L'empire n'est pas héréditaire !
Les deux derniers Hohenstaufen, tous deux (sur)nommés
Conradin, périrent qui décapité à Naples, qui pendu à Lucera ; mais ils n'étaient respectivement rien d'autre qu'un adolescent revendiquant vainement la couronne sicilienne contre
Charles d'Anjou, et un gamin réfugié dans la citadelle musulmane de Lucera restée fidèle à Frédéric II et à ses descendants, citadelle qui fut prise d'assaut par Charles (ou par le pape, je ne sais plus) et tous ses habitants passés au fil de l'épée.
Pour ce qui est de l'Empire, nulle hérédité donc ; pourtant, lorsque l'on est fils d'un papa aussi puissant que Frédéric II, c'est kif-kif ! C'est pourquoi, sur les pressantes recommandations de l'Empereur, ses deux fils légitimes furent élus chacun leur tour du vivant de leur père à la double-royauté "de Germanie" et "des Romains" (i.e. empereur en attente de couronnement papal à Rome) :
• d'abord
Henri (VII), mais il trahit papa en s'acoquinant avec quelques turbulents seigneurs teutons et en revendiquant plus d'autonomie pour la Germanie, et cet éphémère Henri (VII) fut donc emprisonné (et exécuté ?) par son père ;
• ensuite
Conrad IV : élu Roi(s) dès 1237 après la déchéance de son frère aîné, il est l'héritier légitime de la Sicile et de Jérusalem après la mort de son père ; il se rend en Germanie pour s'imposer comme Roi (de Germanie et des Romains) ; son règne est éphémère (4 ans) : il n'a pas le temps de se faire sacrer empereur à Rome, occupé qu'il est à guerroyer contre l'anti-roi suscité dès le vivant de Frédéric II par la papauté décidément Hohenstaufeno-phobe :
Guillaume de Hollande, contre lequel d'autres anti-rois seront dressés :
Richard de Cornouailles, frère du Roi d'Angleterre, et Al
phonse X, Roi de Castille, dit le Sage ; tous trois sont élus plus ou moins régulièrement Rois de Germanie et des Romains, et certain(s) — je ne sais plus lesquels, c'est à vérifier — couronné(s) empereur à Rome. Lorsque Conrad IV meurt, aucun Hohenstaufen ne se trouve là pour prétendre lui succéder et être à son tour élu ; pour cause : seuls demeurent de cette race impériale des bâtards (
Enzio et
Manfred) ou des gamins incapables (
Conradin(s)), tous quatre empêtrés dans les affaires italiennes. Seul reste donc, comme successeur de Conrad IV, Guillaume de Hollande (puis Richard et Alphonse). Cette zizanie en Germanie est appelé "Grand Interrègne", et c'est un Habsbourg, le premier du nom à devenir Roi de Germanie (mais pas couronné empereur), qui y mettra fin en 1273 : Rodolphe I°.
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c'est un peu une redite de ce qu'a pu écrire Grégory, mais je voulais un ch'tit poil préciser les choses, car le "au niveau de la Germanie" était bien vague
Du reste, les Aragonais ne manquaient pas de "raisons" pour envahir la Sicile ; mais de légitimité
Très grosse nuance
Pour ma part, je en suis pas persaudé que l'exécution de Conradin soit une erreur politique ; c'est monstrueux, certes, cela m'appitoie car j'aime beaucoup les Hohenstaufen, mais c'était une solution radicale donc prudente pour Charles ; qu'aurait-il fait d'un Conradin emprisonné ? cela aurait donné des ailes à la rébellion anti-française : délivrer le "bon prince Conradin"; tandis que celui-ci mort, les rebelles étaient démunis, si si !
Et l'expérience angevine en Italie n'est pas du tout un échec, comme certains le laissent entendre ; si ce n'est au su de la victoire finale des espagnols. En attendant, elle aura permis aux Angevins d'être propulser au devant de la scène européenne, et ce sont eux qui donneront à la Pologne et à la Hongrie l'un de leurs plus brillants lustres !