Isidore a écrit :
Ce n'est pas de la politique (laquelle d'ailleurs) tout un au plus une généralité. C'est juste un constat qu'en politique quand il y a deux joueurs il n'y a jamais de parfaite manipulation et quand bien même les rapports de force seraient extrêmement déséquilibrés.
Pour la période citée, il y a au moins 3 "joueurs", voire 4 et votre vision est très réductrice, surtout quand vous généralisez. Si on résume, il y a bien un courant atlantiste, mais aussi le courant "moscovite", ou plutôt communiste qui serait pour une alliance avec l'URSS. A cela il faut ajouter les nationalistes. Le 4ème partie, ce sont ceux qui ont compris que la France isolée allait de plus en plus être marginalisée à l'avenir. Ils rejettent l'alliance moscovite par conviction anti-communiste, ils rejettent l'alliance atlantiste pour ne pas être inféodés aux USA. Ce sont ceux-là qui vont se lancer dans l'aventure européenne.
Votre message est politique car aujourd'hui de nombreux groupes masquent la présence effective de 4 tendances pour tout résumer à une dualité : pour ou contre l'Europe. Or, l'histoire ce n'est pas tenir compte de ce qui est aujourd'hui, mais de comment ce sont passées les choses. Hier, j'écoutais un journaliste expliquer que De Gaule accepter d'appliquer le Traité de Rome quand il comprend que la France sera de plus en plus marginalisée. Il veut la prééminence de la France dans les institutions européennes, mais le point fondamental est qu'il comprend que la position nationaliste, celle que l'on nomme aujourd'hui souverainiste ne peut que marginaliser la France. Donc, à l'époque, il lui restait 2 options. La première, c'est de se mettre à la remorque des USA, cela il ne peut pas l'accepter. La seconde serait l'alliance avec l'URSS et se rapprocher des communistes. Cela non plus, il ne peut pas l'accepter, il va donc choisir de s'engager pour la création de l'Europe.
Je qualifierais plutôt Monnet d'atlantiste. En 1940, il a choisi les USA plutôt que le Royaume-Uni. Peut-être a-t-il fait partie de ceux qui pensaient que le RU allait abandonner la lutte à court terme ? Il fait un cheminement différent de De Gaule et il arrive aussi à la solution européenne. Mais, une Europe allié indéfectible des USA. C'est le courant qui a été plutôt représenté par la RFA. Car l'Europe est bâtie sur cette double vision, d'un coté un outil d'indépendance vis-à-vis des USA, de l'autre, les USA restent quand même le grand allié des européens contre l'URSS, à l'époque où celle-ci représentait quelque chose.
Après, les anti-atlantiste ont toujours accusé ceux-ci d'être des alliés objectifs des USA, voire d'être achetés par eux. Je pense qu'un grand nombre d'atlantistes le sont par convictions. La part de ceux qui le sont par intérêt doit être assez réduite. Les mêmes accusations de collusions ont été portées à l'encontre des tenants d'une alliance moscovite. Le camp souverainiste se drape dans sa volonté d'indépendance pour démontrer sa pureté. Et on accuse sans cesse les européanistes d'être les suppôts du Grand Capital, ou d'être des na^ïfs à la solde soit des américains, soit des communistes, selon les intérêts quils s'opposent au moment où l'on porte ces accusations.
On peut comprendre que dans le débat politique l'on lance de telles accusations envers des adversaires. Ces accusations devraient être étayés si on veut les porter dans un débat historique. Sérieusement étayées et pas en se contentant de rapporter ce que disaient les tracs de l'époque, car là, on reste dans le champ du politique.