theyoubot- a écrit :
Pierma a écrit :
l'infanterie des armées révolutionnaires. Elle n'a pas dominé pendant des siècles, mais elle a montré comment un pays, essentiellement rural, et riche, pouvait soudain mobiliser des ressources quasi-inépuisables.
Vous pouvez développer ?
En 1791, à la déclaration de guerre, les armées révolutionnaires partent de rien, si ce n'est un noyau d'officiers - comprenant même des nobles acquis aux idées nouvelles - et de soldats professionnels.
Mais l'émigration et l'anarchie ambiantes font que cette armée est à reconstruire, à partir d'une levée en masse (il faut du nombre : on a tout simplement déclaré la guerre à l'Autriche et à la Prusse en même temps, rien que ça !) et ces recrues il va falloir les instruire - un minimum - et les armer.
La France a pour elle le nombre de conscrits mobilisables : c'est le deuxième pays d'Europe - derrière la Russie - avec près de 20% de la population européenne. On ne manquera donc pas de bras... heu... ni de jambes !
Mais il faut les armer, et les manufactures royales ne font pas le nombre. On en ouvre donc en urgence. Il faut aussi - entre autres matériels - de la poudre et des balles.
La poudre ? Ordre est donné à tous les maires de faire gratter le salpêtre qui, à cette époque, encombre les murs de toutes les étables et écuries.
Les balles ? On va déterrer à l'église les cercueils des nobles dormant sous leurs dalles, parce que ces cercueils sont en plomb. Hé oui, les profanations de tombes nobiliaires ont déjà cette utilité pratique.
Bon, les volontaires - ou pas trop volontaires - levés en masse seront armés et formés, ils élisent comme chef des gens expérimentés (l'exemple type est Davout - ci-devant d'Avout - élu colonel du régiment des volontaires de l'Yonne) mais en revanche, comme on ne peut multiplier les miracles, ils seront habillés de bric et de broc.
A partir du noyau dur de l'armée royale restante, la France réussit donc à tripler ou quadrupler ses effectifs - je manque de chiffres - et à improviser une armée capable de faire face à une menace de grande ampleur.
On connaît la suite : ce sont ces armées, lorsque la sélection naturelle par la guerre aura fait effet - je parle des officiers qui montent en grade à toute vitesse, et qui le méritent - qui "joueront aux quilles avec les trônes d'Europe et feront courir devant leurs sabres les cavaliers nobles de toute l'Europe."
(La formule est de Gilles Perrault.)
Donc oui, un pays endormi, doté d'une armée qui n'a connu que des défaites sous Louis XV et un succès d'estime sous Louis XVI (en Amérique) pioche dans toutes ses ressources pour improviser ce qui va devenir en quelques mois d'abord, quelques années ensuite, la meilleure armée d'Europe.
La France est donc à ranger dans les pays stables - paradoxalement - capables de se mettre sur un pied de guerre que personne en Europe n'aurait pu imaginer. Pour parler vulgairement, ce pays rural et riche "en avait sous le pied".
Je trouve donc que ça vient en appui de la thèse proposée au début du sujet, même si c'est un peu surprenant.