théorise jamais à partir de "rien". Il faut un sujet, un "lien" et où le chercher bien souvent sinon en soi ; le risque est de ne plus raisonner entre ce qui tient d'un concept et un concept théorisé de manière exponentielle par un ego qui soudain perd un peu pied.
Il ne faut pas oublier l'époque, le contexte etc. Difficile donc de s'opposer franchement à une femme juive aux USA qui a connu Heidegger, a su s'en éloigner, est vue comme une "survivante", une opposante, le porte-parole de ceux que l'on a refusé d'entendre, dont on s'est détourné sans obérer certaines "communion de vues" entre certains américains et le totalitarisme nazi etc.